• La maison violentée

     

    Douce maison

     

     

     

    « C'était une maison douce, une maison de bon aloi.

     

    Juste ce qu'il faut de mousse répartie aux bons endroits,

     

    Assez de murs pour connaître une chaleur bien à soi

     

    Et ce qu'il faut de fenêtres pour regarder sans effroi.

     

     

    REFRAIN:

     

    Non, non, je n'invente pas,

     

    Mais je raconte tout droit.

     

     

    Elle ouvrait parfois sa porte à ceux qu'elle choisissait.

     

    La serrure n'est pas forte, maison, tu n'as pas dé clé,

     

    Mais avec sa confiance jamais elle ne pensa

     

    Qu'on pût user de violence pour pénétrer sous son toit.

     

     

    REFRAIN

     

     

    Advint qu'un jour de malchance, une bande s'approcha.

     

    On sonne à la porte, on lance des coups de pieds ça et là.

     

    A plusieurs, on s'encourage, on prétend qu'elle ouvrira,

     

    Et commence le saccage, la porte on l'enfoncera.

     

     

    REFRAIN

     

     

    Sauvagement, ils pénètrent, dévastant tout devant eux.

     

    Ils obligent les fenêtres à s'ouvrir devant le feu.

     

    Avec leurs couteaux ils gravent des insultes sur les murs,

     

    Et s'en vont faisant les braves quand tout n'est plus que blessure.

     

     

    REFRAIN

     

     

    La maison, depuis ce crime, n'a plus d'âme ni de nom,

     

    Mais elle n'est pas victime, c'est de sa faute, dit-on.

     

    Il paraît qu'elle a fait preuve d'un peu de coquetterie

     

    Avec sa toiture neuve et son jardin bien fleuri.

     

     

    REFRAIN

     

     

    D'ailleurs, une maison sage ne reste pas isolée :

     

    Celles qui sont au village se font toujours respecter.

     

    Quand on n'a pas de serrure, il faut avoir un gardien.

     

    C'est chercher les aventures que de fleurir son jardin.

     

     

    REFRAIN

     

     

    Si vous passez par la route et si vous avez du coeur,

     

    Vous en pleurerez sans doute, c'est l'image du malheur.

     

    Mais rien, pas même vos larmes, ne lui portera secours.

     

    Elle est loin de ses alarmes, elle est fermée pour toujours.

     

     

    REFRAIN

     

     

    Si j'ai raconté l'histoire de la maison violentée,

     

    C'est pas pour qu'on puisse croire qu'il suffit de s'indigner.

     

    Il faut que cela s'arrête, on doit pouvoir vivre en paix,

     

    Même en ouvrant sa fenêtre, même en n'ayant pas de clé.

     

     

    Non, non, je n'invente pas.

     

    Moi, je dis ce que je dois."

     

     

     

    Anne SYLVESTRE – J'ai de bonnes nouvelles (1978)

     

    « On veut du respectSe transformer en quelqu’un qu’on n’est pas »
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