•  

    « Pourquoi avais-je écrit ces choses sur elle ? Je ne la détestais pas. Vraiment. En fait, je ne la connaissais pas assez bien pour avoir une opinion à son sujet. Alors pourquoi avais-je fait ça ? Probablement pour faire rire Amber. La honte me brûlait comme de l'acide et je baissai les yeux.

     

    - Alors pourquoi ? demanda-t-elle.

     

    Je levai les yeux et vis sa lèvre inférieure trembler.

     

    - Qu'est-ce que je t'ai fait ? insista-t-elle.

     

    Ma bouche s'ouvrit, puis se referma. Les mots ne venaient pas. Aucun mot n'aurait pu expliquer pourquoi j'avais dit ces choses terribles. » (p.99)

     

     

     

    « Je suivis du bout des doigts les mots DELANEY HICKLER EST UNE SALE PUTE. Les années, sinon les décennies, avaient délavé les couleurs, mais comme un fantôme, la colère émanant de chaque lettre refusait de mourir. Tant de fois, j'avais été aux toilettes, entourée de ces mots pleins de haine, et je n'y avais jamais prêté la moindre attention. Mais à présent que j'avais mon propre graffiti, je ne pus pas m'empêcher de me demander si Delaney Hickler s'était déjà assise dans cette cabine et avait lu ces mots. Avait-elle ressenti cette brûlure dans sa poitrine, comme moi ? Avait-elle pleuré, comme moi ? Et à présent qu'elle avait quitté cet endroit depuis des années, y repensait-elle encore parfois ? Le temps avait-il cicatrisé les plaies ? » (p.164)

     

    Les mots blessent

     

    « Il y a ce jeu auquel il faut jouer si tu veux être populaire. Le score est calculé en SMS, statuts Facebook, graffitis dans les toilettes et larmes. Plus on inflige de douleur, plus on avance. Le tout, c'est d'avoir toujours un coup d'avance sur les adversaires. Mais il y a une chose que je n'ai pas comprise avant qu'il soit trop tard: on peut jouer à ce jeu pendant des mois, des années même, et ne jamais gagner. Parce que tous les joueurs sont automatiquement perdants. Je ne veux plus jouer. Et je suis désolé d'avoir entamé une partie. » (p.256-257)

     

     

     

    « - Ces murs, ce sont nos coeur. Dès que quelqu'un fait un commentaire, celui-ci s'inscrit en nous de manière permanente. Les mots gentils, les mots méchants. Bien sûr on peut rayer les mots ou essayer de repeindre par-dessus mais sous les couches d'encre et de peintures, ils sont toujours là, gravés au plus profond de nous comme des initiales gravées dans le tronc d'un arbre. Alors, on se balade avec ces cicatrices, mais personne ne les voit personne ne sait à quel point elles font mal. Et pendant ce temps, les gens continuent à dire et à écrire de nouvelles choses, jusqu'à ce que le moindre centimètres carré de nos coeurs soit couvert d'un venin si noir que nous même ne sommes plus capable de voir le bon en nous. Alors nous commençons à ajouter nos propres mots, et ils sont plus sombres que tout le reste et les cicatrices s'inscrivent plus profondément encore que les autres.

     

    (…)

     

    J'ai fait ma part de médisance. Je me suis rendu compte trop tard de tous les dégâts qu'avaient causés les mots que j'avais écrits et prononcés. Tout comme ces graffitis sur les murs, ces mots seront inscrits pour toujours dans le cœur de certaines personnes. Elles vivront le reste de leur vie avec des cicatrices que je leur ai infligées. Non seulement je voulais présenter mes excuses aux personnes que j'ai blessées mais je voulais aussi empêcher les autres d'infliger les mêmes peines. Les murs ne sont qu'un symbole, mais j'ai l'espoir que remplacer les mots empoisonnés dans nos cœurs par des preuves d'amour pourra peut-être effacer certaines de nos cicatrices. » (p.326-327)

     

     

     

    (Blacklistée de Cole GIBSEN)

     

     

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  •  

    « Je ne m'explique toujours pas d'avoir tu à ma famille l'isolement scolaire dont j'étais victime. (…)

     

    Personne ne doit aller à l'école la boule au ventre. Le corps enseignant comme les proches doivent être vigilants et attentifs à tous ces signaux extérieurs de mal-être. Tous les milieux sont concernés, sans exception. Et surtout, les enfants doivent oser parler, pour que le cauchemar cesse. C'est la seule issue. » (témoignage de Mélissa THEURIAU en préface)

     

     

     

    « Le harcèlement réunit trois critères : la volonté de nuire, la répétition et enfin un rapport de force dominant / dominé.

