• « - Pourquoi tu m'as dit que ton père était mort ?...

     

    - Parce qu'en réalité, il est en prison !... et que j'en ai honte ! » (p.22)

     

     

    « Depuis que mon père est en prison, on a été obligés de déménager trois fois. A chaque fois que les voisins apprenaient pour lui, on était montrés du doigt... » (p.32)

     

     

     

    (Tendre banlieue Tome 19 : L'absence de Tito)

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  • planches extraites du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)

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  •  

    "- Homosexuel ?

    - Oui... Sous le IIIè Reich, l'Alsace, la Moselle et l'est de la France étaient devenus des provinces allemandes. Clément a été condamné en vertu du paragraphe 175 qui pénalisait le simple contact visuel ou physique entre deux personnes de sexe masculin. Le chef des SS, Heinrich Himmler, menait sa croisade contre les homosexuels. Dès leur arrivée dans les camps, ces bourreaux demandaient aux garçons de se distinguer des autres en apposant un triangle rose à hauteur de leur poitrine. Sur leur maudite veste rayée. » (p.77)

    Un triangle rose

     

     

     

    « A cause de quoi ? Parce qu'Himmler, le chef des SS, reprochait aux homosexuels de ne pas procréer...

     

    « L'homosexualité fait échouer tout rendement, tout système fondé sur le rendement : elle réduit l'Etat dans ses fondements. A cela s'ajoute le fait que l'homosexuel est un homme radicalement malade sur le plan psychique... Il faut abattre cette peste par la mort ! » (Dixit Himmler dans son discours du 16 novembre 1940) » (p.87-88)

     

     

     

    « D'autres mouraient sous le scalpel des apprentis médecins... Morts d'avoir aimé un jour, une nuit un être du même sexe. Sur un chemin de traverse. Hors les normes. Morts, le sang contaminé par des injections à base de sulfure, de térébenthine ou d'hormones synthétiques... Recherches fantaisistes sur la malaria, la fièvre jaune... Piqûres dans l'aine droite pour obtenir une inversion des tendances de l'individu, piqûres d'extermination contre les « déviants criminels ». A Buchenwald, Dachau, Ravensbrück, Auschwitz...

     

    Clément est juste mort d'avoir aimé Hans. Rien d'autre n'a jamais pu justifier son décès. » (p.91)

     

     

     

    (Les roses de cendre d'Erik Poulet-Reney)

     

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  • « ...ces droits qui se rapportent à la dignité humaine dans ce qu'elle a de plus élémentaire et immédiat : avoir un toit, manger à sa faim, se laver, se soigner, en somme participer aux formes les plus simples de la vie sociale." ; " c'est bien la nature indivisible des droits de l'homme qui se trouve ici en question. Le droit à une vie décente, le droit au logement, le droit aux soins de santé, le droit au travail, le droit à l'éducation, le droit à la participation sociale et politique doivent être considérés comme des droits fondamentaux de l'homme" » (p.9 de la Préface de Pierre-Henri Imbert)

     

     

     

     

     

    « Fondamentalement, les droits de l'homme sont le droit d'être un homme et surtout que ce n'est pas pour le respect des droits qu'il faut se battre mais pour le respect des personnes privées de ces droits ; car chaque droit doit avoir pour nous un visage. » (p.10 de la Préface de Pierre-Henri Imbert)

     

     

     

    « Là encore, je retrouvais des familles traitées en objets de mesures, d'aide et de contrôle, plutôt qu'en sujets de droit. Des familles n'ayant pour seule identité qu'une appellation négative : « asociales », « inadaptées » « lourdes » « familles à problèmes » la seule étiquette à peu près neutre de « sans-abri » leur étant peu à peu subtilisée. » (p.18)

     

     

     

    « Sans domicile reconnu, sans travail, sans carte d'électeur, mais aussi sans possibilité de faire inscrire les enfants à l'école, la famille était poursuivie pour squattage. (…) Curieusement, la famille avait un dossier auprès des instances judiciaires, alors qu'elle n'existait pas pour les instances scolaires ou de relogement. » (p.20)

     

     

     

    « Car la précarité de l'habitat engendre l'insécurité des relations, de l'amitié entre voisins, de l'amour entre époux, entre parents et enfants. Naissent alors le désordre et la violence. Ainsi, les familles, par leur misère, deviennent peu à peu des indésirables, sources de répugnance et de peur pour leur environnement. » (p.21)

