• Pourquoi ils s'en sont pris à moi ?

     

    « Je ne sais pas pourquoi ils sont comme ça. (…) On est polis chez nous. On ne se fait pas remarquer, on ne fait pas de scandale. Les profs, eux, ne disent rien. Dans la cour, il y a des surveillants, mais ils ne font rien non plus. Ils ne l'avoueront pas, mais ils avaient autant peur que moi. Ils auraient pu faire quelque chose à l'intérieur de l'établissement, ils avaient le droit d'intervenir, mais ils ne l'ont jamais fait. Dans mon cas, ils ne me croyaient pas. Et ils avaient la trouille. En récréation, il faudrait presque un gardien. Quelqu'un qui surveille vraiment, qui n'ait pas peur, qui voie quand les élèves coincent un autre élève contre un mur. Parce que ça se passe toujours de la même manière. Ils savent bien faire ça. Ils se mettent en rond comme s'ils jouaient, et celui qui est coincé se prend des coups partout. On lui prend son argent, on le « traite » sur ses baskets , parce qu'elles sont nulles, on l'insulte sur sa race. S'il a un gros nez, s'il est trop petit, c'est pareil.

     

     

     

    J'aurais beaucoup mieux travaillé si on m'avait laissé dans mon coin sans m'embêter. Parce que ma vie à l'école, ça n'a été que des insultes et des menaces. Je m'en veux tellement de ne pas avoir réussi à en parler. Mais je suis décidé maintenant. J'ai dix-huit ans, j'ai grandi. Je suis allé porter plainte à la police. (…)

     

    Pourquoi ils s'en sont pris à moi ?

     

    Le psychologue qui me suit m'a bien aidé à comprendre pourquoi ils s'en sont pris à moi. Il m'a dit que j'ai été une victime parce que j'avais tout pour ça : je ne me bagarre pas, je suis trop gentil, je n'étais pas bon à l'école, j'étais gros, et je ne parlais pas. Je me laissais prendre mon argent sans résister. C'était facile pour eux. Et moi, pendant ce temps, je pensais au suicide.

     

     

     

    Ce que je voudrais, c'est que ça ne recommence pas pour les autres . Pour ceux qui vont à l'école aujourd'hui. Quand on est harcelé, ça rend fou de ne pas savoir ce qu'il faut faire. Sur notre site internet, on a mis des conseils si ça arrive : parler à sa famille, au proviseur, et même à la police. Il faut essayer de ne pas avoir peur. Parfois, le harcèlement, c'est comme la guerre. Si non a envie de mourir, comme j'ai fait, il faut parler. Ce livre, il est pour que les parents fassent plus attention aux enfants. Il est aussi pour que les profs identifient mieux ceux qui se font « traiter ». Les profs ne doivent plus avoir peur de punir les élèves violents. Le directeur doit directement parler aux parents des agresseurs pour les menacer d'exclusion. Ces jeunes-là n'ont rien à faire au collège, ils ne veulent même pas travailler.

     

     

     

    Si un élève veut mourir comme je l'ai fait, il faut qu'il écoute ce que je dis. Ça ne sert à rien de mourir. Quand on meurt, c'est les autres qui gagnent. Et puis les autres, je veux qu'ils aillent en prison, qu'ils restent longtemps enfermés. » (p.129-132)

     

     

     

    (Condamné à me tuer de Jonathan DESTIN)

     

     

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