     

    Un enfant peut subir différentes situations de harcèlement au cours d'une même journée, dans différents espaces scolaires (la salle de classe quand l'enseignant(e) a le dos tourné, la cour de récréation, les couloirs, les escaliers, les toilettes, la cantine, le bus...). Une fois que les attaques s'installent, le harcèlement peut durer tant que « la loi du silence » n'a pas été brisée.

     

    Quand on est victime de harcèlement, on est très souvent isolé face à un groupe. On peut se retrouver seul face à un groupe de deux ou trois élèves ou face à un groupe « classe », à savoir toute une classe qui s'acharne sur la ou le même élève.

     

    Au bout d'un moment, certains élèves finissent même par être désignés « victimes » par tout le monde et subissent des faits de violences répétées de la part d'enfants d'autres classes, d'autres niveaux. » (postface par Noémya GROHAN)

     

    Pour que le cauchemar cesse

     

    « Si tu es victime de harcèlement

     

     

     

    A l'école, si tu réalises que tu subis des méchancetés répétées, des claques dans la tête, un isolement dans la cour de récréation ou à la cantine, si tu es victime de vol d'affaires personnelles ou de dégradations, si tu reçois des messages blessants ou si tu es victime de toute autre situation qui fait mal, intérieurement ou physiquement, il ne faut surtout pas garder le silence. Il faut réagir tout de suite et alerter les adultes de l'école, ta famille ou tout autre adulte de confiance. Il ne faut pas te renfermer sur toi-même. Le harcèlement, c'est grave.

     

    Si tu n'arrives pas à le dire, tu peux l'écrire, parfois c'est plus facile !

     

    Si tu ne te sens pas à l'aise pour en parler à quelqu'un de ton école ou de ta famille, tu peux contacter le numéro vert « NON AU HARCELEMENT » : 3020. Des professionnels seront là pour t'écouter, répondre à tes questions, te conseiller, t'aider à sortir de cette situation.

     

     

     

    Si tu es témoin de harcèlement

     

     

     

    Si dans ta classe ou dans l'école, tu vois un élève subir régulièrement des moqueries, être insulté, appelé avec un surnom dévalorisant, être racketté, isolé, bousculé sans aucune raison, ou victime de toute autre situation injuste, il faut tout de suite réagir ! Il est important de soutenir l'élève victime, et de faire comprendre au harceleur qu'il fait quelque chose de mal. Il ne faut surtout pas rigoler, pour ne pas valoriser les méchancetés. Il faut aussi en parler aux adultes pour trouver de l'aide et des solutions. » (postface par Noémya GROHAN)

     

     

     

    « Le harcèlement peut se retrouver en milieu scolaire, mais il peut aussi se retrouver partout ailleurs : dans les clubs de sport, sur le temps périscolaire, en accueil de loisirs le mercredi ou pendant les vacances... Dans tous les cas, il est important de ne pas laisser faire et de se confier le plus rapidement possible aux adultes vers lesquels on se sent le plus en confiance. Le harcèlement, plus tôt on en parle, mieux c'est ! Il y aura toujours une personne qui sera là pour réagir et vous soutenir. » (postface par Noémya GROHAN)

     

     

     

    (Seule à la récré d'ANA & BLOZ)

     

     

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  • « Mon histoire

     

     

     

    A huit ans, je me retrouvais face

     

    A ce grand bâtiment

     

    Prête à entrer

     

    Je me sentais vivante

     

    Mais je ne savais pas

     

    Qu'être écolière

     

    Serait un combat

     

     

     

    A neuf ans, j'essayais

     

    De choisir mes fringues

     

    Pour mon plaisir

     

    D'écrire

     

    Pour me sentir libre

     

    Mais ils m'ont attaquée

     

    Juste pour avoir voulu

     

    Être moi

     

     

     

    A dix ans, j'ai fait plein d'efforts

     

    Parce que ça avait été l'enfer

     