     

     

     

    « Le pire des malheurs est de vous savoir compté pour nul, au point où même vos souffrances sont ignorées. Le pire est le mépris de vos concitoyens. Car c'est le mépris qui vous tient à l'écart de tout droit, qui fait que le monde dédaigne ce que vous vivez et qui vous empêche d'être reconnu digne et capable de responsabilité. » (p.23)

     

     

     

    (Les plus pauvres, révélateurs de l'indivisibilité des droits de l'homme de Joseph Wresinski)

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  •  

    « J'explique : Pacifia est une petite ville abrutie avec un seul vrai lycée, où tout le monde connaît les histoires de tout le monde et où les rumeurs ne s'arrêtent jamais à moins qu'un autre ado soit assez taré pour faire un truc qui fera une meilleure histoire à colporter. Mais mon histoire à moi avait l'honneur de tenir la vedette depuis plus de deux ans. Il faut dire qu'un mec de terminale surpris le pantalon baissé sur une fille de quatrième, par le père de la fille (…) était assez difficile à concurrencer. L'histoire s'était répandue dans les couloirs, les vestiaires, les fêtes et le fond des salles de classe dès que Tommy avait débarqué au lycée le lendemain matin. Sur le coup, il s'était empressé de fournir tous les détails à ses copains, même s'il savait que mon frère Darren lui mettrait une raclée. (Ce qui fut le cas.) Le temps que j'intègre Terra Nova pour ma troisième, le lycée entier pensait avoir appris tout ce qu'il y avait à savoir sur Deanna Lambert. Chaque fois que quelqu'un voyait ma tête, je savais à quoi il pensait. Je le savais parce que, chaque fois que je me regardais dans la glace, j'y pensais moi aussi. » (p.15-16)

     

     

     

    « Plus tard, quand il eut raconté à tout le monde que mon père nous avait découverts, Tommy ne me parut plus aussi sympa ni solide ni nonchalant, il n'avait plus l'air que d'un paumé dégoûtant et je compris pourquoi il n'intéressait pas les filles du lycée. Même Melony, dont le porte-clés proclamait « Vierge à 99% » me laissa tomber quand ça se sut. Il me fallut un moment pour comprendre pourquoi Melony se préoccupait de réputation, jusqu'à ce que j'entende l'histoire que Tommy avait racontée à tout le monde. Il en avait fait une blague. Il m'avait transformée, moi, en blague. » (p.112)

     

     

    Les rumeurs ne s'arrêtent jamais

     

     

    « C'est à la fois triste et drôle à quel point les souvenirs de deux personnes à propos de la même chose peuvent être différents. C'était ça le problème en fait, que cette chose se soit produite entre nous, et que pour Tommy ce soit une chose et pour moi une autre, et une fois que mon père s'en est mêlé c'était devenu encore autre chose. Trois personnes sur les lieux du crime, chacune avec une histoire différente. Ajoutez à cela l'ensemble des jurés, à savoir le lycée Terra Nova, et qui sut jamais ce qu'il s'était réellement passé? » (p.144)

     

     

     

    « Jason s'assit à côté de moi.

     

    - C'est des sales cons, dit-il. Oublie-les.

     

    - Il m'a empoignée. Je ne suis pas un bien public.

     

    - Des sales cons, je te dis.

     

    Je n'arrivais pas à croire que je pleurais encore. (...)

     

    La main de Bruce entre mes jambes, sous les yeux d'un tas d'inconnus, et pire, devant Jason – ça proclamait publiquement : Deanna Lambert, tu n'es qu'un cul de pétasse. Mes larmes coulèrent de plus belle.

     

    (...)

     

    - Tu n'es pas ce que dit Tommy. Ni ce que disent Bruce et Tucker. Ni ce que dis ton père. » (p.160-161)

     

     

     

    (Une fille comme ça de Sara Zarr)

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  •  

    « L'univers n'est pas fait pour les gens comme Roswell.

     

    Il se tient replié sur lui-même comme s'il regrettait quand il était fœtus. Il est maigre, tordu.

     

    Dès que je l'ai vu, il m'a fait penser à cet extra-terrestre de l'affaire Roswell, dont la soucoupe volante s'était soi-disant écrasée aux Etats-Unis dans les années quarante.

     

    J'aurais pu l'appeler E.T. et cela lui irait très bien aussi.

