• « - Moi, je m’appelle Pierre-Rachid.

     - Pierre-Rachid ? C’est rigolo !

     - Ouais, je sais. C’est l’intégration.

     L’intégration. Hocine, son père, n’avait que ce mot à la bouche. Il voulait être plus français que les Français pur porc qui se reproduisent dans l’Hexagone depuis Vercingétorix. Il portait des vestes coupées, des lunettes de banquier et une montre en toc démesurée. Il se regardait souvent dans le miroir derrière la porte d’entrée de leur petit appartement, une copie parfaite du nôtre, et il souriait à son reflet, satisfait, avant de déclarer :

     - Ah voilà : là, je ressemble vraiment à un Stéphane ou un Nicolas, hein !

     Sauf qu’il était en France depuis trois ans seulement et qu’il prononçait « Nicoulas ». » (p.15-16)

      

    « Je remarque alors qu’elle porte une sorte de djellaba chamarrée et clinquante, avec une ceinture pour marquer sa taille toute toute fine. Oh, quelle délicate attention : elle s’est déguisée en petite Arabe pour s’immerger dans la faune locale !

     En la voyant, Hocine marque un temps d’arrêt et cligne des yeux, plusieurs fois.

     Mais il se reprend rapidement : (…)

     - Tu… tu portes une très jolie robe ! (…)

     - Oh merci ! Je l’ai rapportée du pays de Pirach ! Là-bas, ça ne vaut rien ! (…)

     - Je crois que certains ont faim ! s’exclame aussitôt Nacera. Tant mieux ! Charlotte, tu as faim aussi, j’espère ?

     

    L’intégration

    - Oh oui, madame ! Et j’adore le couscous ! Mais j’y pense : je pourrais peut-être partager vos recettes traditionnelles dans mon journal télévisé, non ? Nous avons beaucoup de gens de chez vous dans notre lycée : ça leur fera sûrement plaisir !

     Sûrement, oui. Et si en plus elle passe une chanson de Faudel en fond sonore, ils se sentiront tout à fait chez eux. Je n’essaie même pas de retenir le ricanement méprisant qui s’extirpe de ma gorge ? Non, mais sérieusement, qu’est-ce que c’est que cette fille ?! On dirait Marion Maréchal en campagne électorale dans le Sud !! La pauvre : elle ne sait pas que Nacera ne prépare aucun plat typique de son pays d’origine. Jamais.

     - Euh… je n’ai pas fait de couscous.

     - Ah bon ? J’aime aussi les tajines, vous savez ! Au poisson, au poulet, à l’agneau ou juste aux légumes, peu importe ! C’est succulent ! Avec les épices de chez vous, c’est toujours un délice !

     Cette fois, c’est papa qui glousse derrière son poing. Pirach nous regarde tous les deux en levant un seul sourcil ; instantanément, on baisse les yeux pour les coller au fond de nos assiettes vides.

     - J’ai fait un filet de bœuf. Et du gratin dauphinois. Et pour le dessert, un Saint-Honoré.

     Charlotte paraît stupéfaite.

     - Aaah ! Je ne savais pas que vous pouviez faire des gâteaux catholiques !

     Toute. La. Puissance. Intellectuelle. Du. Cosmos.

     Est. Cachée. Dans. Cette. Phrase.

     Silence.

     Looooong silence, même.

     Nacera est totalement décontenancée. Elle n’a aucune idée de ce qu’elle pourrait répondre à un truc pareil. » (p. 114-116)

      

     (La Fourmi Rouge d’Emilie CHAZERAND)

     

     

     

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  • « Au bout d'un moment, des idées horribles me sont venues de nouveau à l'esprit. Handicapé, qu'est-ce que cela signifie ? De quoi aura-t-il l'air, mon petit frère ? Aura-t-il les yeux bridés ? Aura-t-il des gestes saccadés ? (…)

     - Qu'est-ce que vous entendez par handicapé ?

     Le docteur Randall a hoché la tête.

     - J'étais en train d'expliquer tout ça à tes parents, dit-il. On ne peut encore rien savoir. C'est une question de temps.

     - Mais… est-ce qu'il sera sourd ou aveugle ?

