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Perpétuellement en décalage
Le cul entre deux chaises
Enfant chez les adultes, pas toujours à son aise,
J’ai souvent entendu évoquer certain âge
Par l’expression curieuse “le cul entre deux chaises”
Signifiant qu’il est dur d’aborder les virages.
Le passage obligé par un moment à vide
Lorsque sur la balance les deux plateaux hésitent;
Où se poser alors et quel indice décide
Si l’on est assez grande ou encore trop petite?
Je n’étais qu’une gamine au regard des parents
Qui parlaient sérieusement en buvant leur café
Alors que les cousins à l’autre bout du rang
Complotaient face à ma précoce gravité.
Et toujours tiraillée entre plusieurs extrêmes
J’ai assemblé ma vie de quelques joies éparses
Me construisant ainsi en un ardent dilemme
Mais n’arrivant jamais à trouver de comparses.
J’étais la petite sœur qu’on traîne comme un boulet
Et l’aînée qui empêche de vraiment s’amuser
Ne m’accordant jamais à aucun de ces rires,
Aucun jeu qui convienne à ma façon de dire.
J’ai grandi par à coups et puis rapetissé,
Cherchant à combler du temps les déséquilibres,
A force de fiction mon chemin s’est tissé:
C’est le rêve qui fait que ma réalité vibre.
Entre ce que je suis et ce que je parais
Que je sois seule ou comme en représentation
J’oscille machinalement de fenêtres en murets
Montrant tour à tour indifférence et passion.
Perpétuellement serai-je en décalage
Ainsi vouée aux tracas et à la solitude,
Où trouverai-je un jour le judicieux dosage
Qui me fera quitter cette triste habitude?
le 7 juin 1998
Tags : différence, poème
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