    Je me suis habillée comme eux

     

    Pour faire partie de leurs jeux

     

    Sauf que dans ma tête

     

    J'étais toujours moi

     

    Bien différente d'eux

     

     

     

    (…)

     

    A douze ans,

     

    Je voulais être

     

    Une fille populaire

     

    Je rêvais de tourner des films

     

    De me glisser dans d'autres peaux

     

    Sans jamais revenir

     

    Dans ma première vie

     

    Mais on m'a dit

     

    Tu seras toujours notre victime

     

     

    (…)

     

    A treize ans,

     

    Je sentais les ténèbres

     

    Qui gagnaient mes rêves

     

    J'ai eu peur de me noyer

     

    Dans leurs regards de haine

     

    Leurs paroles abominables

     

    Critiquaient mon corps

     

    Je courais pour fuir le noir

     

    Qui rampait

     

    Juste derrière moi

     

     

     

    (…)

     

    C'est l'écriture qui m'a sauvée

     

    Des mots contre les tyrans

     

    Des mots sur le suicide

     

    Je ne voulais pas mourir

     

    Juste crier

     

    Que ma souffrance ne me quittait pas

     

    Je la combattais comme je pouvais

     

    Je n'aimais plus manger

     

    Quand je me regardais

     

    Mon corps était couvert

     

    Des mots tracés par mes bourreaux

     

    « Grosse », « Immonde », « Repoussante »

     

    ça me remplissait

     

    Les oreilles et les yeux

     

    Je ne riais plus jamais » (p.13-18)

     

     

     

    (Guide de survie pour ados et autres conseils pour résister au harcèlement d'Aija MAYROCK)

     

     

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  •  

    « Malgré tout, je restais résolue à ne pas leur montrer à quel point j'étais terrifiée. Je me réfugiai derrière une apparente indifférence, mais à chaque pas que je faisais au milieu de la foule, une nouvelle fissure se formait dans mon masque.

     

    Les murmures continuaient à me traquer, même une fois que je fus enfin parvenue à sortir de l'arène qui s'était formée autour de moi. Le groupe de spectateurs m’emboîta le pas dans le couloir et me suivit dans la cour. Partout où j'allais, d'autre élèves m'observaient, échangeaient des sourires complices et riaient ouvertement sur mon passage. » (p.48)

     

     

    Au centre de l'arène

     

    « Je ne voulais pas pleurer. Au lycée, verser des larmes revenait à verser son sang : toute blessure, si petite fût-elle, était signe de faiblesse.

     

    Et le lycée détruisait les faibles. » (p.62)

     

     

     

    « Le Syndrome du Témoin. C'était un phénomène que j'avais étudié en cours de psychologie en seconde. En bref, il était rare qu'un groupe de personne vienne en aide à quelqu'un qui avait des ennuis, puisque chacun supposait qu'un autre allait le faire. C'était exactement ce qui était en train de m'arriver. » (p.105)

     

     

     

    « - Qu'est-ce que ça peut te foutre tout ça ? Tout ce qui se passe dans ce bâtiment, c'est des conneries. Ça n'aura aucune importance dans quelques années. Pourquoi perdre une seule seconde de ta vie à t'inquiéter de ce que pensent ces gens ? Des gens que tu ne reverras plus jamais après avoir eu ton diplôme ? » (p.145)

     

     

     

    « On va jouer à un jeu, répondit-il en m'entraînant vers l'entrée du lycée. On va faire comme si on vivait dans un monde où on n'est pas obligés d'aller dans un établissement rempli de connards qui nous jugent. On va faire comme si on pouvait faire tout ce qu'on voulait sans aucune répercussion sociale, et chaque fois qu'on y arrive, on marque un point. » (p.223)

     

     

     

    (Blacklistée de Cole GIBSEN)

     

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  •  

    « - C'est tout ?

     

    - C'est... c'est tout ? Euh, tu m'as bien écou...

     

    - Tu es juste tombé amoureux d'un garçon, et ça s'est su ?

     

    Tu n'as rien fait de mal, non ?

     

    Pourquoi tu devrais avoir honte ou te cacher pour ça ? »

     

    Pourquoi avoir honte ?

     

    « C'était à l'époque où on était encore au collège. On se doutait tous un peu qu'Endô avait le béguin pour Kunieda. C'était pas très difficile à deviner.