     Papa et maman étaient étrangement calmes et je savais combien ils redoutaient la réponse. Mais le docteur Randall s'est montré enjoué.

     - Certainement pas ! Je suis même tout à fait sûr qu'il verra bien et qu'il entendra bien.

     - Est-ce qu'il sera aussi mignon que les autres bébés ? Il n'aura pas l'air bizarre, avec la bouche ouverte qui bave tout le temps ?

     

    Qu'est-ce que vous entendez par "handicapé" ?

     La question retentit brutalement. Mais cela m'importait plus que toute autre chose.

      - Je n'en sais rien, Anna, a répondu le docteur Randall. Franchement je n'en sais rien. Mais, à mon avis, tous les bébés sont mignons, même ceux qui…

     

     Il se tut. Mais j'ai insisté.

    - Seriez-vous capable de dire s'il pourra jouer comme les autres enfants, aller en classe et parler et rire et tout et tout ?

     Le docteur Randall perdit alors son expression enjouée.

     - Il saura rire, ajouta-t-il doucement, j'en suis absolument sûr. Mais pour le reste, il nous faut patienter ; je ne peux pas en dire plus. » (p.18-19)

      

    (Mon drôle de petit frère d’Elizabeth LAIRD)

     

     

     

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  • « Dans son livre fondateur Trouble dans le genre, Judith Butler affirme que le genre est une performance, une identité instable modelée par la façon dont on l’interprète encore et encore. Elle écrit :

      

    Il ne faudrait pas concevoir le genre comme une identité stable ou le lieu de la capacité d’agir à l’origine des différents actes ; le genre consiste davantage en une identité tissée avec le temps par des fils ténus, posés dans un espace extérieur par une répétition stylisée d’actes. L’effet du genre est produit par la stylisation du corps et doit donc être compris comme la façon banale dont toutes sortes de gestes, de mouvements et de styles corporels donnent l’illusion d’un soi genré durable.

      

    Notre façon de concevoir le genre a beau avoir évolué depuis la publication de Trouble dans le genre en 1990, il y a beaucoup à dire pour la théorie de Butler, particulièrement sur les façons dont les femmes, consciemment ou inconsciemment, jouent le rôle de la féminité et sont parfois piégées par ce rôle. » (p.113-114)

     

    Le rôle de la féminité

     

    « Les débats sur le genre reposent souvent sur une opposition simple. Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, il paraît, comme si cela signifiait que nous sommes si différents que nous ne pouvons nous atteindre. La façon dont nous parlons du genre fait vite oublier que Mars et Vénus appartiennent au même système solaire, soumises au même soleil. » (p.147)

      

    (Bad Feminist de Roxane GAY)

     

     

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  • « - Je voulais dire que les enfants et les adultes c’est pareil, c’est la même espèce.

     Elle a dit cette phrase en me fixant droit dans les yeux, cette gamine avait parfois une manière de vous regarder comme si elle voyait au plus profond de votre être. La même espèce… Où était-elle allée chercher cela ? 

    - Peut-être était-ce des gens qui n’aimaient pas les Tziganes…

     - Et pourquoi ils n’aimaient pas les Tziganes ?

     - Qu’est-ce que j’en sais ?... Peut-être parce qu’ils vivent différemment de nous, qu’ils ne travaillent pas…

     - Comment ça, ils ne travaillent pas ?

     

    Différemment

    Elle s’est mise à énumérer tout ce que les Tziganes pouvaient faire, j’ai dû l’interrompre :

     - Aux yeux de la plupart des gens ce n’est pas du travail tout cela ! Imagine un homme qui s’embête toute la journée dans un bureau avec ses collègues et son patron qui…

     Elle m’a coupé brusquement la parole.

     - Et toi, tu les aimes ?

