•  

    « J'ai toujours eu une drôle de vie. Depuis le tout début. Moi, je ne la trouvais pas bizarre, bien sûr. Je suis convaincu que chaque individu, sur cette terre, est persuadé de mener une vie normale et croit que c'est celle des autres qui ne l'est pas. »

     

    S'ouvrir au monde

     

     

     

    « Partir ?

     

    Une idée toute simple et qui pourtant me donnait la chair de poule. Qu'est-ce que je m'étais imaginé ? Que la vie n'existait qu'entre les pages des livres ? Je promenai mon regard autour de ma chambre, cherchant des excuses pour être dispensé de cette chose effroyable : affronter le monde situé au-delà de la haie de notre jardin. » (p.20)

     

     

     

    « Que m'étais-je donc imaginé ? Qu'elle allait vaguement déplorer que son projet fou de m'élever comme un infirme échoue à cause d'un stratagème de ses voisins, et qu'aussitôt après elle sécherait ses larmes et admettrait qu'il était plus raisonnable de me laisser m'ouvrir au monde ? » (p.46)

     

     

     

    (Passage du diable d'Anne Fine)

     

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • Bizarre

     

    « Il paraît que je suis bizarre mais sympa. Tout le monde a un truc bizarre, non ? Axel qui passe son temps à tailler son crayon. Nathasha qui tombe dans les pommes une fois par jour. Azan qui se nettoie les mains avec du gel à chaque instant. Nina qui n'arrive pas à lire des mots super simples. Même Owen est bizarre à force d'être trop parfait. » (p.63)

     

     

     

    (Enzo, 11 ans, sixième 11 de Joëlle Ecormier)

     

     

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  •  

    Les prophètes du quotidien

     

     

     

    L’avez-vous appris

     

    Ils sont parmi nous

     

    J’ai pris l’air surpris

     

    Les fous sont partout.

     

     

     

    Pourtant on les connaissait bien

     

    Inoffensifs et protégés

     

    Dans leur réserve on les retient

     

    Gaga, dingue, hystérique... piégés.

     

    Quel immeuble n’en avait un

     

    Qui réjouissait tout le quartier

     

    Un poète du petit matin

     

    Une folle ou un va-nu-pied.

     

     

     

     

     

    Que nous cachent les fous

     

    Sous ce sourire si doux?

     

    Leur logique dissout

     

    ... Des vérités dont on se fout.

     

     

     

     

     

    Échevelés, les yeux hagards

     

    De leur air vague ils parlent aux fleurs

     

    Se laissent porter par le hasard

     

    Mais qui divague distille la peur.

     

    Ils n’ont fait qu’accepter la part

     

    D’irrationnel qui est la leur

     

    Sagesse que trahit leur regard

     

    Leur paix et jamais la clameur.

     

     

     

     

     

    Que nous offrent les fous

     

    D’un geste d’homme saoul ?

     

    L’ordinaire qui échoue

     

    ... Aux vérités dont on se fout.

     

     

     

     

     

    Mais à la ceinture de chacun

     

    Pend un chapelet de manies

     

    Quand bien même si l’on se retient

     

    Il est fait de grains de folie.

     

    N’hésitez pas, tendez la main

     

    A celui qui dans le train dit

     

    Trop de misère, frères humains!”

     

    Clairvoyance n’est pas maladie.

     

     

     

     

     

     

     

    Que nous apprennent les fous

     

    Par leurs mots pleins de trous

     

    Et dont la parole moud

     

    Des vérités dont on se fout?

     

     

     

    La vérité des fous?

     

    ... C’est une sagesse dont on se fout...