     

    Alors on lui a tendu un piège pour en être certains.

     

    On lui a envoyé un mail en se faisant passer pour Kunieda.

     

    « Je crois que je t'aime... si tu es d'accord, rejoins-moi derrière la cour de l'école. »

     

    (…)

     

    Et on a touché dans le mille !

     

    Je ne sais pas qui a vendu la mèche mais la rumeur s'est répandue en un rien de temps. Et on était un bon paquet à l'attendre derrière la cour.

     

    (…)

     

    Et c'est à partir de ce jour-là qu'[il a] commencé à sécher les cours. »

     

     

     

    (Conveni-kun de JUNKO)

     

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  • Vous aussi, dessinez quatre points sur votre poing pour afficher votre engagement dans la lutte contre le harcèlement scolaire.

     

     

    Pour afficher son engagement contre le harcèlement

    "Les quatre engagements contre le harcèlement : 

     

     

    - Je désapprouve le harcèlement et je n’y participerai jamais. 

     

    - Si le harcèlement m’inquiète ou m’attriste j’en parle autour de moi.

     

    - Je n’exclus personne.

     

    - J’essaierai toujours de défendre une personne qui se fait harceler. "

     

    source : http://deredactie.be/permalink/1.3124797  

    Mouvement "Manipest" parti de Flandre  #samentegenpesten  

     

    Article et vidéos de la RTBF 

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  •  « Mais le plus dur fut la prise de conscience que les collégiens n’étaient pas plus mûrs que les écoliers. Il trouvait que les élèves qui l’entouraient étaient souvent bêtes et méchants . Le début de l’adolescence décuplant l’agressivité de quelques-uns, il était devenu l’objet d’insultes et de moqueries d’une poignée de garçons, dont le plus virulent était dans sa classe.

     

    Un soir d’octobre, paniqué, il revint avec un mot sur le carnet de liaison signé de l’enseignante d’EPS. Elle lui reprochait d’avoir parlé pendant qu’ils couraient. Mais Elijah m’assura que ce que la prof décrivait comme un bavardage, était une tentative de se défendre d’attaques verbales et qu’elle ne pouvait l’ignorer, puisqu’il était allé la voir à trois reprises pour lui signaler la volée de « fils de pute, pédé, connard » et autres mots fleuris émanant de la bouche de ce jeune. Je ne manquai pas de porter cela par écrit à l’enseignante qui corrobora avoir été appelée à l’aide pour ces insultes répétées, et me dit sommairement de ne pas m’inquiéter. Mes objections ne reposaient pourtant pas sur une inquiétude, mais sur une incompréhension de la logique de cette enseignante qui sanctionnait la victime, pas le fauteur.

     

    L’agression arriva, au retour des vacances de Noël. Elijah fut frappé à l’oeil avec sa règle qui lui avait été arrachée des mains. Loin d’être calmé, Julien, son agresseur, l’avait aussitôt poussé contre un bureau avant de le rouer de coups de pieds et coups de poings, le voyant pourtant recroquevillé au sol, la main posée sur l’oeil, pleurant. Cela s’était produit en classe, à un intercours et alors qu’il rangeait ses affaires, pendant que l’enseignante d’allemand rangeait elle-même sa sacoche.

     

    Elle dira plus tard n’avoir rien vu de tout cela, ni rien entendu du fait du bruit des enfants changeant se salle, s’étant contentée d’accompagner son jeune élèves à la Vie scolaire. L’agresseur avait pourtant chanté durant le cours à voix haute « Je vais péter la gueule d’Elijah », allant jusqu’à se déplacer à quatre pattes à travers la classe vers mon fils pour le taper et le pincer. L’établissement s’était bien gardé de m’appeler et de m’informer de ce qui venait de se dérouler, le laissant poursuivre sa journée comme si de rien n’était, et alors qu’il avait demandé à ce que je sois avertie, et même aller à la piscine en EPS durant deux heures (quoi de mieux que le chlore pour une cornée potentiellement endommagée?). Il me fallut trois jours, une visite chez le généraliste et un rendez-vous en urgence chez l’ophtalmologue pour obtenir auprès de mon enfant les détails complets de ce qu’il avait subi. » (p.114-115)

     

     

    « Saisissant illico la direction, nous attendions de sa part une réaction intransigeante à l’égard de ce garçon de trois ans de plus qu’Elijah. Les deux enfants furent reçus seuls par le CPE. Elijah, bien que persuadé que l’autre viendrait se venger, avait eu le courage de l’affronter. L’agresseur, cherchant à nier dans un premier temps, dut s’incliner devant les détails donnés par sa victime. Il se justifia ainsi :

     

    - Il m’avait regardé, ça m’a énervé.

