• Un décalage très profond

     

    « Tout nous pousse à nous déterminer. À le faire haut et fort. Décliner son identité. Je suis indéterminée, mon corps est un compromis. Je ne suis plus celui de ma carte d'identité, et Lauren n'existe pas officiellement. Si je ne me définis pas, suis-je vraiment ? »

     

     

     

    « Tout ce qui compte pour moi aujourd'hui, c'est d'être celle que je suis.

     

    Tu ne peux pas t'imaginer la force qu'il me faut.

     

    Je veux te montrer qu'il faut être soi-même, malgré les épreuves, malgré l'incompréhension. »

     

     

     

    « Le chemin est long, Laurent. Mais tu le parcours, et tu y es. Maintenant, tu fais face. Mathilda s'impose à toi. Et, crois-moi, tant que tu ne lui feras pas la place qu'elle mérite, elle ne te lâchera pas. Alors, ne fuis pas, et traverse ce qui doit l'être. Je suis à tes côtés. Je n'ai jamais douté que, un jour, tu seras celle que tu es. »

     

     

     

    « Je suis dans une impasse. Comment réunir ma peau d'homme avec la femme que je suis à l'intérieur, ses formes, son esprit, ses désirs ? [...] Combien de temps faut-il pour être soi-même ? Et je voudrais demander cela à tous ceux qui n'ont pas à changer de sexe. Combien d'années, de décennies, pour être en adéquation ? Adéquation de corps, adéquation de rêves, adéquation de pensées, avec ce que nous sommes profondément, cette matière brute dont il reste quelques traces avant qu'elle ne soit façonnée, lissée, rapiécée par la société, les autres et leurs regards, nos illusions et nos blessures. » (p.96)

     

    Un décalage très profond

     

    « C'est comme ça depuis que je suis tout petit, quelque chose qui n'allait pas, qui clochait dans ce que j'étais. Et aujourd'hui encore. J'ai mis du temps à savoir quoi. C'est un mal-être, un décalage très profond entre celui que je vois dans la glace et moi-même.

     

    (…)

     

    Je ne peux pas vous expliquer le désespoir, la misère que c'est de ne pas être celui qu'on voit. Chaque jour je me suis interrogé, sans jamais pouvoir en parler.

     

    (…)

     

    Le foot, je n'ai jamais aimé ça, je ne me sentais pas à ma place, mais je n'avais pas le choix, j'étais incapable de l'avouer à mes parents. Ça remettait trop de choses en question.

     

    (…)

     

    Il n'y a pas de raison de ne pas vous le dire. J'ai lutté. Je lutte encore pour croire que je suis l'homme que vous voyez. Mais ça résiste dedans, ça résiste tellement que ça sort parfois. » (p.101-102)

     

     

     

    « Tout débute maintenant pour Laurent. Cynthia va d'abord le mettre en contact avec le seul psychiatre en ville qui les entend et les soutient. Il enverra Laurent chez l'endocrinologue pour que l'hormonothérapie puisse commencer. C'est un réseau discret et solide de personnes qui comprennent, ne cèdent pas à la panique ni aux préjugés, sur le chemin tortueux du changement de sexe. » (p.124)

     

     

     

    « Névrose obsessionnelle ! Tu te rends compte, Cynthia ? Ça m'a sauté à la gorge. Comment peut-on réduire quelqu'un à deux mots ? C'est là que j'ai réalisé que tout le monde croyait que j'étais malade. Pas juste une tournure de phrase, mais vraiment malade. On va te soigner dès qu'on aura mis un nom sur ta maladie. C'est tellement simple : une maladie, un médicament ! » (p.125)

     

     

     

    (Point cardinal de Léonor DE RECONDO)

     

     

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