     Mon cœur s’est serré, cette fois c’est moi qui l’ai regardée au fond des yeux :

     - Tu sais bien que oui ! Moi… Bien sûr… »  (p.114-115)

       

    (« Promenade » in Le miracle des eaux de Nadèjda GARREL)

     

     

     

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  • « J'ai appris à distinguer le féminisme du Féminisme ou des Féministes ou de l'idée même d'un Féminisme Fondamental : un féminisme authentique censé dominer toute la gent féminine. Il m'a été facile d'embrasser ce mouvement quand je me suis rendu compte qu'il défendait l'égalité des genres dans tous les domaines, tout en faisant l'effort de respecter l'intersectionnalité [= concept qui refuse la hiérarchisation des catégories sociales en termes de sexe / genre, classe, race, ethnicité, âge, handicap et orientation sexuelle. Ce concept désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de discrimination], de prendre en compte tous les facteurs qui influencent ce que nous sommes et la façon dont nous évoluons dans le monde. » (p.12-13)

     

    Intersectionnalité

      

    « Un privilège, c’est un droit ou une dérogation qu’on accorde en tant qu’avantage, faveur ou bénéfice exclusif. Privilège de race, privilège de genre (et d’identité), privilège de l’hétérosexualité, privilège économique, privilège d’être valide, privilège de l’éducation, privilège religieux, la liste est sans fin. » (p.38)

     

    (Bad Feminist de Roxane GAY)

     

     

     

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  • « Il est arrivé un après-midi chargé de livres et de photos, avec un grand rouleau sous le bras. Plus tard, il l’a déplié et accroché au tableau : c’était une carte de l’Afrique.

     - Bien, a-t-il commencé, nous avons maintenant quatre petits Africains dans notre classe, il serait peut-être temps que l’on parle un peu de l’Afrique. Ou plutôt qu’ils nous en parlent !

     C’est curieux, j’ai tout de suite senti que ça partait mal. D’abord, il ne semblait pas très sûr de lui avec sa carte de l’Afrique. (…)

     Ensuite, les « petits » Africains, ça tombait mal : ce sont les plus grands de la classe…

     - Voyons, Fatoumata, par exemple, d’où viens-tu ?

     - Des Charmilles, monsieur, a répondu Fatoumata, qui habite dans la cité.

     Toute la classe a rigolé. Sauf Fatoumata. Et Mamadou.

     - ça suffit, a fait le maître. On a déjà dit, il me semble, qu’on ne se moquait pas des erreurs des autres. Fatoumata, ne les écoute pas. Je ne te demande pas où tu habites, mais de quel pays tu viens.

     - Je suis française, monsieur.

     - Tu es française… Pourtant, a poursuivi le maître en regardant la carte comme pour chercher du secours, tes parents sont maliens, je crois.

     - Oui, mais comme mon père est né avant l’indépendance du Mali, quand c’était encore une colonie, et que moi je suis née en France, je suis française, a expliqué tranquillement Fatoumata.

     - Bon, a dit le maître, réalisant que ça lui faisait un Africain de moins pour sa leçon, tu connais quand même ton pays, enfin je veux dire celui de tes parents, le Mali, non ?

     - Non monsieur, a avoué Fatoumata comme si elle avait fait une bêtise, je n’y suis jamais allée.

     (…)

     - Bon, ce n’est pas grave, voyons : qui d’autre ? a-t-il demandé. Toi, Sony ?

     - Moi, m’sieur, mon père est zaïrois et ma mère angolaise, mais moi je suis né en Belgique. Je crois que mon père a demandé la nationalité . J’ai jamais été en Afrique non plus. » (p.34-36)

      

    Les préjugés

      

    «La vie des autres est parfois si compliquée qu’on préfère s’en tenir à ce qu’on pense savoir plutôt qu’essayer de comprendre. Comme le puzzle, quand on s’acharne à placer n’importe quelle pièce au lieu de chercher la bonne. On appelle ça avoir des « préjugés », nous a expliqué maman.

     « Tout le monde a des préjugés. Il faut faire très attention, c’est comme les microbes sur les mains : avant de manger il faut se laver les mains ? Eh bien, avant de parler avec quelqu'un qu'on ne connaît pas suffisamment, il faudrait se nettoyer le cerveau, pour éliminer tous les préjugés. Ce sont des parasites, des courts-circuits dans les neurones qui font réagir trop vite et empêchent de comprendre les autres !  C’est la peur ou la paresse qui donnent des préjugés : bien souvent, on préfère coller une étiquette sur les gens, (…) plutôt que les laisser s’exprimer et essayer de les comprendre. »» (p.80)

       

    « - Vous autres, les étudiants africains, on vous connaît, vous êtes tous pareils ! Vous venez en France soi-disant pour faire des études et vous vous arrangez toujours pour rester !

