• Normal

     

    « Ce serait horrible d'avoir un cancer.

     

    Ce serait horrible d'être attaché

     

    à une machine une fois par semaine

     

    qui me pomperait du poison dans les veines

     

    dans l'espoir de me sauver la vie.

     

     

     

    Notre oncle Calvin est mort d'une maladie du coeur à trente-neuf ans

     

    laissant derrière lui trois fils et une femme enceinte.

     

     

     

    La soeur de Grammie s'est noyée dans un tonneau

     

    de pêches pourries et d'eau stagnante

     

    quand elles vivaient à la ferme

     

    étant enfants.

     

     

     

    Les actualités sont pleines d'histoires

     

    d'enfants battus et de famine et de génocide et de sécheresse

     

    et je ne me suis jamais dit, pas une seule fois, que je voudrais

     

    échanger ma vie avec les existences tragiques de ces gens-là.

     

     

     

    Parce que avoir une jumelle

     

    comme Tippi ce n'est

     

    pas

     

    La pire

     

    Chose

     

    Au monde. » (p.105)

     

     

    Normal

     

     

    « Pourquoi t'es ami avec aucun des mecs qui font du sport

     

    ou de la musique

     

    ou de l'informatique

     

    ou d'ailleurs avec aucun des mecs

     

    du lycée ? »

     

    je demande à Jon.

     

     

     

    « Je suis boursier, Grace.

     

    Tu sais bien ce que ça veut dire.

     

    On est trop normaux pour eux. »

     

     

     

    « Tu rigoles ?

     

    Toi, t'es normal.

     

    C'est bien d'être normal.

     

    Être normale, c'est mon but »,

     

    je lui dis.

     

     

     

    Il secoue la tête et

     

    me prend la main,

     

    caresse mon pouce de ses doigts ;

     

    incendie dans mes veines.

     

     

     

    'Dans le coin, être normal, c'est une insulte, dit-il.

     

    Au fond de soi,

     

    tout le monde veut être une

     

    star

     

    et être normal c'est risquer de devenir

     

    rien.'

     

     

     

    Mais tout le monde a tort.

     

     

     

    Être normal, c'est le Graal

     

    et c'est seulement ceux qui ne le sont pas

     

    qui comprennent pourquoi.

     

     

     

    C'est tout ce que j'ai toujours voulu

     

    et j'échangerais

     

    ma bizarrerie ma monstruosité ma spectaculaire

     

    exceptionnalité

     

    pour être normale

     

    à la seconde où on me le demanderait. » (p.151-152)

     

     

     

    « Quand deux siamois sont séparés,

     

    on estime que c'est une réussite si

     

    l'un d'entre eux survit.

     

    Quelque temps.

     

     

     

    Et, ça,

     

    pour moi,

     

    c'est la chose la plus triste

     

    que les gens puissent penser

     

    quand ils nous voient. » (p.279-280)

     

     

     

    (Inséparables de Sarah CROSSAN)

    « LutteCiment »
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