• L'influence du stress émotionnel sur les pratiques des classes populaires

     « Ils ignorent le rôle que joue le stress dans leur propension à l'autosabotage.

     Ce serait un non-sens d'étudier les pratiques des classes populaires et d'en tirer des conclusions, et encore plus de légiférer dessus, sans se pencher d'abord sur le facteur stress et les problèmes dont il est la cause directe (suralimentation compensatoire, tabagisme, dépendance au jeu, alcoolisme, toxicomanie, recours à l'agressivité ou à la violence...). Ceux parmi vous qui ne fréquentent pas, ou peu, les personnes issues d'une catégorie moins favorisée peuvent se sentir démunis face à ces troubles. Moi-même je trouve ces comportements incompréhensibles alors que je les ai presque tous pratiqués, jusqu'à l'écoeurement. Mais ces pratiques nocives sur le long terme, offrent un bref répit aux malheureux torturés par le stress émotionnel, l'angoisse ou le sentiment d'une catastrophe imminente ; elles leur donnent l'illusion, un bref instant, d'avoir les choses en main. Ce surmenage psychologique, qui finit par éroder la volonté, déclenche des envies, des pulsions et des contraintes auxquelles il devient impossible de résister. Le stress est un mal qui frappe sans discrimination sociale, j'insiste beaucoup dessus. Loin de moi l'idée de minorer ou d'étouffer les soucis dont sont victimes les personnes issues des milieux aisés, et je ne dis pas non plus que la classe moyenne n'en souffre pas. Mais le stress émotionnel qui entrave le développement, abîme la santé, sape la mobilité sociale et influe sur le comportement, causant des ravages sans commune mesure au sein des classes laborieuses. Ce phénomène doit être reconnu.

     

    L'influence du stress émotionnel sur les pratiques des classes populaires

    Il y a le « bon stress », qui peut servir de catalyseur et motiver les troupes ou provoquer une gêne passagère. Ce n'est pas ce qui nous occupe ici : celui qui vit dans la précarité, qui a peut-être subi des sévices enfant, celui-là, le stress le dévore de l'intérieur : c'est un brouillard dans lequel il patauge en permanence et qui assombrit chaque aspect de sa vie. Il n'en existe pas de définition médicale précise. Pour faire simple, c'est le corps qui réplique face à ce qu'il perçoit comme un danger psychologique ou émotionnel. Se croyant agressé, l'organisme modifie sa composition chimique et libère hormones et autres substances qui faciliteront le passage à l'acte. Ce processus se déclenche automatiquement, à un niveau inconscient, et avait déjà cours chez notre ancêtre, l'homme des cavernes. En l'espace de plusieurs milliers d'années, les causes du stress ont changé, mais pas la réaction instinctive de notre organisme : les muscles sont irrigués par un afflux de sang, une montée d'adrénaline modifie la prise de décision. Le stress altère également la gestion des réserves d'énergie car, en cas d'émotion intense, l'organisme stocke de la graisse au niveau du ventre pour la brûler une fois que la menace aura disparu. Mais, quand on survit dans des conditions extrêmes, de celles qu'on associe à la pauvreté, la menace est toujours présente et on reste sur le qui-vive, mentalement et physiquement. Alors le stress bouleverse irrémédiablement notre physiologie.» (p.117-119)

      

    (Fauchés. Vivre et mourir pauvre de Darren McGARVEY)

     

     

    « Là où arrivent les hommes médiocresComme une chaussure trop petite »
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