     

    (Camille Léon)

     

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  •  

    « Tout. Il est prêt à tout. Pour éviter la honte publique, l'humiliation devant la sentence et son exécution immédiate, là, au centre de tous ces regards. Tout, pour qu'il ne soit pas dit, qu'il ne soit pas révélé, que Stéphane ne sait pas, qu'il n'a jamais su lire. » (p.33)

     

     

     

    « Mais Stéphane ne souffre pas de cette solitude. Il la connaît depuis longtemps. Depuis son premier redoublement. Tous ses camarades passaient en CE2 ; lui, non. Trop lent. Les premières grandes humiliations datent de cette année-là. Interdit de suivre les mots avec le doigt. Interdit d'épeler. Interdit d'écrire comme on parle. Interdit de couper comme on veut. Seulement voilà, lui, il ne sait pas procéder autrement. Les textes lui sont hostiles, il le sent comme on flaire un danger. D'instinct. » (p.38)

     

    Illettré

     

     

     

    « Stéphane voudrait tant pouvoir dire ce que c'est, de ne pas savoir lire. Mais à qui ? Adrien risquerait d'être déçu. Sa mère lui en voudrait. M. Lambert ne comprendrait pas, lui qui écrit même quand il parle. Et puis c'est impossible. Ce serait comme vouloir expliquer l'air qu'on respire. Il faut regarder quelqu'un dormir pour remarquer que sa poitrine se soulève et que ses lèvres laissent passer l'air qu'elles ont absorbé. Le reste du temps, on ne s'en aperçoit pas . C'est pareil pour la lecture. Stéphane regarde les gens lire et voit leurs lèvres qui bougent, ou leurs yeux. Ils lisent comme ils respirent, sans faire attention. Il n'y pensent pas. Ils sont trop dedans. Lui, il y pense tout le temps et il reste dehors, au seuil, à regarder, comme s'il retenait son souffle. » (p.53-54)

     

     

     

    « Il prend son élan, pour entrer dans le mot. Il commence à déchiffrer, lettre après lettre, I-L-L-E-T-T-R-É. Ça y est, il l'a franchi. Il est dedans le mot. En terre nouvelle. C'est un pays étrange, que Stéphane a l'impression de connaître en partie ; L.E.T.T.R.E. Lui dit quelque chose. De l'autre côté du mur, il est donc question de LETTRE. Dans le diagnostic final, dans l'étiquette qu'on va lui coller à la peau, par-dessus l'ancienne, il y a LETTRE ; IL LETTRE.

     

    Stéphane ne comprend pas le mot. Le déchiffrerait-il avec exactitude qu'il n'en verrait pas davantage le sens. Mais le mot LETTRE le rassure. Il dépose sur ce mot l'énorme fardeau qui lui pèse sur le dos depuis si longtemps. (…) Quelqu'un se propose de partager son secret. Quelqu'un qui s'y connaît, et c'est déjà moins lourd, moins douloureux de savoir que ça porte un nom et que ça existe en dehors de soi.

     

    (…)

     

    Tout ce qu'il voit, c'est que même s'il n'est pas agréable, même s'il ne fait pas plaisir à sa mère, ce mot lui fait du bien, à lui. Ce n'est pas un ennemi finalement, car pour la première fois Stéphane n'a plus le sentiment de se battre seul contre le monde entier. » (p.81-82)

     

     

     

     

    (La lettre déchirée d'Ella Balaert)

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • « Sa formation de psychiatre lui commandait d'aborder le problème sous un angle symbolique. Mais une vie entière passée au contact de malades atteints de troubles du comportement le poussait à garder l'esprit ouvert. D'autant que les individus auxquels il était confronté depuis son arrivée à la Clinique du Lac, quelques mois plus tôt, ne ressemblaient en rien à ceux qu'il avait déjà rencontrés.

     

    Pauvres gosses ! Ils étaient tous abandonnés ici par des parents dépassés et effrayés. L'agrément de la clinique par les institutions leur permettait de sauver la face et de garder bonne conscience.

     

    Barthélemy avait été étonné par la rigidité du personnel, par sa dureté à l'égard des pensionnaires qui se voyaient fréquemment traités de « monstres » ou de « phénomènes de foire ». Il avait rapidement compris que personne ne se souciait de les soigner. Les jeunes gens confiés à la Clinique du Lac étaient considérés comme irrécupérables. La clinique se contentait de gérer leur présence et d'engranger mensualités et subventions. Bien sûr, on ne lésinait pas sur les moyens : ceux qui le pouvaient suivaient des cours, faisaient du sport, bénéficiaient de soins médicaux attentifs. Mais c'était en attendant. Car il arrivait toujours un moment où, prisonniers de leur folie, les pensionnaires restaient prostrés et ne quittaient plus la chambre, se murant dans un silence définitif.

