• « Affiches du Secours catholique, DECHAINE TON COEUR. On voit des gens pauvres, c'est-à-dire portant sur eux les stigmates de la misère telle que se la représente la classe dominante. On ne s'est pas demandé ce que pensaient ceux qui sont pauvres devant cette vision de corps avachis, de vêtements défraîchis, d'air abruti. » (p.90)

    (Journal du dehors d'Annie ERNAUX)

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  • Coeur


    planche extraite du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)

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  • « Heure après heure, il doit affronter les commentaires et les rires, de plus en plus inquiétants, ne pas réagir lorsqu'un type de terminale l'invective : « Alors le mytho, à qui tu vas les raconter maintenant tes bobards ? », ne pas s'étonner de constater qu'à chaque cours il est seul.

     

    A midi, c'est à peine s'il se souvient de sa vie antérieure, celle de l'avant-veille, quand tout le monde voulait être l'ami de Simon Peretti. Entre une idole et un pestiféré, la différence est mince. C'est à peu près la seule pensée cohérente qu'il réussit à formuler et qu'il écrit à Dune. Il ajoute : « Mes frères m'abandonnent. Le lynchage se poursuit. Le ciel se couvre. Il y a un goût de métal dans l'air. » (p.12)

     

    Entre une idole et un pestiféré

     

    « C'est la deuxième fois que tu ne vas pas à ton cours de boxe. Tu romps notre contrat, mais surtout tu te prives d'un plaisir et pourquoi ? Parce que tes potes, tes frères, comme tu dis, ne t'ont pas suivi. Et alors ? J'aime l'opéra et malgré tous mes efforts pour te le faire apprécier, tu ne l'aimes pas. Ce serait une raison pour me priver du plaisir d'en écouter ? Une raison pour qu'on ne s'aime plus ? » (p.63)

     

     

     

    « Sil ne réagit pas, et vite, le harcèlement ne cessera pas, le mot le poursuivra, il ne remettra plus les pieds au collège, il restera enfermé chez lui. (…) Au bout d'une semaine , il se suicidera peut-être. (…) Il doit faire quelque chose pour que la rumeur cesse. » (p.144)

     

     

     

    (Le cœur est un muscle fragile de Brigitte SMADJA)

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  • planche extraite du Grand Memento encyclopédique Larousse en 2 volumes (1936)

    Champignons

    Champignons


    planches extraites du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)

    Champignons

    planche extraite du Nouveau Petit Larousse illustré (1938)

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  • « Je lui répondis qu'on l'avait trop souvent punie quand elle voulait parler. Maintenant, farouche, elle se méfiait.

     

    - Mais ce n'est pas bon, Syril. Pas bon du tout ! Quand tout reste à l'intérieur, c'est pire que du poison.

     

    Elle avait diablement raison. Zoé devrait se livrer davantage mais ce n'est pas aussi simple. Quand on se met à TOUT raconter, ça fait comme si les douleurs revenaient à la vie. Même au paradis, les blessures réclament du temps pour cicatriser. » (p.30-31)

     

     

    « Même en utilisant un vocabulaire précis, on resterait à la surface de la vérité, aussi je ne vous en dirai pas plus là-dessus. Évoquer une douleur, c'est souvent en créer une nouvelle, et cela, je le refuse. » (p.31)

     

     

     

    « Je restai donc quelques minutes supplémentaires avec mes amies les montagnes. Il s'agissait de vieilles montagnes polies par endroits, déchiquetées à d'autres. Même ridées, même blessées, elles demeuraient en place, majestueuses, solides, et cela me rassurait de les savoir abîmées et indestructibles à la fois. Moitié fragiles et moitié invincibles. » (p.36)

     

     

     

    « Avant, Zoé ne fermait pas l'œil de la nuit, maintenant il lui arrive de dormir huit heures d'affilée. Elle ne mangeait plus, à présent elle aide volontiers à la cuisine. Elle est toujours fragile et elle le restera, mais au moins ici elle a une chance de faire peau neuve. » (p.45)

     

     

     

    « - Nous devons parler de votre éventuel retour à la maison. (...) J'ai tellement hâte de vous revoir.

     

     

     

    Imaginez une eau froide, si froide que des glaçons flottent à sa surface. Imaginez maintenant que vous soyez contraint de vous y baigner, et que chaque goutte d'eau, en frôlant votre peau, la blesse aussi vivement qu'un coup de poignard dans la chair. la douleur est à ce point insupportable, omniprésente, qu'il faudrait s'évanouir pour s'y soustraire. Voici à peu près où j'en étais en entendant la nouvelle : j'essayais de m'évanouir en vain. » (p.56)

     

     

     

    « Après avoir raccroché, je restai un moment sans bouger, comme écrasé par un quinze tonnes. J'aurais tellement aimé entendre autre chose. J'aurais aimé entendre : "Pardon de n'avoir rien vu. Pardon de ne pas vous avoir protégés quand la situation l'exigeait. C'était mon rôle. je n'ai pas su lire dans vos yeux alors qu'ils me parlaient ni sécher vos larmes quand vos joues se mouillaient. Et pardon d'avoir été à ce point aveugle que vous m'ayez été retirés. Si tout était à refaire..."

