• Un garçon très bizarre

     

    «  Au regard des normes communément admises, Solomon était un garçon très bizarre, et cette bizarrerie ne tenait pas qu'à son agoraphobie. Il refusait par exemple d'avaler tout aliment de couleur verte, et la simple vue d'une noix de coco le faisait hoqueter de dégoût. Les cheveux en bataille, il passait ses journées à demi dévêtu, exposant son ventre barré d'une ligne rouge à hauteur du nombril, à l'endroit où il calait son ordinateur portable pour faire ses devoirs ou regarder des films en streaming. Plus étrange encore, alors qu'il se montrait totalement inapte à la pratique des jeux vidéo, il pouvait regarder son père jouer à la console pendant des heures, comme s'il s'agissait d'un spectacle passionnant.

     

    En outre, il exprimait fréquemment ses pensées à haute voix, si bien que ses parents avaient pris l'habitude de l'entendre prononcer plusieurs fois par jour des fragments de phrases parfaitement incompréhensibles. » (p.35)

     

     

    Un garçon très bizarre

     

     

    «  Il se sentait extrêmement proche de Data, cet être artificiel qui, vivant en marge de la société, débitait des réflexions frappées au coin du bon sens sur la condition humaine. Avant même de se couper du monde extérieur, il en avait fait son mentor et son héros.

     

    Au milieu du huitième épisode, Solomon trouva la réponse à la question du jour. Confronté à la mort d'un membre de l'équipage de l'USS Entreprise lors d'une collision avec un autre vaisseau, le lieutenant-commandant Data y évoquait la bienveillance avec laquelle le disparu l'avait toujours considéré, l'acceptant tel qu'il était malgré sa nature particulière. C'était là, selon lui, la véritable amitié.

     

    Et c'est précisément ce qu'offrait Lisa à Solomon. Elle était prête à le considérer comme un individu normal, sans considération pour son mode de vie quelque peu particulier. » (p.54)

     

     

     

    « je n'oublierai jamais le jour où Solomon a plongé en caleçon dans la fontaine. Les autres élèves riaient et échangeaient des plaisanteries, même lorsque le principal l'a repêché et l'a enveloppé dans sa veste de costume pour le protéger du froid. Ils ont continué à se moquer de lui et à le montrer du doigt lorsqu'il est passé devant eux, humilié et trempé jusqu'à l'os. Le jour même, des rumeurs absurdes se sont mises à circuler dans le collège, mais dès la semaine suivante, c'était comme s'il n'avait jamais existé. Et c'est ce qui m'a rendue le plus triste. Personne n'a plus jamais parlé de lui, comme si nous vivions désormais dans un monde, et lui dans un autre. Et c'est ainsi que Solomon Reed a disparu, invisible, dans l'indifférence générale.

     

    Je crois que nous faisons tous ça, de temps à autre. Nous laissons certaines personnes disparaître parce qu’elles sont différentes et soulèvent des questions auxquelles nous ne trouvons pas de réponse. Si nous nous taisons et détournons le regard, nous pouvons prétendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais c'est un leurre. Tout n'ira pas bien tant que des individus comme Solomon seront condamnés à demeurer cloîtrés entre quatre murs. Nous devons apprendre à partager notre univers avec eux.» (p.301)

     

     

     

    (Phobie douce de John Corey WHALEY)

     

     

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