     L’employée de la préfecture, protégée derrière son guichet, regardait Clément dans les yeux. On était en septembre, il avait fait la queue depuis sept heure du matin pour s’entendre dire ça à quatre heures de l’après-midi. A chaque rentrée, les étudiants étrangers doivent faire renouveler leur carte de séjour en présentant une inscription pour la nouvelle année scolaire. Clément, qui souhaitait continuer ses études dans une école privée, demandait un délai pour trouver l’argent nécessaire. La guichetière ne voulait rien entendre, le ton monta. » (p.95)

      

     « - De quoi faire de sacrés voyages avec toutes les nationalités représentées, mais que des « sans-quelque chose », remarqua Patrice avec ironie, des « sans-papiers », des « sans-abri », des « sans-ressources ». Pourtant, ensemble, en réunissant le peu qui nous restait, on avait à peu près tout ce qu’il fallait ! Et quand il manquait quelque chose, on trouvait toujours quelqu’un dans l’usine qui avait ce qu’on cherchait.

     L’avantage, c’était que chacun rencontrait toujours quelqu’un de plus « sans » que lui ; ça lui évitait de trop penser à ses soucis. » (p.105)

         

    (Mamadou a disparu de Christian NEELS)

     

     

     

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  • Comme toi et moi

    (Alice sourit de Jeanne WILLIS et Tony ROSS)

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  • « - C’est encore une de tes manigances ! a-t-elle dit, l’air furieux. Mais je ne suis pas dupe. Je sais très bien que tu es la cause de tout ça, tu m’as jeté le mauvais œil. C’est ta vengeance parce qu’on t’a fichue à l’eau. Sale sorcière. Autrefois tu aurais été brûlée.

     (…)

     - Pourquoi tu fais d’Adélaïde ton bouc émissaire, a dit Julie en haussant les épaules.

     (…)

     Je n’ai pas pu m’empêcher de dire que, pour le bûcher, on était sur la bonne voie, vu que j’avais déjà une chaussure en moins, calcinée par voie chimique. Je lui ai montré la ballerine amochée. Je voulais la faire rire, mais elle ne s’est pas laissé attendrir.

    Sorcière

     - Je sais que tu es une sorcière, Adélaïde. Ça se voit. Regarde-toi, ta tignasse, ton nez trop long, ta verrue. Elle a pris tout le monde à témoin : vous avez vu sa verrue ? Tu sais ce que ça veut dire, les verrues ?

     - Qu’est-ce que tu racontes, Inès, je n’ai pas de verrue, ai-je bredouillé. Les mots qu’elle employait, tignasse, verrue, ça n’avait pas l’air vrai. Et puis c’était plutôt vexant. J’ai beau être fière de mon nez aquilin, comme dit maman, et de mes cheveux frisés. J’ai beau savoir que les grains de beauté sont signe de spiritualité élevée et n’ont rien à voir avec les verrues, une insulte reste une insulte, et sorcière est un mot insultant.

     J’avais un genre de fou rire et un peu peur aussi. Je venais de comprendre qu’Inès était simplement stupide. Mon père dit toujours que les choses les plus horribles sur cette terre, les calamités les plus abominables, les pires crimes sont dus aux préjugés et à la bêtise. » (p.130 131)

       

    (Angleterre de Geneviève BRISAC)

     

     

     

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  • « - ça t’arracherait la bouche d’être sympa cinq minutes ?

     - Je ne dis pas ça contre toi. C’est moi. Ça ne me dit rien de sortir avec les filles.

     - QUOI ?

     - Pas la peine de hurler !

     Je vais enfin pouvoir me faire un copain, et pas un amoureux merdique avec lequel rompre lamentablement au retour des vacances. Un vrai copain sans aucun risque de drague, baisers foireux et prises de mains diverses.

     - Toi, je t’adore ! » (p.26)

      

    Les grands mots

    « - DEVINE ?

     - Arrête de hurler ! Je ne sais pas. Quoi ?

     - C’est au sujet d’Areski.

     (…)

     - Mais j’en sais rien, moi ! Il passe son temps à me crier dessus, il me raconte pas sa vie !

     - IL EST HOMOSEXUEL !

