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On veut du respect
« Arthur vit alors clairement à qui il avait affaire : cinq clochards, dépenaillés mais droits sur leurs jambes, et pas encore ivres.
- Qu’est-ce que vous me voulez ?
Il n’obtint qu’un ricanement en guise de réponse et sentit un frisson glacé l’envahir.
- Ce qu’on veut ? Dis-lui, Pierrot !
- Des excuses. On veut des excuses, loupiot.
Arthur avala péniblement sa salive.
- Des excuses ?
- Ouais. Tu crois qu’on entre comme ça chez les gens ? Je fais que passer, pardon ! Trop facile. C’est comme les gens qui nous croisent, dans la rue, en faisant un écart et en évitant de nous regarder.
(…)
- Tu nous prends pour des voleurs ? Hurla un autre. On veut du respect, voilà ce qu’on veut ! Faut pas faire comme si on n’existait pas ! » (p.12-13)
« En même temps, Arthur ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la pitié pour les hommes qui avançaient vers lui. Quelle avait été leur vie, avant de se retrouver en marge de la société, repoussés peu à peu, sans s’en rendre compte, vers la ligne rouge, frontière invisible mais plus terrible qu’un mur de prison entre ceux qui sont en deçà et ceux qui sont au-delà ? (…)
Au moins, les clochards avaient un territoire à défendre.
C’était un but, si dérisoire soit-il. » (p.13-14)
« - Je me disais, ça serait peut-être bien d’aller voir les types de tout à l’heure et de discuter avec eux, de s’arranger pour avoir un droit de passage…
- Un quoi ? Éclata Violaine. On est ici chez nous autant qu’eux ! On va quand même pas s’abaisser à…
- Cela ne nous abaisserait pas, la coupa Arthur d’un ton las. Tu sais, eux, ils n’ont que ça, un territoire, pour se sentir encore exister. » (p.18)
(Phaenomen, tome 2 d’Erik L’HOMME)
Tags : SDF, apparence, quart-monde, respect, marginalité, discrimination
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