• « Grave arriération physique et mentale »

    « Au bout de quelques mois, il était évident pour tout le monde que Ben était très sérieusement handicapé. Sa tête était deux fois plus grosse que celle d’un bébé normal. Selon le docteur, Ben était hydrocéphale. Plus tard, disait-il, on pourrait l’opérer pour extraire le liquide qui envahissait sa tête, du moins en partie, alors elle deviendrait plus petite, mais ça ne changerait rien à son handicap. Il ne fallait surtout pas espérer qu’il grandisse normalement.

     « Grave arriération physique et mentale », disait le certificat que maman avait rapporté de l’hôpital. Il n’était pas nécessaire d’avoir du génie ou d’avoir fait des études de médecine pour comprendre ce que cela voulait dire. Mais je n’en aimais pas moins mon petit frère. Je l’aimais même encore plus, j’en suis sûre. Mon désir était plus fort que jamais de le protéger contre tous ceux qui ne comprenaient rien, qui pouvaient se moquer de lui, ou qui, d’une façon ou d’une autre, auraient la cruauté de le rejeter. » (p.32)

       

    « Grave arriération physique et mentale »

    « Pourquoi n’aurait-il pas des jouets normaux, comme les autres enfants ? En les découvrant maman eut un drôle de regard.

     - Voyons, Anna, a-t-elle dit, et j’ai senti qu’elle avait du mal à garder son calme, il faut que tu acceptes certaines choses. Benny n’est pas un enfant comme les autres. Il ne saura pas se débrouiller avec ces cubes, il n’arrive même pas à prendre un jouet dans sa main. Et il ne faut pas espérer qu’il y arrivera un jour.

     Cela m’ennuyait beaucoup que maman s’exprime ainsi. Je savais évidemment que Ben était différent. Pour qui me prenait-elle ? Et pour qui prenait-elle Ben ? Même s’il n’était pas tout à fait normal, il pouvait bien apprendre certaines choses, et en éprouver du plaisir.

     - Je sais, maman, dis-je, en ayant du mal à rester calme et correcte, mais je ne vois pas pourquoi il n’aurait pas au moins le droit de les regarder, et de les mordre un peu si ça l’amuse. » (p.35)

       

    « Le problème, c’était que je me sentais coupable envers Katy. Il est vrai que je lui préférais Ben. Était-ce vraiment parce qu’il était handicapé ? ç’aurait été un peu étrange et intéressé ? Non, certainement pas. Plus j’y pensais, plus je me disais que ça n’avait rien de méchant. Il me fallait aimer Ben pour lui-même, rien que pour lui-même. Je ne pourrais pas le guérir, naturellement, mais je pourrais le rendre heureux en l’aimant de tout mon cœur. » (p.37)

       

    (Mon drôle de petit frère d’Elizabeth LAIRD)

     

     

     

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