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"La mauvaise graine
J' suis ni l'oeillet ni la verveine
Je ne suis que la mauvaise graine
Ils m'ont semée comme un caillou
Sur un chemin à rien du tout
Même les corbeaux me font la gueule
Leur pauv' gueul' qui s'en va tout' seule
Quand y'a plus rien dans leur frichti
Et qu'il fait froid et qu'il fait gris
J' suis ni l'oeillet ni la verveine
Je ne suis que la mauvais' graineJ' suis pas du blé qu'on met en gerbe
Je ne suis que la mauvaise herbe
Qui dresse son cou dans les champs
Quand par hasard vient le printemps
Même les brebis font des manières
Et préfèr'nt l'herbe buissonnière
Cell' qui va tout droit chez l' client
Sur un coup d'oeil ou en sifflant...
J' suis pas du blé qu'on met en gerbe
Je ne suis que la mauvaise herbeJ' suis ni untel ni machin chouette
Je ne suis que la mauvaise tête
Qui met des vers où c' qui faut pas
En comptant bien sur ses dix doigts
Mes amis n' compren'nt rien aux choses
Ils dis'nt que c'est la mauvaise cause
Que j' râle toujours qu' ça fait du tort
Qu'il faudrait fair' un p'tit effort
Ben vrai ! Mon Dieu c'est pas la peine
Ils connaiss'nt pas la mauvais' graineAux sans oeillets aux sans verveine
Je dédie la mauvaise graine
Qu'ils sèmeront comme un caillou
Sur des chemins à rien du tout
Et des fleurs noirs tout en gerbe
Fleuriront sur de nouveaux verbes
Des fleurs d'amour des fleurs de rien
Des fleurs aussi comme un destin
Quand sur l'oeillet ou la verveine
Poussera la mauvaise graine"(Léo Ferré)
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planche extraite de l'Encyclopédie internationale Focus en 5 volumes (Bordas - 1968)
planches extraites du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)
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"O homme moderne qui n'a jamais eu tant de possibilités de choix toutes faites et est sûr de sa grande liberté de choix et qui choisit ce que choisissent les autres...."
(Le rat, la Célestine et le bibliothécaire de Pierre-Yves Lador, page 93)
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"Bien entendu, elle avait eu, au long de sa carrière en Seine-Saint-Denis, beaucoup d'élèves noirs. Elle avait appris sur le tas, comme tous les profs lâchés dans cette arène, à faire la différence entre les Antillais et les Africains, à ne froisser les sensibilités ni des uns ni des autres, même quand elle devait aplanir les différends et interdire les insultes qui fusaient.
"Esclaves", disaient en substance les Africains aux Antillais, "sauvages", répondaient les Antillais aux Africains, en termes moins choisis.
Elle avait entendu le mot de "toubab", dont elle savait qu'il signifiait "Blanc", mais pas au juste dans quel pays.
Elle portait comme tous les Français, le complexe de la colonisation tel un fardeau.""Et puis, il savait que des idées préconçues sont attachées à l'odeur des roux ou des Noirs. " La couleur et l'odeur, se disait-il, le racisme de bases des ignorants et des imbéciles. "
"Aurais-je été une autre, habillée autrement ? se demanda Catherine Tournant. Se peut-il que les vêtements agissent comme la peau ? Que la surface modifie l'intérieur au lieu de le cacher ? "
(Comment trouver l'amour à 50 ans quand on est parisienne (et autres questions capitales) de Pascal Morin)
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Le cul entre deux chaises
Enfant chez les adultes, pas toujours à son aise,
J’ai souvent entendu évoquer certain âge
Par l’expression curieuse “le cul entre deux chaises”
Signifiant qu’il est dur d’aborder les virages.
Le passage obligé par un moment à vide
Lorsque sur la balance les deux plateaux hésitent;
Où se poser alors et quel indice décide
Si l’on est assez grande ou encore trop petite?
Je n’étais qu’une gamine au regard des parents
Qui parlaient sérieusement en buvant leur café
Alors que les cousins à l’autre bout du rang
Complotaient face à ma précoce gravité.
Et toujours tiraillée entre plusieurs extrêmes
J’ai assemblé ma vie de quelques joies éparses
Me construisant ainsi en un ardent dilemme
Mais n’arrivant jamais à trouver de comparses.