     

    Eh oui, à 12 ans, si jamais on me regarde et que ça me déplaît, s’ensuit une pluie de coups, sans aucune conscience de la gravité de mes actes. Super ! Cerise sur le gâteau, le CPE de l’établissement s’était permis de me conseiller par écrit d’apprendre à mon fils à éviter les regards désagréables ou provocateurs envers d’autres. Fichtre, voilà que l’adulte responsable de la sécurité et de la politique éducative dans l’établissement trouvait que, pour un enfant de 9 ans, le fait de regarder de manière « niaise » un autre enfant de 12 ans pouvait constituer une provocation et, par voie de conséquence, un appel à l’agression. Cela me rappelait d’autres discours indécents sur les agressions sexuelles et les phrases du style « elle l’a cherché ». J’ai donc remis en place ce personnage, lui rappelant sans cérémonie qu’il était question de l’enceinte d’un collège, pas de la rue ou d’une cité sensible où l’on risque effectivement de se faire rosser pour la simple raison que l’on a regardé quelqu’un qui se sent défié ou provoqué.

     

    Elijah n’a jamais su répondre aux offensives. Il n’a jamais eu l’étoffe d’un bagarreur et ne comprend pas que l’on puisse agir ainsi, il n’en saisit pas la raison. Mais est-ce un tort ? Est-ce là le prix à payer pour sortir des clous ? Ne pas être dans la norme impliquerait-il de subir ce type d’agressions ? Faudrait-il l’accepter comme le revers de la médaille, le risque inhérent à toute différence ou encore la punition pour avoir un haut QI ? On prendrait le pack « haut potentiel intellectuel et victime de violences volontaires ». non, je refuse de vivre dans un monde qui demande à un enfant de baisser la tête et de regarder ses pieds pour ne pas en agacer un autre, sous peine d’être injurié et cogné.» (p.116)

     

     

    (Les Tribulations d’un Petit Zèbre d’Alexandra REYNAUD)

     

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  •  

    «  Il fut harcelé par certains, poursuivi jusqu'à la cantine. M'étonnant devant deux professeurs que l'équipe agisse comme si elle ne voyait rien de ce qu'il vivait, l'un d'eux me dit : « Nous ne pouvons pas faire du social toute la journée. » Et mon fils fut placé, quelques jours plus tard, à côté de l'un de ses harceleurs par son professeur principal, monsieur Toscan.

     

    Ce n'était pas une première, il avait déjà fait l'objet plus tôt dans l'année de ce type de traitement, placé tantôt à côté du cancre de la classe, sur la sellette depuis le premier conseil de classe pour des avertissements répétés de comportements, tantôt à côté d'un maître des insultes. Sur trente élèves, tous ceux qui partageaient le bureau du zébrillon étaient des bourreaux, jamais des élèves paisibles. Et à chaque fois qu'il demandait à changer ce plan de classe, expliquant les tensions et l'impossibilité pour lui de se concentrer dans ces conditions, monsieur Toscan balayait sa requête par des « on ne va pas tout modifier pour toi, ne fais pas le bébé, tu feras avec ». Lorsqu'il avait fait valoir qu'il voyait très mal à l'avant-dernier rang, portant des lunettes, le professeur avait renvoyé le duo (formé par Elijah et son camarade de table) au dernier rang ! Plus nous voulions signaler les anomalies, plus l'équipe s'échinait à aller dans le sens opposé, comme si l'objectif était de me dire : « On fera ce que l'on voudra, Madame, avec votre enfant. »

     

     

    Non assistance

     

