• La pire insulte

    « Pédé. La pire insulte dans la cour de récréation, même s'il ne sait pas exactement ce que cela recouvre – deux hommes ensemble, mais qui font quoi ? Qui s'embrassent ? Qui s'aiment ? Qui s'aiment comment ?

     

    Un jour, Tom et lui ont vu dans la rue un homme en pantalon de cuir et débardeur qui parlait fort dans son téléphone portable en faisant de grands gestes avec ses mains. Tom lui a glissé à l'oreille que c'était un pédé et ils ont gloussé tous les deux. Ils se sont même amusés à l'imiter, mais longtemps après, parce qu'ils ne savaient pas trop si c'était bien de faire ça.

     

    Son père n'avait rien à voir avec cet homme-là. D'abord, il ne s'habillait pas comme ça. Gilles portait toujours des costumes, et le week-end, quand il ne travaillait pas, il mettait un jean et un tee-shirt. Pourquoi son grand-père avait-il dit ce mot-là, alors ? »(p.64-65)

     

     

    « C'est fini, l'époque des petites classes où ils se disputaient dans la cour de récréation à coups de « Mon père il est plus fort que le tien, il a une plus grosse voiture, il gagne plus d'argent ! »

     

    Au collège, ce qui compte, c'est qui on est, indépendamment de ses parents. On s'y fait respecter par ses seules qualités, ses seules prouesses, et on ricane dans le dos de ceux qui continuent de mettre en avant leur père ou leur mère. » (p.134)

     

     

     

    « - En fait, ce qui m'embête, c'est que... les autres ne se posent pas de question, vous comprenez. C'est facile pour eux. Ils savent.

     

    - Ils savent quoi, Théo ?

     

    - Que c'est avec des filles qu'ils ont envie de sortir, évidemment !

     

    - Et toi, tu ne sais pas ?

     

    Théo s'était contracté, les mains crispées sur le rebord de la table.

     

    « Non... Enfin, si. Je ne sais pas ! Comme mon père vit avec un homme maintenant et qu'avant il vivait avec ma mère, comment voulez-vous que je sache si je dois sortir avec une fille ou avec un garçon ? »

     

    François s'était approché de Théo et l'avait pris par les épaules.

     

    « Ce que j'entends dans ce que tu dis, Théo, c'est que tu n'as pas encore rencontré la personne qui te convient. Celle qui te fera dire : c'est elle et pas une autre. Celle qui te semblera une évidence. » (p.156-157)

     

     

     

    « - Comment on peut en être sûr ? Regardez mon père. Il aimait ma mère, avant, et aujourd'hui, c'est un homme qu'il aime.

     

    - C'est vrai, mais s'il vous a imposé, à vous comme à lui, autant de souffrance, c'était sans doute pour ne plus se mentir à lui-même. »

     

    Théo était demeuré songeur, plongé dans les souvenirs de la séparation.

     

    « Vous croyez qu'il y a des hommes qui sont homosexuels mais qui ne s'en rendent jamais compte ?

     

    - Bien sûr qu'ils s'en rendent compte, mais ils préfèrent le nier, ne pas savoir. Pour toutes sortes de raisons. La pression sociale, le qu'en dira-t-on, bref, le regard des gens « normaux ». Cela dit, c'est en train de changer. » (p.157-158)

     

     

     

    « Il n'y a pas de fatalité, Théo. Ce n'est pas parce que son père ou son frère est homosexuel qu'on l'est soi-même. L'attirance que l'on éprouve pour un être, lorsqu'elle est sincère, n'est pas dictée par la morale, la société, la mode ou que sais-je encore. Elle ne répond qu'à la loi du cœur. Alors, écoute ton cœur, Théo, c'est la meilleure chose que tu as à faire, car c'est lui qui te donnera la réponse à ta question. » (p.160)

     

     

     

    (Ne le dis à personne de Josette CHICHEPORTICHE)

    « La lettre FCuillères »
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