     

    Mais ce genre de discours n'est pas venu. Les bons mots dits au bon moment, on ne les rencontre que dans les films et les livres où tout le monde a le génie de la formule exacte, pas ailleurs. Pas dans la vraie vie. Dans la vraie vie, ils sont plutôt rares. Moi, en tout cas, je ne les ai pas souvent entendus. » (p.58)

     

     

     

    (Une saison parfaite pour changer d'Aurélien Locke)

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  • planche extraite du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)

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  • « J'avais mes règles depuis un an seulement. (« Avoir ses règles », quelle expression débile!) J'étais plutôt un garçon manqué avant. Maintenant, je ne savais plus qui j'étais exactement. Une fille, c'est sûr. Mais pas une fille très fille.

     

    Ou peut-être que si, justement. Peut-être que je suis Francesca Pierson et pas Franky. Et que je me bats contre ça.

     

    Une dénégation, ça s'appelle.

     

    Lorsque ma mère avait mon âge, elle était « obsédée » par son apparence. Et par les garçons. Elle me l'a dit, et elle m'a raconté qu'elle avait fait quelques jolies bêtises qui auraient pu lui gâcher irrémédiablement la vie si elle n'avait pas eu de chance. (…) Je craignais donc parfois de ressembler plus à ma mère que je ne l'aurais voulu. J'avais peur de devenir « obsédée » par mon apparence au lycée, comme la plupart de ceux que je connaissais. » (p.12)

     

    Classer les gens par catégories

     

     

     

    « « Tu devrais voir tes yeux ! Zarbie les Yeux Verts ! T'es complètement cinglée ! » Mais je n'étais pas cinglée. Je le savais. J'étais plus forte qu'avant, je m'assumais mieux. Je m'aimais plus que je ne m'étais jamais aimée depuis que j'étais petite. » (p.71)

     

     

     

    « Ils étaient amis. Ils sont amis, je veux dire.

     

    S'ils sont vivants, ils sont simplement amis.

     

    Oui, je pense. Homosexuel. Mais je ne classe pas les gens par catégories.

     

    Parce que moi non plus, je ne veux pas que des gens stupides me collent une étiquette. C'est une façon de penser paresseuse, et cruelle. (p.284-285)

     

     

     

    (Zarbie les yeux verts de Joyce Carol OATES)

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  •  

    « Se retrouver dans la rue, pas difficile

     

    Honteux de sa main tendue, pas difficile

     

    C'est comme l'envers d'un jeu, une cascade

     

    Ou l'on glisse peu à peu, dégringolade

     

    Il suffit d'un matin gris bien ordinaire

     

    D'une lettre qui vous dit y a rien à faire

     

    On ne peut plus vous garder

     

    On ne peut plus vous loger

     

    On ne peut plus vous aimer

     

    Il faudra vous débrouiller

     

    Seul

     

    Quand ça commence

     

    La malchance

     

    Ça vous balance

     

    Drôle de danse

     

    J'y pense...

    Pas difficile

     

     

    Dormir sur un coin de quai, pas difficile

     

    Une inscription à la craie, pas difficile

     

    Plus de maison plus de chaud et plus de place

     

    On ne donne pas de boulot à cette crasse

     

    Plus de boulot plus de sous et plus de piaule

     

    C'est une histoire de fou, pas vraiment drôle

     

    On ne peut pas vous laisser

     

    Car le métro va fermer

     

    On ne peut rien vous donner

     

    Pour qu'vous alliez vous saouler

     

    Seul

     

    Quand ça commence

     

    La malchance

     

    Ça vous balance

     

    Drôle de danse

     

    J'y pense...

     

    Se retrouver en prison, pas difficile

     

    Votre mère avait raison, pas difficile

     

    Prendre un peu ce qui est là qui fait envie

     

    Et qu'on ne vous donne pas, vive la vie

     

    Ou glisser sans le savoir, drôle de drame

     

    Au filet du désespoir pour quelques grammes

     

    On ne peut pas vous donner

     

    On ne peut pas vous soigner

     

    On n'peut pas vous pardonner

     

    Faudra vous habituer

     

    Seul

     

    Quand ça commence

     

    La malchance

     

    Ça vous balance

     

    Drôle de danse

     

    J'y pense...

     

    Passer sans se retourner, c'est trop facile

     

    Dire qu'on n'a pas à donner , c'est trop facile

     

    Penser qu'on est différent parce qu'on est propre

     

    Quand le malheur mécontent nous apostrophe

     

    C'est ignorer qu'un matin, demain peut-être

     

    On peut la tenir en main la triste lettre

     

    On ne peut plus vous garder

     

    On ne peut plus vous loger

     

    On ne peut plus vous aimer

     

    II faudra vous débrouiller

     

    Seul

     

    Quand ça commence

     

    La malchance

     

    Ça vous balance

     

    Drôle de danse

     

    J'y pense...

     

    J'y pense...

