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Pourquoi en veulent-ils aux femmes ?
« C’est un tract, un odieux tract s’adressant à toutes les femmes, à toutes les filles d’Algérie.
(…)
Je lis et relis cet immonde tract de menace, car c’en est un. Et mes yeux ne parviennent pas à quitter trois lettres, trois lettres que j’ai trop vues, trop lues, trop entendues : GIA – Groupe islamique armé.
La peur me paralyse des pieds à la tête.
C’est donc vrai ! Le GIA existe. Les assassins du GIA, les poseurs de bombes, les violeurs de femmes, de jeunes filles sont à présent avec nous, à la maison !
Je me demande qui, en Algérie, n’a pas entendu parler de ces barbares tant leurs crimes sont atroces et nombreux.
Les islamistes du GIA ne supportent pas qu’on ne soit pas d’accord avec la république islamique qu’ils veulent imposer par les armes, dans la terreur et le sang. Ils veulent créer un pays régi par la charia (ensemble des lois, des normes islamiques contenues dans le Coran) : le voleur aura la main coupée, la femme adultère sera tuée à coups de pierres, etc. De plus, les intégristes islamistes veulent imposer le voile obligatoire pour toutes les Algériennes et interdire aux jeunes filles de faire du sport, de la musique et d’exercer certains métiers – ce qui n’est mentionné nulle part dans le Coran… Bref, ils souhaitent un retour au Moyen Age, un monde où les femmes leur seraient soumises. » (p.18-19)
« - Ces criminels veulent tuer les femmes et les adolescentes qui ne portent pas le voile, mais tu as de la chance papa. Ils ne t’imposeront jamais rien à toi. Vous, les hommes, êtes libres. » (p.25)
« - Le tract, Dakia, ce n’était pas de la blague ! Ces sauvages du GIA viennent de tuer une lycéenne qui avait refusé de porter le hidjab. Lorsqu’elle est sortie du lycée, un homme l’a tuée en lui tirant deux balles dans la tête ! Et ça s’est passé devant tout le monde, Dakia, dans la rue… sous les yeux de sa copine qui, elle, était voilée. Elle avait dix-sept ans, et elle s’appelait Katia. J’ai entendu tout cela à la radio au journal de 13 heures.
Les paroles de Nassera sont accompagnées de pleurs, de frayeur, de cris, de rage…
Pourquoi ces hommes en veulent-ils tant aux femmes et aux jeunes filles ? Qu’avons-nous fait pour être ainsi châtiées ? » (p.28)
« - Demain, en allant à l’école, je veux savoir quoi faire. Dois-je porter un foulard ou rester à la maison en attendant que les choses se calment ?
Ferme et décidée, Chafia déclare qu’elle ne se soumettra jamais aux ordres des terroristes.
- Aujourd’hui, c’est le foulard, commence-t-elle. Demain, le FIS et ses groupes armés interdiront aux filles l’étude de l’architecture, en décrétant cette discipline réservée uniquement aux hommes, comme en Arabie Saoudite ou en Iran. Chez les Saoudiens, une femme n’a même pas le droit de conduire une voiture. Si elle sort de chez elle, elle doit toujours être accompagnée par un homme de sa famille. Et si elle circule seule, elle peut être interrogée, voire arrêtée par la police religieuse. Les femmes sont torturées, violées dans les commissariats. Et comme en Iran, elles ne peuvent ni sortir sans être voilées des pieds à la tête, ni faire du sport, ni exercer la médecine, la musique, la biologie, l’architecture et que sais-je encore. Les islamistes ont condamné les femmes au silence, à rester enfermées chez elles, à s’occuper des gosses et de leur mari ! Jamais je ne permettrai à ces terroristes de m’imposer une vie pareille. » (p.31-32)
« Non ! Il n’est pas question
de nous enfermer.
C’est la rue qu’on veut nous interdire,
Sous le soleil qu’on veut nous cacher
Et sous le ciel qu’on veut nous voiler.
Il faut que nous disions à ces assassins que,
Quoi qu’ils fassent, nous ne baisserons
pas les bras.
Nous triompherons !
(…)
Les Algériennes ne sont pas asservies.
Elles n’acceptent pas la défaite
Et continuent la lutte
Jusqu’à la victoire !» (p.39-40)
« Encore une fois, les femmes vont manifester pour dénoncer le terrorisme, se mobiliser contre la barbarie intégriste et son horrible vision des femmes.
Les intégristes veulent faire des Algériennes des esclaves qui les servent. Selon eux, un homme est, quoi qu’il arrive, toujours supérieur à une femme, et il a le pouvoir sur elle. Si bien que cet homme peut avoir quatre épouses et parfois plus.
Beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants, opposés à leur conception des choses sont torturés, mutilés et tués. » (p.46)
« Si l’on veut que les choses changent en Algérie, personne, tu m’entends ma chérie, personne ne les changera à notre place, nous les Algériennes et les Algériens. C’est pourquoi j’ai choisi de rester et de me battre. » (p.47)
(Dakia, fille d’Alger de DAKIA)
Tags : intégrisme, condition féminine, religion, torture, sexisme, discrimination
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