• Mon fils sera pas pédé

     

    « Papa m’a dit cent fois d’être un homme, et d’agir comme un homme. Oui mais Papa, lequel ? Je veux pas être comme Vincent, n’être fait que de bruits, de cris et de colère. Pourquoi tu m’apprends pas les mots, plutôt ? Les mots qui soulagent, les mots qui apaisent, je voudrais avoir les mots qui soignent, ceux qui ne laissent pas seul. Ceux qui ne me viennent pas quand les choses vont trop loin : « Arrête maintenant, arrêtez, c’est trop ». C’est ces mots-là Papa, que tu dois me donner la force de dire. Je sais qu’il n’est pas fier de moi mon père, qu’il voudrait qu’je sois différent. » (p.24-25)

     

     

     

    « - Tu sais, je m’en fous.

     

    - De quoi ?

     

    - De ce qu’ils disent. Que tu préfères les garçons, tout ça.

     

    Je réponds pas. J’ai juste le coeur qui accélère, et les voitures vrombissent en passant à moins d’un mètre de moi. Ça devrait me faire quelque chose, je devrais me sentir bien, rassuré. Mais ça me fait toujours mal, et quels que soient les mots que chacun utilise. Sarah me met un petit coup d’épaule :

     

    - Tu sais, moi aussi j'aime les garçons.

     

    Puis elle se met à rire. Je lui souris. Je trouverais ça drôle si j'étais pas terriblement gêné d'en parler avec quelqu'un pour la première fois. Si j’avais les bons mots moi aussi, pour expliquer ce que je ressens, pour le dire simplement. Mais chaque fois que j’ouvre la bouche, j’entends la voix de mon père. Et ses mots à lui disent tout l’inverse de ce que je ressens. » (p.28-29)

     

    Mon fils sera pas pédé

     

    « Papa m’a dit cent fois : « Mon fils sera pas pédé », qu’il voulait pas de ça dans la famille, que ça n’arrivera pas. Papa, j’suis désolé. J’ai pas choisi, tu sais. J’ai essayé de changer, j’te jure, mais j’arrive pas, m’en veux pas. J’ai pas mérité qu’on me tape, pas mérité les claques. Non, papa, je mérite pas que tu me regardes comme ça, comme si je servais à rien, comme si j’étais pas ton fils, comme si tu regrettais. » (p.30)

     

     

     

    « Mais moi je joue pas papa, c’est toi qui joues, c’est toi qui veux pas voir, qui veut pas faire avec, c’est toi qui veux que je mente, qui a besoin que je mente, toi qui veux que je joue un rôle, toi qui veux pas de moi. » (p.34)

     

     

     

    «Alors pourquoi j’ai si peur que tu saches la vérité ? Pourquoi je peux pas te regarder en face et te dire que, ouais, papa, ton fils est pédé, que c’est plus dur pour toi que pour moi. » (p.46)

     

     

     

    « Et pour la première fois, papa dit les mots que j’ai besoin d’entendre.

     

    - Avec ta mère, on a toujours su que tu étais différent…

     

    J’ose plus le regarder, mon regard cherche le sien dans les parallèles. Je murmure à voix basse :

     

    - Différent ?

     

    Eh oui, ça me soulagerait qu’il le dise à ma place. Mais non, le moment viendra de formuler les choses en temps voulu.

     

    - Je vais pas rentrer dans les détails… J’veux dire… Peu importe ce que ça peut vouloir signifier… Ce que je veux dire par là c’est que, je t’aime, comme tu es. Même si parfois tu peux croire le contraire. » (p.54-55)

     

     

     

    (A copier 100 fois d’Antoine DOLE)

     

     

     

    « Un mur entre les autres et moiSa couleur de peau »
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