     

    Pierre Barthélemy savait qu'il était illusoire de vouloir guérir de tels troubles. Cependant, rien n'empêchait d'essayer de les soigner. Il espérait même que l'évolution des pensionnaires n'était pas inéluctable. Sa méthode était simple, et avait quelques fois porté ses fruits. Il cherchait à comprendre, à établir des relations, poussant les malades à résister aux démons qui les hantaient. » (p.14-15)

     

     

     

     

    « Votre enfant est étrange, votre enfant vous dérange ! Votre enfant manifeste des troubles, votre enfant vous trouble ! Vous ne parvenez plus à faire face...

     

    Située dans le cadre enchanteur de la campagne suisse, à moins d'une demi-heure d'une gare européenne et d'un aéroport international, la Clinique du Lac est LA solution à vos problèmes. Elle vous propose ce que vous n'avez pas trouvé et ne trouverez pas ailleurs. Ici, une équipe médicale constituée des plus grands spécialistes assure le suivi personnalisé de chaque enfant. Des éducateurs parfaitement formés l'épaulent dans ses apprentissages et tous les moments de sa vie.

     

    Là où tous les autres baissent les bras, nous relevons le défi ! Là où tous les autres échouent, nous réussissons depuis vingt-cinq ans ! Alors, n'hésitez plus. Pour son bien et pour le vôtre, confiez-nous votre enfant. Agréé et encouragé par de nombreux ministères européens, notre établissement n'est pas la clinique du dernier espoir : elle est celle d'un nouvel espoir !

     

    (Extrait de la plaquette de présentation de la Clinique du Lac.) » (p.18)

     

     

     

     

     

    (Phaenomen d'Erik L'Homme)

     

     

     

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • "Pourquoi . Je ne mange plus parce que je suis pleine de NON. A craquer. Un NON silencieux qui s'est étendu à tout. Tout mon corps, toute ma tête. Qui a durci, comme le plâtre dans un moule. Si je n'avais pas fondu en larme, le NON aurait fini par m'asphyxier. C'était la mort. Ou la folie, je ne sais pas.

     


    La folie, je la voudrais, pour m'évader, pour que ça s'arrête. Ils ont toujours dit que j'étais folle. Ce n'est pas vrai, malheureusement. je ne suis pas folle. Je ne décolle jamais, jamais. Je suis au bord du précipice mais je n'y tombe pas.
    La folie ce doit être autre chose que cette douleur qui me rabote. C'est une liberté. Plus de limites. Larguer les amarres.
    Ne pas se retenir, ne rien retenir.
    S'évader de la citadelle du corps, de la famille, de la loi.
    Se vider de toutes les paroles, de tous les cris, sans souci du mal qu'on peut faire.
    Et puis avaler le silence comme un acide à dissoudre les mots. Plus de pensées qui rongent. Lisse à l'intérieur. Courant d'air dans la tête. Tout est propre.
    La folie ce serait hurler de NON. Et s'envoler comme un ballon sans fil. ne plus toucher terre. Je veux être folle !" (p.9)

     


    (Non ! de Janine Teisson)

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • "Elle [l'école] regroupe des gens qui, pour une raison ou pour une autre, ne peuvent plus fréquenter un établissement classique. Autrement dit, c'est un endroit où on prend son temps, une sorte de promenade de la vie."

    Phobie scolaire

     

    "J'ai arrêté l'école tout de suite après mon entrée au lycée. Je ne pouvais plus supporter d'être emmaillotée dans le même uniforme que les autres. J'ai essayé d'y aller habillée comme ça une fois ils se sont tous fichus de moi, mes amies m'ont mise à l'écart, et j'ai laissé tomber. Donc je veux montrer mon vrai moi, en portant ma tenue de combat. Après tout quel mal y a-t-il à faire ce qu'on aime ?"
     
    "Nous sommes tant écartés de la société et nous sommes si immatures que nous redoutons toujours le monde extérieur."

