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« J'avais hâte de connaître son prénom parce que je n'aime pas l'idée de nommer un être humain par sa couleur de peau. » (p.10)
« Elle n'a pas fait attention à notre apparence ni à la couleur d'Elimane. Elle était du bon côté de l'humanité, je crois. » (p.114)
(504 de Romuald OLB OUDJANI)
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« Affiches du Secours catholique, DECHAINE TON COEUR. On voit des gens pauvres, c'est-à-dire portant sur eux les stigmates de la misère telle que se la représente la classe dominante. On ne s'est pas demandé ce que pensaient ceux qui sont pauvres devant cette vision de corps avachis, de vêtements défraîchis, d'air abruti. » (p.90)
(Journal du dehors d'Annie ERNAUX)
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« Heure après heure, il doit affronter les commentaires et les rires, de plus en plus inquiétants, ne pas réagir lorsqu'un type de terminale l'invective : « Alors le mytho, à qui tu vas les raconter maintenant tes bobards ? », ne pas s'étonner de constater qu'à chaque cours il est seul.
A midi, c'est à peine s'il se souvient de sa vie antérieure, celle de l'avant-veille, quand tout le monde voulait être l'ami de Simon Peretti. Entre une idole et un pestiféré, la différence est mince. C'est à peu près la seule pensée cohérente qu'il réussit à formuler et qu'il écrit à Dune. Il ajoute : « Mes frères m'abandonnent. Le lynchage se poursuit. Le ciel se couvre. Il y a un goût de métal dans l'air. » (p.12)
« C'est la deuxième fois que tu ne vas pas à ton cours de boxe. Tu romps notre contrat, mais surtout tu te prives d'un plaisir et pourquoi ? Parce que tes potes, tes frères, comme tu dis, ne t'ont pas suivi. Et alors ? J'aime l'opéra et malgré tous mes efforts pour te le faire apprécier, tu ne l'aimes pas. Ce serait une raison pour me priver du plaisir d'en écouter ? Une raison pour qu'on ne s'aime plus ? » (p.63)
« Sil ne réagit pas, et vite, le harcèlement ne cessera pas, le mot le poursuivra, il ne remettra plus les pieds au collège, il restera enfermé chez lui. (…) Au bout d'une semaine , il se suicidera peut-être. (…) Il doit faire quelque chose pour que la rumeur cesse. » (p.144)
(Le cœur est un muscle fragile de Brigitte SMADJA)
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planche extraite du Grand Memento encyclopédique Larousse en 2 volumes (1936)
planches extraites du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)planche extraite du Nouveau Petit Larousse illustré (1938)
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« Je lui répondis qu'on l'avait trop souvent punie quand elle voulait parler. Maintenant, farouche, elle se méfiait.
- Mais ce n'est pas bon, Syril. Pas bon du tout ! Quand tout reste à l'intérieur, c'est pire que du poison.
Elle avait diablement raison. Zoé devrait se livrer davantage mais ce n'est pas aussi simple. Quand on se met à TOUT raconter, ça fait comme si les douleurs revenaient à la vie. Même au paradis, les blessures réclament du temps pour cicatriser. » (p.30-31)
« Même en utilisant un vocabulaire précis, on resterait à la surface de la vérité, aussi je ne vous en dirai pas plus là-dessus. Évoquer une douleur, c'est souvent en créer une nouvelle, et cela, je le refuse. » (p.31)
« Je restai donc quelques minutes supplémentaires avec mes amies les montagnes. Il s'agissait de vieilles montagnes polies par endroits, déchiquetées à d'autres. Même ridées, même blessées, elles demeuraient en place, majestueuses, solides, et cela me rassurait de les savoir abîmées et indestructibles à la fois. Moitié fragiles et moitié invincibles. » (p.36)
« Avant, Zoé ne fermait pas l'œil de la nuit, maintenant il lui arrive de dormir huit heures d'affilée. Elle ne mangeait plus, à présent elle aide volontiers à la cuisine. Elle est toujours fragile et elle le restera, mais au moins ici elle a une chance de faire peau neuve. » (p.45)
« - Nous devons parler de votre éventuel retour à la maison. (...) J'ai tellement hâte de vous revoir.
Imaginez une eau froide, si froide que des glaçons flottent à sa surface. Imaginez maintenant que vous soyez contraint de vous y baigner, et que chaque goutte d'eau, en frôlant votre peau, la blesse aussi vivement qu'un coup de poignard dans la chair. la douleur est à ce point insupportable, omniprésente, qu'il faudrait s'évanouir pour s'y soustraire. Voici à peu près où j'en étais en entendant la nouvelle : j'essayais de m'évanouir en vain. » (p.56)
« Après avoir raccroché, je restai un moment sans bouger, comme écrasé par un quinze tonnes. J'aurais tellement aimé entendre autre chose. J'aurais aimé entendre : "Pardon de n'avoir rien vu. Pardon de ne pas vous avoir protégés quand la situation l'exigeait. C'était mon rôle. je n'ai pas su lire dans vos yeux alors qu'ils me parlaient ni sécher vos larmes quand vos joues se mouillaient. Et pardon d'avoir été à ce point aveugle que vous m'ayez été retirés. Si tout était à refaire..."