J’étais la petite sœur qu’on traîne comme un boulet
Et l’aînée qui empêche de vraiment s’amuser
Ne m’accordant jamais à aucun de ces rires,
Aucun jeu qui convienne à ma façon de dire.
J’ai grandi par à coups et puis rapetissé,
Cherchant à combler du temps les déséquilibres,
A force de fiction mon chemin s’est tissé:
C’est le rêve qui fait que ma réalité vibre.
Entre ce que je suis et ce que je parais
Que je sois seule ou comme en représentation
J’oscille machinalement de fenêtres en murets
Montrant tour à tour indifférence et passion.
Perpétuellement serai-je en décalage
Ainsi vouée aux tracas et à la solitude,
Où trouverai-je un jour le judicieux dosage
Qui me fera quitter cette triste habitude?
le 7 juin 1998
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"Même dans ma bêtise, je savais que j'étais inférieur. Les autres avaient quelque chose qui me manquait - qui m'avait été refusé. Dans ma cécité mentale, j'avais cru que cela était une manière ou d'une autre lié à l'aptitude de lire et écrire et j'étais persuadé que si je pouvais acquérir ces talents, j'acquerrais également l'intelligence."
"Comme c'est étrange que des gens qui ont des sentiments et une sensibilité normaux, qui ne songeraient pas à se moquer d'un malheureux né sans bras, sans jambes ou aveugle, n'aient aucun scrupule à tourner en ridicule un autre malheureux né avec une faible intelligence."
"Je suis "exceptionnel" - terme démocratique utilisé pour éviter les étiquettes infamantes de "doué" ou de "faible" (qui signifient "brillant" ou "attardé"), mais dès qu'"exceptionnel" commencera à avoir quelque signification pour quelqu'un, on le changera. "Exceptionnel" s'entend aussi bien pour un extrême que pour l'autre, si bien que j'ai été "exceptionnel" toute ma vie." (p.221)
"Comment puis-je lui faire comprendre qu'il ne m'a pas créé ?
Il commet la même erreur que les autres quand ils regardent une personne faible d'esprit et rient parce qu'ils ne comprennent pas qu'il a tout de même des sentiments humains dont il faut tenir compte. Il ne comprend pas que j'étais une personne humaine avant qu'il me rende intelligent.""Avant ils riaient de moi, me méprisaient pour mon ignorance et ma lenteur d'esprit ; maintenant, ils me haïssaient pour mon savoir et ma facilité de compréhension. Pourquoi cela mon Dieu ? Qu'auraient-ils voulu que je fasse ?"
« Je suis un être humain, une personne, avec des parents et des souvenirs et une existence - et je l'étais avant que vous me poussiez sur un chariot dans la salle d'opération ! »
(Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyez)
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La Tordue
J’ai des idées un peu bizarres
Si on soulève ma carapace,
C’n’est pas une lubie du hasard
Regardez bien ce qui dépasse:
Car j’aime la pluie et l’orage
Peut-être par goût du décalage,
Mais si je reste dans la tempête
Soyez sûr que c’est dans ma tête.
Tout l’monde crie “Vive la liberté!”
... A condition d’n’pas déparer;
J’appelle ça de l’hypocrisie:
Laissez place à la fantaisie.
Le conformisme est si puissant
Qu’il arrive à faire croire aux gens
Qu’ils sont originaux, en vogue,
En se donnant pour norme une mode.
Et si vous êtes plus réservé
Les gens vous regardent de travers
Alors qu’il ne faut pas s’en faire
C’est notre façon d’exister.
Ah! Pourquoi ne pas marcher droit...
Moi mes écarts ne se voient pas,
Je les garde précieusement là
Dans mon cœur où ils font ma joie.
Il se peut que j’sois différente
Comme on me le prétend parfois
Mais l’être pour que ça se voie
Ce n’est pas vraiment c’qui me tente.
Cette humeur me passera peut-être
Et je pourrai alors renaître
Mais à tout prendre, à tout choisir
Des moindres maux, choisir le pire
Je ne changerai pas une note
Ni une virgule, ni une enveloppe,
Je ne reprendrai que plus fort
Mes sales manies ... et sans remords!
le 20 mai 1997
(Camille Léon)
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