    Les brimades ont continué. Puis le dernier conseil de classe s'annonçant, le professeur principal, monsieur Toscan, a demandé à me rencontrer. Je me rendis donc à cet entretien en pensant qu'il souhaitait peut-être faire son mea culpa pour cette année rocambolesque et l'attitude peu compréhensible de la quasi-totalité des enseignants (ma naïveté me perdra...). Que nenni ! L'objectif de cette rencontre était tout autre : atterrant et surprenant à la fois. Il me demanda avec impudence si nous avions envisagé un redoublement pour Elijah, qui lui serait bénéfique socialement, selon lui, car il ne voulait que son bien, me dit-il. Cela me donna l'impression dérangeante et écœurante que l'on se foutait allègrement de nous. » (p.117-118)

     

     

     

    «  Au magnétisme des jeux s'est rapidement ajouté celui de ses YouTubers/gamers fétiches, comme il me l'expliquait un jour où je voulais savoir ce qui le captivait tant dans ces séquences :

     

    - Le collège, c'est l'enfer. On m'a frappé et insulté, on se moque de moi dans les couloirs, dans la cour ou au gymnase, on rigole tous les jours dans mon dos à la cantine, quand on ne crache pas sur mon plateau. Et les profs n'arrivent pas à faire stopper ça. Les jeux et l'informatique sont le seul endroit où je ne crains pas d'être agressé ou jugé par les autres, les vidéos que j'aime me donnent l'impression d'avoir des amis qui me parlent de leur vie. C'est mon seul moment de répit ! » (p.130)

     

     

     

    (Les Tribulations d’un Petit Zèbre d’Alexandra REYNAUD)

     

     

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  •  

    « Le saviez-vous ? Les orques se déplacent en meutes. Chaque meute a sa propre série de cliquetis, sifflements et cris. Cela renforce la cohésion du groupe.

     

    C’est exactement pareil à la rentrée des classes : une floppée d’enfants terrifiés arrivent d’un peu partout, et en l’espace de quelques semaines, ils forment leur bande. Les sportifs s’intègrent dans les équipes de sport ; les intellos s’inscrivent à des clubs, genre « échecs » ou « informatique » ; les adeptes de la fumette se trouvent un coin derrière des buissons, juste à la sortie du bahut.

     

    Si bien que quand un nouveau arrive en janvier, personne ne le remarque vraiment. Chacun a déjà sa bande. Ce qui me va très bien. Je suis content d’être comme Luna, l’orque qui s’est séparée de sa meute et a voyagé toute seule pendant deux ou trois ans , au large des côtes de Vancouver. (…)

     

    Mais le problème, le voici : il y a toujours au moins un autre élève qui, lui aussi, nage en solitaire, parce que aucune bande ne veut de lui. » (p.8-9)

    La meute

     

     

     

    « Je respectais le journaliste du coin parce qu’il avait aussi déniché beaucoup d’infos sur la tyrannie constante qu’avait endurée mon frère, y compris quelques incidents dont mes parents et moi ignorions tout : la page « Jesse Larsen est un PD » sur Facebook, qui avait été supprimée rapidement mais pas avant qu’il l’ait vue – ainsi que les cinquante-deux « likes » qu’elle s’était attirés en moins d’une semaine ; la chute « accidentelle » dans le couloir qui l’avait envoyé aux urgences pour se faire recoudre (nous étions au courant pour les points de suture, bien sûr, mais pas que Scott en était responsable) ; la crotte de chien qu’il avait trouvée un jour dans son casier. Ce journaliste-là présentait l’histoire sous toutes ses facettes. Mais beaucoup d’autres articles que j’ai lus étaient truffés de mensonges. Plusieurs soi-disant « experts » , des gens qui ne nous connaissaient même pas, laissaient entendre que mes parents avaient dû être violents, ou absents, ou carrément débiles. » (p.50)

     

     

     

    « - Tu veux aller le dire au proviseur ?

     

    Là, il m’a regardé comme si j’étais fou à lier. Il n’a pas eu besoin d’ajouter un mot : je savais exactement ce qu’il voulait dire. Aller voir le proviseur pouvait éventuellement améliorer les choses… ou, plus sûrement, les aggraver.

     

    Jesse était allé se plaindre, une fois. Le proviseur avait parlé à Scott. Et savez-vous ce qui s’est passé ? Scott a simplement fait plus attention à ne pas se faire prendre. Et Jesse était officiellement devenu une balance. » (p.83)

     

     

     

    (Le journal malgré lui de Hanry K. Larsen par Susie NIELSEN)

     

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