Mais ce genre de discours n'est pas venu. Les bons mots dits au bon moment, on ne les rencontre que dans les films et les livres où tout le monde a le génie de la formule exacte, pas ailleurs. Pas dans la vraie vie. Dans la vraie vie, ils sont plutôt rares. Moi, en tout cas, je ne les ai pas souvent entendus. » (p.58)
(Une saison parfaite pour changer d'Aurélien Locke)
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« J'avais mes règles depuis un an seulement. (« Avoir ses règles », quelle expression débile!) J'étais plutôt un garçon manqué avant. Maintenant, je ne savais plus qui j'étais exactement. Une fille, c'est sûr. Mais pas une fille très fille.
Ou peut-être que si, justement. Peut-être que je suis Francesca Pierson et pas Franky. Et que je me bats contre ça.
Une dénégation, ça s'appelle.
Lorsque ma mère avait mon âge, elle était « obsédée » par son apparence. Et par les garçons. Elle me l'a dit, et elle m'a raconté qu'elle avait fait quelques jolies bêtises qui auraient pu lui gâcher irrémédiablement la vie si elle n'avait pas eu de chance. (…) Je craignais donc parfois de ressembler plus à ma mère que je ne l'aurais voulu. J'avais peur de devenir « obsédée » par mon apparence au lycée, comme la plupart de ceux que je connaissais. » (p.12)
« « Tu devrais voir tes yeux ! Zarbie les Yeux Verts ! T'es complètement cinglée ! » Mais je n'étais pas cinglée. Je le savais. J'étais plus forte qu'avant, je m'assumais mieux. Je m'aimais plus que je ne m'étais jamais aimée depuis que j'étais petite. » (p.71)
« Ils étaient amis. Ils sont amis, je veux dire.
S'ils sont vivants, ils sont simplement amis.
Oui, je pense. Homosexuel. Mais je ne classe pas les gens par catégories.
Parce que moi non plus, je ne veux pas que des gens stupides me collent une étiquette. C'est une façon de penser paresseuse, et cruelle. (p.284-285)
(Zarbie les yeux verts de Joyce Carol OATES)
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« Se retrouver dans la rue, pas difficile
Honteux de sa main tendue, pas difficile
C'est comme l'envers d'un jeu, une cascade
Ou l'on glisse peu à peu, dégringolade
Il suffit d'un matin gris bien ordinaire
D'une lettre qui vous dit y a rien à faire
On ne peut plus vous garder
On ne peut plus vous loger
On ne peut plus vous aimer
Il faudra vous débrouiller
Seul
Quand ça commence
La malchance
Ça vous balance
Drôle de danse
J'y pense...
Dormir sur un coin de quai, pas difficile
Une inscription à la craie, pas difficile
Plus de maison plus de chaud et plus de place
On ne donne pas de boulot à cette crasse
Plus de boulot plus de sous et plus de piaule
C'est une histoire de fou, pas vraiment drôle
On ne peut pas vous laisser
Car le métro va fermer
On ne peut rien vous donner
Pour qu'vous alliez vous saouler
Seul
Quand ça commence
La malchance
Ça vous balance
Drôle de danse
J'y pense...
Se retrouver en prison, pas difficile
Votre mère avait raison, pas difficile
Prendre un peu ce qui est là qui fait envie
Et qu'on ne vous donne pas, vive la vie
Ou glisser sans le savoir, drôle de drame
Au filet du désespoir pour quelques grammes
On ne peut pas vous donner
On ne peut pas vous soigner
On n'peut pas vous pardonner
Faudra vous habituer
Seul
Quand ça commence
La malchance
Ça vous balance
Drôle de danse
J'y pense...
Passer sans se retourner, c'est trop facile
Dire qu'on n'a pas à donner , c'est trop facile
Penser qu'on est différent parce qu'on est propre
Quand le malheur mécontent nous apostrophe
C'est ignorer qu'un matin, demain peut-être
On peut la tenir en main la triste lettre
On ne peut plus vous garder
On ne peut plus vous loger
On ne peut plus vous aimer
II faudra vous débrouiller
Seul
Quand ça commence
La malchance
Ça vous balance
Drôle de danse
J'y pense...
J'y pense...
J'y pense... "
Anne SYLVESTRE – Tant de choses à vous dire (1986)
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