• Une image typique

    « J’avais une image de l’enfant qui, inachevé, pas encore arrivé, encore anonyme, se développait au milieu de nous.

     J’avais l’image d’un être humain qui allait venir au monde, y grandir, le rendre meilleur d’une certaine manière. C’était une image typique. Typique dans ses particularités. Mon enfant, notre enfant, serait à sa hauteur, ça ne faisait aucun doute. Il lui correspondrait, il irait peut-être même au-delà de ses limites, il surpasserait l’image qu’on avait de lui. D’une manière ou d’une autre, ce serait le prolongement de ce que j’avais entamé, et avant moi, mes pères. Je portai cette image sous ma poitrine neuf mois durant, comme Kyôko l’enfant. » (p.116)

      

    « La seule chose dont je me souvienne, c’est la gêne, vague brûlante, la gêne causée par un indifférent quand on m’a dit : Votre fils est handicapé. Il ne sera jamais comme les autres. Le sentiment, pas un sentiment : il y a confusion. Cet enfant n’est pas le mien, mais celui d’un autre. C’est une erreur, cet enfant-là, je le rejette. » (p.114)

      

    Une image typique

    « Il n’y a aucun doute. Nous l’avons constaté. Votre fils est handicapé. Une anomalie cardiaque de surcroît. Non, ça ne peut pas se corriger. Ça n’est pas le genre de chose qu’on corrige. Vous devez comprendre. Ce genre de chose demeure. Demeurera. On ne peut pas s’en débarrasser par une opération. (…) Il est important que vous le compreniez. Votre fils ne sera jamais comme les autres.

     (…)

     Lorsqu’il me demanda si j’étais prêt à le voir, à présent, je fis non de la tête et sortis sans dire au revoir. Je crois que j’avais peur qu’il puisse me ressembler. » (p.119)

      

    « Je lui enviais la faculté qu’elle avait, contre toute raison, pensai-je, contre tout bon sens, de regarder cet enfant silencieux, silencieux, comme le nôtre, de l’accepter tel qu’il était, et de ne pas mentionner d’un seul mot sa déficience. Plus encore : de n’être consciente d’aucune déficience en lui. » (p.122)

      

    « Aujourd’hui, je me dis : si j’étais resté assis, encore un moment, et si j’avais attendu qu’il me sourie. J’aurais découvert que son handicap était peu de chose par rapport au mien. Que ce qui était devenu dur en moi m’empêchait de senti, profondément et intimement, la tendresse de ses joues. De nous deux, c’est moi qui souffrais de la plus grande anomalie au cœur. » (p.123-124)

       

    (La cravate de Milena Michiko FLASAR)

     

     

     

    « Un enfant adopté « Un Bouon fada » »
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