• Le poison de la rumeur

     « Aujourd’hui, c’est Tristan qui attend Paul et il éprouve une sensation très désagréable. D’ailleurs, depuis l’interclasse de dix heures, son malaise s’est accru. Il a l’impression que la plupart des élèves le regardent bizarrement ou détournent les yeux à son approche. Chacun veut paraître naturel, mais il y a un flottement dans l’air. » (p.12)

      

    « Au collège, l’après-midi se déroule dans une ambiance très étrange. Comme le matin, des groupes d’élèves discutent à voix basse, des filles surtout. Des profs aussi parlent entre eux et prolongent leur conversation après que la sonnerie a annoncé le début des cours. Quand Tristan s’approche, on se tait et on le regarde.

     

    - Ne fais pas attention, essaie de le rassurer Paul. Ils parlent, ils parlent, mais ce ne sont que des racontars. » (p.17)

      

    « Les jours suivants, M. Gastégui assure normalement ses cours, mais de plus en plus d’élèves sont subitement dispensés de sport. Il dit que , si cela continue, il n’arrivera même plus à constituer deux équipes de basket. Des rumeurs sans fin circulent. A la maison, il raconte l’atmosphère pesante de la salle des profs.

     

    - Beaucoup de profs me fuient comme si j’avais la peste…

     Des parents téléphonent au collège ou demandent des rendez-vous. Le bureau du principal ne désemplit pas. En fin de semaine, une association de parents organise une réunion. Les élèves prétendent que c’est pour demander que M. Gastégui n’ait plus le droit l’enseigner, le temps que l’on tire l’affaire au clair.

     

    Tristan a, lui aussi, la nette impression qu’élèves et profs l’évitent et il ressent cette attitude comme une mise en quarantaine. » (p.18-19)

     

    Le poison de la rumeur

     

    « - Je sors du bureau de l’inspecteur d’académie. Les parents d’élèves ont gagné. Une pétition a circulé et trente-neuf parents l’ont signée ! Suspendu ! Je suis suspendu. Je n’ai plus le droit de mettre les pieds au collège. C’est complètement fou cette histoire. Je comprendrais mieux s’il y avait des témoins, ou des…

     (…)

     Et tout ça parce que j’ai voulu faire ranger dix ballons à un petit emmerdeur qui passe son temps à perturber les cours ! Vraiment, quelle époque ! Et l’autre… l’inspecteur d’académie… pas de discussion possible. Il m’a dit que les parents d’élèves s’inquiétaient des rumeurs, qu’il a convoqué la mère Plicard qui a maintenu les accusations de son fils. Steve Plicard… Un gosse dont tous les profs se plaignent ! Je l’aurais « touché ! » Voilà ce qu’il me reproche. Je suis accusé par ce gamin de l’avoir tripoté et de l’avoir forcé à me faire des caresses !

     

    Le gosse l’a dit, donc je suis coupable. L’inspecteur d’académie ne cherche ni à comprendre ni à savoir. Il a informé le rectorat et voilà : je suis suspendu. J’ai voulu m’expliquer, raconter ce qui s’était réellement passé, mais il m’a fait taire. » (p.20-21)

      

    « -… enquête va suivre son cours. Encore une fois, c’est une procédure purement administrative et le fait d’être suspendu ne doit pas vous alarmer. Ce qui est plus important par contre, c’est la plainte qu’a déposée Mme Plicard, soutenue par une association de parents d’élèves. » (p.30)

     

    (Bruits de couloir de Roger JUDENNE)

     

     

     

     

    « Les filles restent à la maisonDes traces indélébiles »
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