     

    Mais Roswell, c'est plus classe. » (p.26)

     

     

     

    « Dix fois par jour, elle lui demande :

     

    • T'as pas soif, l'imbécile ?

     

    Ou : le crétin, le gogol , l'ahuri. Neuneu ou Débilou dans les jours de tendresse.

     

    Roswell se marre, montre son verre, hoche la tête, et chuinte :

     

    • Ah sschi : assch' ouaf ! » (p.26)

     

     

     

    « Dans les yeux de Roswell, il y a de la confiance aveugle, sans limite. Quelque chose d'un tout petit gamin, et d'une bête aussi. D'un chien battu, voilà.

     

    Autant d'amour dans l'oeil, ça me gave : je me crois obligée de m'occuper de lui. C'est pas du tout de moi, cette façon de ne pas m'en foutre. Mon cœur, ce n'est pas un chenil.

     

    Mais le soir, il n'y a rien à faire, je ne pourrais pas le laisser dormir sans un dernier bisou sur sa barbe râpeuse. Sans ses « Hésschantille-hein ? » et sans ses « Oké-sschef ! ». (p.33)

     

     

     

     

     

    « Je crois bien que Roswell est seul de son espèce.

     

    Tout seul et séparé de nous par une vitre invisible. C'est un poisson rouge en bocal. Il nous voit, on le voit, ce n'est pas pour autant qu'on vit vraiment ensemble. » (p.38)

     

     

     

    « La première fois qu'on voit Roswell, il fout la trouille.

     

    Ça cause un choc, ses grosses dents jaunies en bazar dans sa bouche, et son corps mal foutu, tout caricaturé. On a le sentiment que c'est une grave erreur, une gaffe de la nature, un vrai n'importe quoi. On voudrait pouvoir le démonter, le détordre, le mettre à plat, et le reconstruire dans l'ordre. Le regarder, ça met salement mal à l'aise, on se sent trop normal. Enfin, c'est ce que j'ai pensé, moi, en le découvrant tassé sur le canapé, avec le petit fil de bave luisant qui coulait de sa bouche, sa laideur incroyable, son sourire de monstre et ses yeux de bébé. » (p.43)

     

     

     

    « Seulement, pour ceux qui sont comme Roswell, ceux qui sont réellement affreux, c'est plus compliqué, je crois bien. Il faudrait oublier ce qu'ils montrent, pour pouvoir découvrir ce qu'ils cachent. Très vite, il faudrait l'oublier. » (p.111)

     

     

     

    « Il est d'une laideur parfaite. Il y a rien en lui qui ne soit pas raté, déformé, effrayant, ridicule. Rien sauf son regard de chiot, d'une douceur pas racontable. Sauf son rire éclatant , plein de vie et d'humour. » (p.111)

     

     

     

    « Qui peut dire jusqu'où Roswell comprend vraiment les choses ? L'autre jour, au canal, il n'a même pas eu peur, quand on a vu les deux racailles. Je lui ai dit : « C'est un jeu. » Il a trouvé ça drôle.

     

    C'est vrai qu'il y a eu sa question, au retour, pour savoir s'il était un monstre. Et puis ?

     

    Est-ce-que ça signifie qu'il pense ? Qu'il en souffre ? Il rit tellement, pour rien, tout le temps. Son frère a peut-être raison, après tout : Roswell n'est peut-être bien qu'un simple perroquet, qui répète les mots sans comprendre les phrases.

     

    J'aimerais bien en être convaincue. » (p.151)

     

     

     

    « Un être aussi différent, aussi moche et difforme, comment ne pas être hypnotisé ? Impossible de ne pas poser les yeux sur lui, de faire comme si de rien n'était. Trop dur. Réagir comme si tout allait bien, comme s'il était normal, ce serait gommer Roswell de la surface de la Terre, nier le peu qu'il a : ce look pas racontable, qui fait de lui un être unique au monde. » (p.178)

     

     

     

    « Gérard, lui, il s'en fout complètement de se tenir « comme il faut ». Il est au-dessus de tout ça, bien plus haut que la stratosphère. Comment faire autrement, quand tu as la gueule en vrac et le reste en pagaille ? Quand tu baves pire qu'un boxer, que tu bouffes tellement les mots que personne n'y comprend rien ? Quand les gens qui te voient passer se retournent en chuchotant, pour te mater en douce, comme si tu étais un alien ou un monstre de foire ?

