• Une image publique

     

    « C’était dans une vie antérieure, me dis-je en me détournant. À l’époque, tout était différent. J’étais différente. Mais maintenant ? Je n’avais pas de temps à perdre avec des regrets, des souvenirs ou des lapins en peluche. Rien ne pouvait changer le fait que j’avais dix-sept ans et que, même si je détestais ça, les pom-pom girls, le conseil des élèves et la politique de ma mère faisaient partie intégrante de mon existence.

     

    Ne pas entrer dans l’équipe n’était pas envisageable – du moins, c’était l’avis de ma mère. Et je n’avais pas travaillé aussi dur pour tout perdre à cause d’un stupide porté foiré pendant des essais.

     

    Je saisis mon portable posé sur la couette. Comme tout bon sportif vous le dirait, pour gagner, une équipe a besoin d’une excellente attaque et d’une défense de premier ordre. Et grâce aux leçons de ma politicienne de mère, je brillais sur les deux plans. » (p.12-13)

     

     

     

    « Mon sourire vacilla, mais je me hâtai de rectifier ça avant que quiconque ne le remarque. Pour eux, j'étais Regan Flay, pom-pom girl, toujours première de la classe et fille de la députée Victoria Flay. J'aimais le petit Jésus, ma famille et les chevaux - toujours dans cet ordre. Comme le disait ma mère, j'étais l'exemple parfait d'une enfant élevée avec des limites fermes et de saines valeurs américaines, et je devais me conduire en tant que telle. C'est exactement ce que je m'efforçais de faire - si on excluait les troubles de l'anxiété, la consommation excessive de petites pilules et un peu d'espionnage social par-ci, par-là.

     

    En gros, si j'avais été élevée avec de "saines valeurs américaines", ça expliquait à quel point le pays était dans la merde. » (p. 28)

     

     

     

    « Mon café à la main, je sortis de la voiture et affichai sur mon visage un grand sourire factice. Chaque jour sans exception, rien qu'à la vue des doubles portes vitrées du lycée, ma pression artérielle augmentait. Et dès l'instant où j'entrais, je pressais un interrupteur interne pour me changer en une version de moi-même qui n'existait pas réellement. » (p.40-41)

     

     

    « - Tu ferais bien de prier pour que le test soit négatif. Toute ma campagne est basée sur les valeurs familiales. Qu'est-ce que le public penserait de moi si ma propre fille était une junky ?

     

    Je ne répondis pas. J'avais peur de ce que je risquais de dire. Bien sûr, elle avait réussi à retourner la situation pour en faire quelque chose qui la concernait, elle. Bien sûr que si je me droguais, elle s'inquiéterait plus pour son image publique que pour ma santé. » (p.133)

     

     

     

    «  C'était exactement pour ça que je n'avais pas de petit ami. Pour ne pas lui donner encore un autre aspect de ma vie à contrôler. » (p.137)

     

     

     

    « - Le lycée était un peu plus dur que ce à quoi je m'attendais. Tout le monde croit que ma vie est parfaite. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que je tiens à peine le coup. En fait non, je ne tiens pas le coup. Pas du tout. C'est ça, le problème. Et puis, il y a ma mère, qui est députée.

     

    (…) Elle a planifié ma vie entière, placé en moi des attentes que je suis incapable de satisfaire.

     

    Même si je ne voyais pas Nolan, j'entendais son souffle régulier dans le silence qui avait suivi mes mots. Enfin, il demanda :

     

    - Quel genre d'attentes ?

     

    - La perfection, soufflai-je.

     

    Une petite voix dans ma tête, l'ancienne Regan, me hurlait de la fermer, que j'en avais trop dit. Tu montres des faiblesses, sifflait-elle. Peut-être. Mais je m'étais déjà trop ouverte pour reculer, j'avais dévoilé toutes mes cicatrices. Et puis, qui décidait de la limite entre force et vulnérabilité ? Parce qu'à cet instant, je ne voyais pas la différence. J'étais venue ici ce soir pour m'excuser auprès des innombrables personnes que j'avais blessées, mais il m'avait fallu attendre jusqu'à cet instant pour me rendre compte que la personne à qui j'avais fait le plus de mal, c'était moi-même. (…)

     

    - Je devais être parfaite. Irréprochable. Tout le temps. Pas seulement à la maison, mais aussi à l'école, à l'église... Même pour faire mes courses, parce que tout le monde me regardait tout le temps. C'était comme si le monde entier était là, à attendre que je me plante. Et j'ai retenu mon souffle pendant des années, parce que je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que je dérape et que tout parte en vrille. » (p.206-207)

     

     

     

    (Blacklistée de Cole GIBSEN)

     

     

    « Sous prétexte d'une orientation sexuelle différente Parce qu'ils n'ont pas le même nez »
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