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Classer les gens par catégories
« J'avais mes règles depuis un an seulement. (« Avoir ses règles », quelle expression débile!) J'étais plutôt un garçon manqué avant. Maintenant, je ne savais plus qui j'étais exactement. Une fille, c'est sûr. Mais pas une fille très fille.
Ou peut-être que si, justement. Peut-être que je suis Francesca Pierson et pas Franky. Et que je me bats contre ça.
Une dénégation, ça s'appelle.
Lorsque ma mère avait mon âge, elle était « obsédée » par son apparence. Et par les garçons. Elle me l'a dit, et elle m'a raconté qu'elle avait fait quelques jolies bêtises qui auraient pu lui gâcher irrémédiablement la vie si elle n'avait pas eu de chance. (…) Je craignais donc parfois de ressembler plus à ma mère que je ne l'aurais voulu. J'avais peur de devenir « obsédée » par mon apparence au lycée, comme la plupart de ceux que je connaissais. » (p.12)
« « Tu devrais voir tes yeux ! Zarbie les Yeux Verts ! T'es complètement cinglée ! » Mais je n'étais pas cinglée. Je le savais. J'étais plus forte qu'avant, je m'assumais mieux. Je m'aimais plus que je ne m'étais jamais aimée depuis que j'étais petite. » (p.71)
« Ils étaient amis. Ils sont amis, je veux dire.
S'ils sont vivants, ils sont simplement amis.
Oui, je pense. Homosexuel. Mais je ne classe pas les gens par catégories.
Parce que moi non plus, je ne veux pas que des gens stupides me collent une étiquette. C'est une façon de penser paresseuse, et cruelle. (p.284-285)
(Zarbie les yeux verts de Joyce Carol OATES)
Tags : genre, identité sexuelle, estime de soi, marginalité, différence, discrimination, homosexualité
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