• L'homme n'aime pas ce qui lui est étranger

    « Il faut se rappeler que la période de mon enfance, qui s'étend de la fin des années 2040 au déclenchement de la guerre en 2061, fut une des plus troublées de l'histoire de l'humanité. On se cloîtrait, et on s'armait. Déjà les dirigeants préparaient l'opinion à l'apparente nécessité du conflit.

    L'homme n'aime pas ce qui lui est étranger

     

    Et puis à l'époque déjà, rares étaient ceux qui ne vivaient pas en ville. On regardait les hors-cité avec amusement, un peu de commisération, un peu de méfiance aussi, puisque l'homme n'aime pas ce qui lui est étranger. A mesure que passeront les années, ceux qui comme moi auront décidé de s'affranchir des contraintes des mégalopoles, qui ne supporteront plus la promiscuité assortie de la solitude, qui ne voudront plus regarder leur vie à travers un masque, ceux-là seront de plus en plus rejetés. Mais l'ostracisme m'importe peu ; c'est moi qui ai fait le premier pas pour m'éloigner du monde. C'est moi qui ne veux plus d'eux tous, après ce que j'ai vécu. Donnez la vue à un homme aveuglé par le bandeau de son ignorance, en lui retirant la pièce de tissu tendue jusqu'alors sur ses yeux. Comment pourrait-il prétendre à un retour à son ancienne condition ? La guerre m'a arraché mon bandeau, j'ai vu ce dont nous sommes capables, je ne serai plus jamais le même, et je ne veux plus jouer leur comédie. » (p.24-25)

      

     (La guerre des plaines bleues de Jean-François CHABAS)

    « CharpentesLa Chine »
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