• C'est plus qu'une simple blague

    "Il essayait de trouver une façon d'exprimer à Jerry le lien entre Frère Eugène, la salle dix-neuf et le fait de ne plus jouer au football. Il savait qu'il y avait un lien mais c'était difficile à exprimer.

     "Ecoute, Jerry. Il y a quelque chose de pourri dans cette école. Plus que pourri." Il chercha le mot et le trouva, mais ne voulut pas l'utiliser. Ça n'allait pas avec le paysage, le soleil et le bel après-midi d'octobre. C'était un mot de l'ombre, qui allait avec le vent d'hiver.

     "Les Vigiles ?" demanda Jerry. Il s'était allongé sur la pelouse et regardait la course des nuages dans le ciel bleu d'automne.

     "ça en fait partie", dit Cacahuète. Il aurait voulu courir encore. "Le mal", dit-il.

     "Qu'est-ce que tu as dit ?"

     Dingue. Jerry allait croire qu'il avait perdu le nord. "Rien", dit Cacahuète. "De toute façon, je ne vais plus jouer au football. C'est personnel, Jerry." Il prit une profonde inspiration. "Et je ne vais pas non plus courir le printemps prochain."

     Ils se turent.

     "Qu'y a-t-il, Cacahuète ?" finit par demander Jerry, d'un ton ému rempli d'inquiétude.

     

    "C'est ce qu'ils nous font, Jerry." C'était plus facile à dire parce qu'ils ne se regardaient pas, chacun assis à sa place. "Ce qu'ils m'ont fait cette nuit-là dans la classe...  je pleurais comme un bébé, ce que je ne me serais jamais cru capable de faire. Et ce qu'ils ont fait à Frère Eugène en détruisant sa salle, en le détruisant lui..."

     

    "Allons, t'inquiète pas, Cacahuète."

     "Et ce qu'ils te font à toi...  les chocolats."

     "Ce n'est qu'un jeu, Cacahuète. Prends ça comme une blague. Laisse-les s'amuser. Frère Eugène devait sans doute être au bord de..."

     

    C'est plus qu'une simple blague

    "C'est plus qu'une blague, Jerry. Quelque chose qui peut te faire pleurer et faire partir un professeur... le faire basculer... c'est plus qu'une simple blague." (p.130-131)

     

      "Jerry pensa qu'il comprenait le sens du geste de janza – Janza brûlait de l'envie d'agir, de toucher, de se battre. Et il devenait impatient. Mais il ne voulait pas commencer le premier. Il voulait pousser Jerry à le faire, c'est ainsi qu'agissaient ceux qui brimaient les autres, pour se sentir innocents après le délit. C'est lui qui a commencé, clamaient-ils." (p.173)

       

    (La guerre des chocolats de Robert CORMIER)

      

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