     

    J'y pense... "

     

     

     

    Anne SYLVESTRE – Tant de choses à vous dire (1986)

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  • planche extraite du Larousse 3 volumes en couleurs (1966)

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  • « Tu regardes trop la télé, toi ! (…) C'est mon propre choix ! Tu sais, les musulmanes ne sont pas toutes esclaves de leur peur ou de leur mari ou de leur frère ou de leur cousin ! Elles sont capables de prendre des décisions et de s'exprimer ! Pour toi et ta maman, le manteau et le foulard représentent une prison, et la jupette la liberté ! Mais pour moi, c'est l'inverse ! Tu comprends ? » (p.11)

       

    « Je me fiche d'être malpoli. Ta copine, elle n'est pas halal du tout, il n'y a qu'à regarder sa jupe à paillettes, et sa fille non plus, il n'y a qu'à regarder sa robe de chambre. Je suis sûr que dans la rue ni l'une ni l'autre ne portent de foulard. Elles aussi, on va les lapider. » (p.20-21)

       

    « Ali est un homme très pieux : il fréquente la mosquée chaque vendredi, il prie cinq fois par jour comme Naïma, il porte des tuniques blanches immaculées, et il passe des CD du Coran en guise de musique dans sa boutique. Mais Ali est un homme tolérant, ouvert et respectueux des croyances et des cultures des autres. Chacun sa vie, ses oignons et son dieu ! A-t-il coutume de répéter. » (p.31)

       

    « Dans le temps, chaque village avait son idiot. Aujourd'hui, chaque quartier a son abruti. Près de l'impasse du Cachalot, l'abruti du quartier, c'est Bob, un grand baraqué d'une trentaine d'années, toujours à traîner devant la mosquée, en jogging et baskets blanches, les chaussettes remontées sur ses mollets velus. Bob n'a pas inventé le fil à couper le beurre, mais le problème n'est pas là. Le véritable souci, c'est qu'il est pour la peine de mort, et qu'il a décidé que tout le monde devait penser comme lui. Et comme il est costaud et qu'il a une grosse voix, il en profite pour influencer les petits.» (p.35)

     

      

    Être libre de penser et d'agir

      

    « Il n'a aucune envie que Salem lui traîne dans les pattes, pour une fois qu'une jolie femme lui adresse la parole. Dans le quartier, Bob est connu comme le fils extrémiste du boucher extrémiste qui veut lapider tout le monde. Du coup, aucune femme n'est prête à l'épouser ! Et là, miracle, en voilà une qui n'a pas eu vent de sa réputation !

     

    - Rentre chez ta mère, petit morveux, tu vois bien que les adultes sont occupés ! continue Bob.

     

    Salem reste les bras ballants. Où est passé Bob le chaleureux, Bob le protecteur, Bob qui lui offrait des bonbons et s'occupait de lui comme un frère, lui soufflant ce qu'il fallait dire et penser, ce qui rendrait Dieu content ou mécontent, et ainsi il irait direct au paradis ?

     

    A voir la mine décomposée de Salem, maman a le cœur déchiré. Mais il ne faut surtout pas flancher. Elle agit pour le bien de Salem, pour le bien de Naïma, pour le bien de Karima et pour le bien d'Ali. Elle fait tout ça pour le bien de tout le monde, les femmes comme les hommes, pour que jamais plus personne ne condamne qui que ce soit à la peine de mort – lapidation, pendaison, injection, peu importe !

     

    Il faut que chacun puisse croire en paix au dieu qu'il veut, ou ne croire en rien, porter des jupettes ou des hijabs, manger des carottes, des bonbons ou du cochon, des cacahuètes salées ou des grillons grillés, aller à la mosquée, ne pas y aller, au temple, à l'église ou dans aucun de ces lieux, bref, être libre de penser et d'agir ! » (p.42-43)

     

     

     

    «  C'est alors que Salem éclate en sanglots. Maman se glisse dans son dos. Un peu pour le consoler, beaucoup pour jeter un œil à l'écran de l'ordinateur. Quel choc ! Elle s'attendait à tout sauf à ça. Salem a tapé le mot « lapidation ». Depuis combien de temps regarde-t-il ces horreurs ? Son petit visage exprime le désarroi le plus grand. Et le voilà qui pleure, qui pleure, qui pleure. Je veux m'approcher, mais maman m'interdit de regarder l'écran.

     

    - Madame Virgule, je n'ai jamais voulu dire ça ! Bob m'a expliqué qu'il était juste de lapider les gens ! Moi j'ignorais ce que ça voulait dire ! Et comme il me donnait un paquet de bonbons à chaque fois que je répétais ce qu'il me disait, j'ai répété comme un perroquet.

     

    (…)

     

    - Je n'avais pas compris ce que c'était la lapidation ! Je n'avais pas compris ! (Salem se répète, il pleure.) Tu te rends compte... tuer des gens à coups de pierres !

     

    - Oui, Salem, je me rends compte, dit maman. » (p.50-51)

     

     

     

    (Si tu me tues, je te tue de DJAAN)

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