• Quand vous m'avez abandonné...

    « Les trucs quotidiens, ce que les autres font sans y penser, comme verser de la sauce, faire ses lacets ou pisser, me demandent une concentration énorme. Quand je fais la queue à la cantine et que c'est à moi de me servir, les autres s'écartent parce qu'ils savent que quelques morceaux de poisson pané risquent de gicler de la louche.

    Kristin craint que ce ne soit dû à une lésion cérébrale. Moi, je sais ce que c'est : je réfléchis trop. Je pense tout le temps mais jamais à ce qui occupe mes mains et mes pieds. Mes pensées sont comme des oiseaux. Et mon visage est comme la scène d'un théâtre. Ce qui se passe à l'intérieur de moi y est représenté ouvertement. » (p.54-55)

    « En fait, pour moi, les jours gris n'existent plus, il n'y a plus de jours dépourvus de sens. Il n'y a plus que des jours et ils ont tous de la valeur puisque chacun d'entre eux constitue un morceau du puzzle qu'est ma vie. Il n'y a pas non plus de jours bons, même s'il m'est arrivé de me dire qu'un jour sans douleur était un jour bon. » (p.199)

    « Quand vous m'avez abandonné sur la colline, j'étais convaincu que j'allais mourir. J'ai d'abord fait le mort pour avoir la paix, pour que vous arrêtiez de frapper. En réalité, c'est quand vous vous êtes barrés que l'enfer a commencé.. » (p.200)

    « Je n'éprouve pas le besoin de pleurer. Ce qui s'est passé ne m'a pas rendu triste. On pleure quand on perd un chat. Mais on ne pleure pas quand nos copains nous trahissent, quand ils nous tabassent, nous humilient, essaient de nous tuer et nous abandonnent dans la forêt. On est blessé. On est en colère. On se relève. On montre qu'on n'accepte pas. On ne peut pas faire autrement. Il faut se venger. Sinon, on coule. » (p.212)

    Quand vous m'avez abandonné...


    « Pourquoi je n'ai rien dit ?
    C'est seulement maintenant que cette question m'apparaît. (…)
    Je me demande si j'ai eu raison de ne rien dire.
    Et je ne sais pas pourquoi je commence à en douter. Existe-t-il une manière de faire qui soit la bonne ? Si oui, y en aurait-il une mauvaise ?
    (…)
    Quand l'hélicoptère a atterri sur la colline, je me croyais en train de mourir, persuadé que le sauvetage arrivait trop tard. J'étais convaincu que j'étais resté couché à côté de mon feu pendant des jours et des jours et il m'a fallu un certain temps pour accepter que ce n'était pas le cas. Par moment, j'avais perdu connaissance.
    Oui, j'avais fait un feu, relativement grand, j'avais mangé un peu de lièvre et j'avais réussi à descendre au marécage pour boire.
    On m'a dit que je m'en étais sorti de façon exemplaire. Je n'ai pas bien compris ce qu'ils avaient voulu dire par là. » (p.231-232)

    « Il faut dire que tu ne passes pas inaperçu avec ton béret noir et ta longue écharpe noire. Tu sembles si différent, Kim. Je sais que tu l'es aussi. Tu es quelqu'un de très particulier. Oui, je t'aime bien. Plus qu'avant. Ce n'était pas le cas au début. Tu me faisais un peu peur à cause de tes vêtements. Je croyais que tu cherchais à te faire remarquer pour montrer que tu étais mieux que nous. Nous l'avons tous cru, d'ailleurs. Nous pensions que tu faisais partie de ces gens qui savent tout mieux que tout le monde. C'était avant que je ne comprenne que tu es réellement différent. Et que tu penses d'une manière différente. Tu réfléchis tellement, Kim !
    J'avais peut-être aussi un peu de peine pour toi. Tu étais toujours si seul. C'est moi qui ai demandé à Philip de te proposer de venir avec nous. D'abord, il n'a pas voulu. Probablement parce qu'il te trouvait trop... oui, différent. Je crois qu'il ne t'avait même pas remarqué jusque-là.
    » (p.247)

    (Faire le mort de Stefan CASTA)

     

    « Exprimer ce qu'on ne comprend pasDes astuces pour aider à traverser l'épreuve »
    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :