• Le mouton noir de la classe

     « Cannelle Brownie… on dirait une couleur de peinture ou de teinture pour les cheveux. Ou encore un gâteau bizarre un peu écœurant.

     (…)

     Ma grande sœur s’appelle Mélissa, d’après la plante aromatique qu’on retrouve souvent dans les tisanes.

     J’ai eu moins de chance qu’elle. Si encore je n’avais pas eu les cheveux roux foncé, ça aurait pu passer.

     Mais avec une combinaison pareille, j’étais condamnée à devenir la cible de toutes les plaisanteries. » (p.5)

     

      « - C’est une élève très réservée, a confié Mlle Kaseem à mes parents au début de mon année de CM2. Elle est adorable, mais elle ne se mêle pas beaucoup aux autres. Rien à voir avec Mélissa.

     Heureusement, elle ne leur a pas tout raconté – que personne ne me choisissait lorsqu’il fallait composer une équipe en sport ou préparer un exposé, que mes camarades ne m’invitaient jamais à leurs soirées pyjamas, leurs fêtes ou leurs sorties au cinéma. J’étais le mouton noir de la classe. Assise toute seule à la cantine, je rêvais de devenir invisible tout en mangeant une seconde part de tarte pour m’occuper et combler le vide que la solitude creusait dans ma poitrine. » (p.6-7)

     

     « Se fondre dans la masse n’est pas forcément une obligation. » (p.51)

     

    Le mouton noir de la classe

     « Elle me jette un long regard triste. Je sais ce qu’elle pense : au contraire, je suis la mieux placée pour intervenir, parce que je sais ce que signifie être le bouc émissaire de la classe. Pourquoi ne comprend-elle pas que c’est justement la raison de mon silence ?

     - On ne peut pas le laisser faire. Tu as vécu la même chose, Cannelle.

     - ça remonte à très longtemps.

     Elle secoue la tête, visiblement déçue par mon attitude. Et il y a de quoi. » (p.61)

     

      « Je me demande comment elle réagirait en apprenant les brimades dont j’ai été victime. Et si elle se mettait soudain à me voir comme le mouton noir que j’étais avant ? Je ne peux pas courir ce risque. » (p.93)

      

    « - Tu ne m’aimes pas beaucoup, hein ? Devine Emily.

     - Mais si… C’est juste que tu me rappelles un passé plein de mauvais souvenirs. J’étais tellement nulle à l’époque…

     - Tu n’as jamais été nulle ! Tu étais le souffre-douleur de la classe, et ça a dû entamer ta confiance en toi. Je m’en suis voulu de ne pas être intervenue. Chelsie était une vraie peste. Comment se fait-il que les filles comme elle gagnent toujours ?

     Emily se lève pour aller chercher un album dans la bibliothèque. Elle le feuillette jusqu’à trouver les photos du fameux goûter d’anniversaire auquel j’ai participé. Je n’ai pas du tout envie de les regarder, mais je n’ai pas le choix.

     Je me reconnais, à huit ans, dans ma robe tachée de chocolat, un sachet de bonbons à la main. C’est vrai que je n’ai pas l’air si nulle que ça ; je suis juste une petite fille au sourire un peu forcé, au visage couvert de taches de rousseur et aux cheveux roux.

     - Tu étais trop mignonne, dit Emily. J’étais tellement jalouse de tes cheveux ! J’aurais adoré être ton amie, mais tu restais toujours dans ton coin… Meg disait que tu étais une solitaire.

     J’ouvre la bouche pour protester, mais aucun mot n’en sort. J’entends encore Emily et Meg me proposer de m’asseoir avec elles, essayer de m’inclure dans leurs jeux, dans leurs conversations. Mais Chelsie n’était jamais loin. Elle me répétait sans cesse que j’étais grosse et moche, que j’étais nulle, que personne ne m’aimait. Et moi, je la croyais. » (p.170-171)

     

     (Miss Pain d’épices de Cathy CASSIDY)

      

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