     

    (Cat street T.1 de Yoko Kamio)

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • "Je n'aime pas le mot "handicapé". (...)
    Je n'aime pas non plus le mot "anormal", surtout quand il est collé à "enfant".

    Pas comme les autres


    Qu'est-ce que ça veut dire, normal ? Comme il faut être, comme on devrait être, c'est-à-dire dans la moyenne, moyen. Je n'aime pas trop ce qui est dans la moyenne, je préfère ceux qui ne sont pas dans la moyenne, ceux au-dessus et pourquoi pas ceux au-dessous, en tout cas pas comme tout le monde. Je préfère l'expression "pas comme les autres". Parce que je n'aime pas toujours les autres.
    Ne pas être comme les autres, ça ne veut pas dire forcément être moins bien que les autres, ça veut dire être différent des autres." (p.104)

    (Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier)

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • "Ma mère critique tout le temps ma vie de solitaire. Fais un petit effort... Appelle des copains ! Faut que tu sortes un peu ! Sortir ? Pour aller où ? Chez qui ? Pour faire quoi ? Pourquoi est-ce que je devrais changer pour devenir celle qu'ils voudraient que je sois ? Pour qu'ils me rangent tranquillement dans le casier des "filles normales" ?" (p.12) 

     

    "Sûr qu'elle me prend pour le vilain petit canard qui ne veut pas aller barboter dans la mare avec la troupe." (p.16) 

     

    La fille bizarre de la classe

    "Mais qu'est-ce que tu fais quand tu te trouves trop forte par rapport aux nuls, et pas assez forte par rapport aux très bons ? Qu'est-ce que tu fais quand, à la cantine, il n'y a pas de place pour quelqu'un comme toi ? Tu vas te bagarrer ou... tu fiches le camp ? Tu fais ce que tu peux pour leur ressembler ? Ou alors... tu racontes tout ça dans un cahier et tu écris des contes, des histoires ? Tu inventes quelque chose à partir de rien, assise toute seule au fond de la cour en te demandant pourquoi personne ne voit les choses comme tu les vois toi ?" (p.17) 

     

    ""Garçon perdu", c'est une catégorie que j'ai inventée. On est tous classés dans des catégories, qu'on le veuille ou non, alors, moi, j'en ai inventé quelques-unes." (p.39)

     

    "La plupart des élèves sont dans la catégorie des "Bêêê...". habillés tous pareils, ils ne se déplacent qu'en troupeau, disent la même chose, font la même chose, pensent la même chose." (p.39) 

     

    "- Margaux.. Z'aimerais que Zulien et toi travailliez en binôme !
    Elle veut dire par là qu'on forme une équipe de deux comme Marion, Agathe et Antoine font un joyeux trio ! Mais, moi, je reste seule d'habitude, je suis la fille bizarre de la classe, moi !" (p.41) 

     

    "- Je n'ai jamais eu de petit ami, pas de vrai copain non plus d'ailleurs. Quand j'étais petite, je me demandais pendant des heures dans mon jardin comment ça arrivait. je connaissais plein de garçons et de filles de l'école ou du quartier, mais jamais je n'aimais ce qui leur plaisait, et vice versa...
    - Et ils te trouvaient bizarre de ne pas partager leurs goûts...
    Le soleil réchauffe la chambre ; je ressens cette chaleur à l'intérieur de moi ; c'est drôle, je n'avais jamais parlé à qui que ce soit comme ça. J'ai pris l'habitude de les haïr tous en bloc mais, en fait, j'aurais peut-être bien voulu leur ressembler un peu, participer aux choses, même sans savoir à quoi !
    - Ou tu n'avais pas envie de les avoir sur le dos... continue Julien. Dans toutes les écoles où j'ai été, c'était la même chose. Ils étaient tous pareils, partout la même bêtise." (p.106) 

     

    (Chien errant de Kathe Koja)

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • "Ah, s'il pouvait y avoir un monde

    où chacun serait accepté tel qu'il est !" 

     

    Tel qu'il est

    (Cachés de Mirranda Burton, page 65)

    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique