• "- ça m'est égal comment on m'appelle,pourvu qu'on m'appelle pas comme à l'école.
    Ralph manifesta un commencement d'intérêt.
    - Et comment on t'appelait ?
    Le gros garçon lança un coup d'oeil par dessus son épaule,puis se pencha vers Ralph.
    Dans un murmure,il dit:
    - On m'appelait "Piggy"
    Ralph rit aux éclats.Il bondit sur ses pieds.
    - Piggy !Piggy !"

     

    "PIGGY : Qu'est-ce qui vaut mieux ? Des lois pour être sauvés, ou bien la chasse pou être détruits ? Avoir des règles et les respecter, ou chasser et tuer comme une bande de sauvages ?
    RAPPH : Cochonou ?
    PIGGY : Vous pensez que vous faites quoi là , hein ? Avec vos lances et vos pierres ? Ça, ça veut dire que vous devez m'écouter, vous m'entendez ? Ça, ça veut dire que nous avons quelque chose à quoi nous raccrocher pour ne pas oublier qui nous sommes. Vous comprenez ? Moi je n'ai pas oublié, je n'ai pas oublié tout ce que j'ai appris."

    "Ce fut un éclat de rire général auquel se joignirent même les plus petits. Pendant un bref instant il se forma un circuit de sympathie dont Porcinet était exclu. Celui-ci rougit, baissa la tête et s'absorba dans le nettoyage de ses lunettes."

     

    "Un fou rire général unit Ralph aux autres garçons et détendit l'atmosphère. Une fois de plus, Porcinet servit de bouc émissaire et son ridicule permit à la communauté de retrouver son équilibre et sa gaieté."

     

    "- Oui, c'était comme ça au début, répliqua Ralph, avant que les choses...
    Il s'interrompit.
    - Au début, on s'entendait...
    L'officier l'encouragea du menton.
    - Oui, je comprends. La belle aventure. Les Robinsons...
    Ralph fixa sur lui des yeux vides. Il se remémora dans un éclair l'éclat prestigieux qui avait autrefois baigné cette plage. Mais l'île n'était plus qu'un amas de bois mort, calciné. Simon était mort... et Jack avait... Les larmes lui jaillirent des yeux et des sanglots le secouérent. Pour la premiére fois depuis leur arrivée dans l'île, il s'abandonnait au chagrin et des spasmes déchirants le secouaient des pieds à la tête. Il exhalait son désarroi sous la nappe de fumée noire qui recouvrait les ruines fumantes de l'île. Pris de contagion, les autres petits garçons commencèrent à trembler et à sangloter. Au milieu d'eux, couvert de crasse, la chevelure emmêlée et le nez sale, Ralph pleurait sur la fin de l'innocence, la noirceur du coeur humain et la chute dans l'espace de cet ami fidéle et avisé qu'on appelait Porcinet."

     


    (Sa Majesté des Mouches de William Golding)

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  • "Pauvre con, il hurle, pauvre con, bon con, le con, je suis le con, toujours le con. Et le mot con s'englue dans sa tête et ça ne lui fait plus mal. Il s'en fiche aussi d'être un con. Depuis toujours il sait ce qu'il est. On le lui a bien gravé dans le crâne, imprimé sous la peau à coup de tatane. C'est ce qu'il disait son père, le vieux, la crevure, viens là, mon con, que mes pieds t'expliquent la vie, que mes mains t'apportent la vérité, la seule certitude sur laquelle tu peux compter, pauvre con, petit con, grand con. Fils de con." (p.9)   

    Humilié

    "C'est bien, d'avoir un voisin dentiste, elle disait. Bien d'avoir une femme de dentiste comme voisine plutôt qu'une poissonnière, hein ? Et lui, il ne voyait pas le rapport entre les poissons et les dents. Il ne voyait le rapport entre rien, d'ailleurs. T'es aveugle, elle disait, ou naïf ou complètement con, hein, complètement bouché et il soupirait." (p.38)   

    "Tu ne comprends rien, elle lui disait. Et son père aussi. Les deux, ensemble. En écho. Tu comprends rien, t'as un petit pois à la place du cerveau. Du mou de veau, qu'il lui répétait, de la pâtée pour chien. T'es lent à la comprenette. Tu piges que dalle. Il s'en fichait de rien comprendre." (p.49)   

    "Le père lui dit, c'est toi qui as tué ta mère. Tu serais pas né, on la verrait encore danser et chanter. Et remplir la maison de ses rires. Parce qu'elle riait ta mère, et toi, tu l'as trouée. Pire qu'une balle en plein cœur, tu l'as assassinée avec ton corps qui l'a transpercée de haut en bas.
    Et la tante hurle, c'est pas ton fils, le meurtrier, c'est toi. Sale carne. Avec tes mains de tueur et ton caractère pourri. Elle ne voulait plus vivre ma sœur. Elle n'avait plus la force parce que tu lui avais tout pris. Son bonheur et sa joie et son envie." (p.80-81)   

    "Moi aussi. En dedans. Je ne suis pas vieux, Juliette. J'ai treize ans. Tu me crois ? J'ai treize ans pour toujours. C'est ce que je veux. C'est ma prière et je suis ton ami.
    (...) C'est un mensonge. Mon corps est un mensonge. J'ai treize ans, je te dis. Tu peux pas avoir peur de moi. je suis ton copain. S'il te plaît." (p.113)  

     

    (Un petit bout d'enfer de Rachel Corenblit)

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  • "- Voilà ! Je vais vous demander à chacun de relire la déclaration. Si tout vous semble exact, vous devez signer, ici et ici.
    (...)
    Je jette un œil au petit carnet que ma mère a noirci de notes pendant l'entretien. La liste des mots qu'elle a soulignés est beaucoup plus effrayante que le décor : harcèlement, insultes répétées, injure publique, diffamation, sexting, amende de 12 000 €, peine de prison... Le dossier comporte toutes les preuves que nous avons pu assembler avec le policier : le texto de Sofiane que j'ai eu la bonne idée de ne pas supprimer, des captures d'écran sur les blogs, sur le site porno, sur Facebook (...). ça m'a fait froid dans le dos de voir comme ils pouvaient tout savoir de ce que les gens font sur le net. En trois clics, le flic fouillait la page perso de Sofiane censée être supprimée ! Il identifiait les ordinateurs d'où chaque commentaire avait été publié. Comme si rien ne pouvait être effacé de la toile. La facture détaillée, son numéro de portable, tout avait confirmé que c'était bien lui qui avait posté la photo au départ." (p.87-88)

    (Ma réputation de Gaël Aymon aux éditions Actes Sud Junior)

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  • "J'ai joué à la plus maligne. J'ai laissé enfler toutes ces rumeurs. C'était juste un jeu. Mais c'est peut-être ça être une salope : jouer avec le feu."

    "Alors c'est possible. Perdre ses amies en une seconde et demie et se retrouver le "bolos" de la classe !"

    "Les mecs les plus agressifs, je les évite autant que possible. J'essaie de ne pas les provoquer. Quand ils passent près de moi, je m'efforce de m'effacer de leur champ de vision. Il y a aussi tout ceux qui se taisent, qui ne s'occupent pas de moi. Ils jouent les gentils de la meute mais il vont se lâcher le soir sur internet. Ceux qui s'amusent à faire des fakes, des montages photo de moi, juste pour rire, ceux qui inventent des jeux de mots avec mon prénom ..."   

    "Le pire, c'est que je les comprends ! A force d'être salie, je me sens sale. Je suis rentrée dans le rôle, je m'habitue. Quelle raison ils auraient de prendre ma défense, de venir vers moi, puisque même à mes yeux, je ne le vaux pas ? C'est pour ça que je ne vois pas d'issue. Je me dis que quelque part, j'ai du chercher ce qui m'arrive."

    "Qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que je vais faire bordel ? Même si je changeais de lycée ou de pays, il y aura toujours quelqu'un pour trouver ça sur le net. Mal au crâne, au cœur, au ventre. Je réalise lentement."

    "Ma réputation, que ce soit au Lycée, en dehors ou encore sur Internet, est devenu invivable."

    (Ma réputation de Gaël Aymon aux éditions Actes Sud Junior)

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  • "A TOUS CEUX
    qui crevèrent d'ennui au collège
    ou
    qu'on fit pleurer dans la famille,
    qui, pendant leur enfance,
    furent tyrannisés par leurs maîtres,
    ou rossés par leurs parents,
    Je dédie ce livre.


    JULES VALLES"

     

    Dédicace

     

    "- Qu'est-ce que c'est que ce garçon-là ?
    - Un pauvre petit malheureux qu'on habille comme un singe, qu'on bat comme un tapis, pas bête, bon cœur." (p.168)

     

    "Ah ! j’ai grandi maintenant ; je ne suis plus l’enfant qui arrivait du Puy tout craintif et tout simple. Je n’avais lu que le catéchisme et je croyais aux revenants. Je n’avais peur que de ce que je ne voyais pas, du bon Dieu, du diable ; j’ai peur aujourd’hui de ce que je vois ; peur des maîtres méchants, des mères jalouses et des pères désespérés. J’ai touché la vie de mes doigts pleins d’encre. J’ai eu à pleurer sous des coups injustes et à rire des sottises et des mensonges que les grandes personnes disaient.
    Je n’ai plus l’innocence d’autrefois. Je doute de la bonté du ciel et des commandements de l’Eglise. Je sais que les mères promettent et ne tiennent pas toujours." (p.169)

     

    "Etre libre ? Je ne sais pas ce que c'est, mais je sais ce que c'est d'être victime, je le sais, tout jeune que je suis." (p.279)

     

    "Je ne sais pas ce que c'est que la liberté, moi, ni ce que c'est que la patrie. J'ai toujours été fouetté, giflé, - voilà pour la liberté ; - pour la patrie, je ne connais que notre appartement où je m'embête, et les champs où je me plais, mais où je ne vais pas."

     

    "Je défendrai les droits de l'enfant comme d'autres les droits de l'homme.
    Je demanderai si les pères ont liberté de vie et de mort sur le corps et l'âme de leurs fils." (p.301)

     

    (L'enfant de Jules Vallès)

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