     

    C'est peut-être pour ça qu'il plaît tant au Mérou, Gérard. Même combat. Rien à carrer de rien. Hors gabarit, hors normes.

     

    Le jour où je l'ai vu pour la première fois, je me suis dit qu'avec sa tête, il devait avoir un QI de têtard. Mais non, il est intelligent, Gérard. Pas de chance pour lui. Malgré tout, il se marre et il aime la vie. » (p.265)

     

     

     

    (Vivement l'avenir de Marie-Sabine Roger)

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  • « On ne me croyait pas, il fallait que j'avoue, c'est ça qui me rendait folle, qu'ils attendent ça de moi, cet aveu, comme si j'avais fauté, comme si j'étais coupable... J'aurais pu inventer une histoire de garçon, j'aurais dit c'était un soir comme ça, juste une fois, j'aurais pu ajouter qu'il y en avait eu d'autres, des histoires sans lendemain, mais je venais de comprendre que ça ne changerait rien, ce n'était pas ça qu'ils attendaient. Ils exigeaient des justifications, des vraies, des tangibles, des explications limpides sur ces mois d'attente où je n'avais rien attendu. Je devais malgré tout en savoir quelque chose, malgré tout, j'avais dû sentir, percevoir, deviner et je l'avais caché, enfoui, dissimulé, sans le vouloir, certes, mais il y avait forcément eu des signes que j'avais étouffés, des signes de cette vie qui grandissait en moi, car enfin sinon... j'avais des comptes à rendre, des mots à fournir parce que tout de même... » (p.101)

     

    Drogue du viol

     

     

     

    « Google... j'ai tapé « ghb ».

     

    J'ai lu :

     

     

     

    Drogue du viol : le GHB ou acide Gamma Hydro Butyrique est un produit stupéfiant que les consommateurs utilisent pour favoriser des relations sexuelles forcées. Il induit un état hypnotique et des amnésies (troubles de mémoire). » (p.216-217)

     

     

     

    « Cette nuit-là, déjà, tu as su qu'il te voulait du mal, que son amour vorace te voulait tout entière et que toi, tout entière ne suffirait jamais à combler son désir, tu ne voulais pas, souviens-toi, tu ne voulais pas, il te faisait peur, ce n'est pas à toi qu'il parlait, c'était à une image, c'est pas ça que tu voulais, il ne t'aimait pas, toi, il aimait quelqu'un d'autre, celle qu'il a violée.

     

    Mais celle qu'il a violée, c'est toi, qu'est-ce que toi tu peux faire avec ça ? Tu n'es pas elle, et pourtant elle, c'est toi. Tu es là, tu n'es pas là, il t'a coupée en deux... en trois... en mille morceaux. Tu n'es plus rien, il n'est plus rien, tu n'es pas là, c'est ça qu'il ta donné, cette absence à toi-même. » (p.224-225)

     

     

     

    (La décision d'Isabelle Pandazopoulos)

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  •  

    « Tous les jours (…) j'ai conscience de la couleur de ma peau – on me fait sentir la couleur de ma peau, que ma peau a une couleur, que j'appartiens à une race. Je suis d'abord la couleur de ma peau et ensuite Anna. Comme si on pouvait diviser, séparer les gens comme ça. » (p.195)

     

    La couleur de ma peau

     

     

     

    « Anna se rend compte que sa position dans la société américaine change avec l'avènement des droits civils, mais elle considère ceux-ci comme une exigence et un cadeau, alors qu'ils ne devraient être ni l'une ni l'autre. Les Américains noirs ne devraient pas avoir à exiger, à supplier, à cajoler, de même que les Américains blancs ne devraient pas être en mesure de refuser ou d'accorder. A quoi s'ajoute la question de la gratitude ; avec un des deux camps qui aimerait bien que l'autre se montre reconnaissant, alors que cet autre camp veut bien être pendu s'il parvient à comprendre de quoi il devrait l'être. » (p.215-216)

     

     

     

    (Le jour du patchwork de Whitney OTTO)

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  • « Je ne me sens en rien arrière-arrière-petit-fils d'esclaves ou issu d'un village du fin fond de la brousse. J'ai appris l'histoire de France à l'école, comme tous mes camarades et pour un peu, si on ne me le rappelait pas régulièrement, j'oublierais que je suis noir.

     

    Mon cousin Alain est très choqué quand je lui affirme cela : il estime pour sa part que nous sommes porteurs de l'histoire de nos aïeux, que la couleur de notre peau nous oblige à nous battre, à combattre les inégalités et à redonner leur fierté à nos disparus.

     

    Je veux bien le croire, mais mon problème à moi c'est que je ne me sens pas noir, je suis juste un gars de seize ans qui habite une banlieue, amoureux d'une fille qui ne semble pas le voir, un gars de seize ans en première qui rêve d'être un jour un grand journaliste. Que ce soit bien clair, je ne veux pas être un journaliste noir. Je veux juste être un journaliste. Un bon journaliste.

     

    Je ne suis pas sûr qu'un lycéen blanc se considère avant tout comme blanc. Il se considère comme un lycéen, non ? Je ne suis pas sûr que ce même lycéen dont l'arrière-grand-père est mort à la guerre de quatorze, dans les tranchées, se sente au quotidien porteur de cette horreur et porte-drapeau de cette injustice devant le peuple humain.

     

    Eh bien, je suis comme lui, désolé que l'histoire soit si cruelle et plein de rêves pour mon avenir. » (p.18-19)

     

     

    Je ne me sens pas noir

     

     

    « Dans ton pays, si on traite quelqu'un de nègre, on est taxé de raciste, mais quand on l'appelle black, on est dans le coup, dans le mouv' comme disent les chanteurs aujourd'hui. Moi qui suis noire comme Solex, ça me fait bien rire ; black ça évite le mot noir, et le noir, tout le monde sait, ce n'est jamais bien propre. (…) Alors que black, ça fait américain, basketteur, sapeur, chanteur... c'est classe, propre, riche. Mais quand tu y penses, black, ça veut juste dire noir. » (p.125)

     

     

     

    (Petites histoires de quartiers de Julia Billet)

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  •  

    « Il s'inquiétait de toujours vous plaire, plus exactement de ne pas vous déplaire. Vous étiez, comment dire, son idéal. » (p.58)

     

     

     

    « David avait une personnalité attachante mais une faiblesse : la crainte de ne pas correspondre à ce que les autres attendaient de lui. Vos parents le poussaient à étudier le droit, pas question pour lui de les décevoir. » (p.65-66)

     

     

     

    « Parce que nous nous ressemblions tous les deux. Je suis une fille d'origine maghrébine. Difficile pour une fille arabe de disposer de sa vie. Ma famille, mon père surtout, veut que j'épouse un musulman. Moi, je ne veux pas et je dois me battre. Inimaginable pour lui que je vive avec un Français. L'incompréhension, l'intolérance inconsciente parfois de ceux qui vous aiment sont lourdes à porter. Et il est difficile de se confier à ceux qui vous connaissent depuis longtemps. » (p.67)

     

     

     

    « C'est tellement plus simple, ajoute-t-elle. Tellement banal. Mais il n'arrivait pas à en parler avec vous, avec vos parents. Un blocage. Il craignait votre jugement, votre regard parce que justement vous ne le voyiez pas tel qu'il était, vous vous étiez créé une image de lui qui n'était pas la sienne. Ça le minait, je crois. » (p.68)

     

     

     

    Disposer de sa vie

     

     

    « L'école de Gély. La cour de récréation.

     

    Ça crie, ça court, ça rit... Un de tes copains en jouant, David, te bouscule brutalement. Tu tombes. Genou ensanglanté. Tu as mal, tu pleures.

     

    • La mauviette ! Commence à crier Raphaël Paréja.

    • Le bébé ! Renchérit Jacquy Saumade.

    • Le pédé ! Le pédé !

    • Le pédé ! Tous reprennent en choeur.

     

    Six ans, tes copains comprenaient-ils seulement ce qu'ils disaient ?

     

    Je m'approche pour prendre ta défense. Très fort, je déclare :

     

    • Je vous interdis. Mon frère n'est pas un pédé !

     

    Non, ce jour-là, David, je n'ai pas pris ta défense. Dans mon intonation, transpirait trop le refus inconscient, bête et catégorique que mon frère plus tard puisse être homosexuel.

     

     

     

    « Avec cette p'tite gueule, mon David, sûr, tu vas les faire toutes craquer... » Ma phrase.

     

    « Quand nous aurons des petits-enfants de David. » Phrase des parents.

     

    (…) Je regarde mon image dans le rétroviseur. Ai-je l'air si intolérant ? Avais-tu vraiment peur de moi . » (p.69-70)

     

     

     

    (Le cahier rouge de Claire Mazard)

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