     - Ah non, je ne crois pas.

     Je sais qu’il n’est pas très attiré par les filles, plutôt par les garçons, mais c’est tout.

     - C’est bien ce que je te dis. Il est homosexuel.

     - Ouh là… Toujours les grands mots.

     Tout ça parce qu’il préfère un type à une gonzesse, alors là tout de suite, homosexuel, c’est quand même un peu exagéré, non ? A ce compte-là, moi aussi, je suis homosexuel.

     Depuis qu’elle veut être médecin, Samira met des grands mots partout. Plus personne n’est triste, tout le monde est dépressif. Plus personne n’est amoureux, tout le monde est homosexuel et ainsi de suite.

     - Tu le savais, toi ? Il te l’avait dit ? Avant de me le dire à moi !

     - Ne le prends pas mal. Je m’en fiche tellement que ça ne compte pas. » (p.115)

      

    (Le journal d’Aurore. Rien ne va plus ! de Marie DESPLECHIN)

     

     

     

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  • « C’est un tract, un odieux tract s’adressant à toutes les femmes, à toutes les filles d’Algérie.

     (…)

     Je lis et relis cet immonde tract de menace, car c’en est un. Et mes yeux ne parviennent pas à quitter trois lettres, trois lettres que j’ai trop vues, trop lues, trop entendues : GIA – Groupe islamique armé.

     La peur me paralyse des pieds à la tête.

     C’est donc vrai ! Le GIA existe. Les assassins du GIA, les poseurs de bombes, les violeurs de femmes, de jeunes filles sont à présent avec nous, à la maison !

     Je me demande qui, en Algérie, n’a pas entendu parler de ces barbares tant leurs crimes sont atroces et nombreux.

     Les islamistes du GIA ne supportent pas qu’on ne soit pas d’accord avec la république islamique qu’ils veulent imposer par les armes, dans la terreur et le sang. Ils veulent créer un pays régi par la charia (ensemble des lois, des normes islamiques contenues dans le Coran) : le voleur aura la main coupée, la femme adultère sera tuée à coups de pierres, etc. De plus, les intégristes islamistes veulent imposer le voile obligatoire pour toutes les Algériennes et interdire aux jeunes filles de faire du sport, de la musique et d’exercer certains métiers – ce qui n’est mentionné nulle part dans le Coran… Bref, ils souhaitent un retour au Moyen Age, un monde où les femmes leur seraient soumises. » (p.18-19)

      

    « - Ces criminels veulent tuer les femmes et les adolescentes qui ne portent pas le voile, mais tu as de la chance papa. Ils ne t’imposeront jamais rien à toi. Vous, les hommes, êtes libres. » (p.25)

       

    « - Le tract, Dakia, ce n’était pas de la blague ! Ces sauvages du GIA viennent de tuer une lycéenne qui avait refusé de porter le hidjab. Lorsqu’elle est sortie du lycée, un homme l’a tuée en lui tirant deux balles dans la tête ! Et ça s’est passé devant tout le monde, Dakia, dans la rue… sous les yeux de sa copine qui, elle, était voilée. Elle avait dix-sept ans, et elle s’appelait Katia. J’ai entendu tout cela à la radio au journal de 13 heures.

     Les paroles de Nassera sont accompagnées de pleurs, de frayeur, de cris, de rage…

     Pourquoi ces hommes en veulent-ils tant aux femmes et aux jeunes filles ? Qu’avons-nous fait pour être ainsi châtiées ? » (p.28)

     

    Pourquoi en veulent-ils aux femmes ?

      

    « - Demain, en allant à l’école, je veux savoir quoi faire. Dois-je porter un foulard ou rester à la maison en attendant que les choses se calment ?

     Ferme et décidée, Chafia déclare qu’elle ne se soumettra jamais aux ordres des terroristes.

     - Aujourd’hui, c’est le foulard, commence-t-elle. Demain, le FIS et ses groupes armés interdiront aux filles l’étude de l’architecture, en décrétant cette discipline réservée uniquement aux hommes, comme en Arabie Saoudite ou en Iran. Chez les Saoudiens, une femme n’a même pas le droit de conduire une voiture. Si elle sort de chez elle, elle doit toujours être accompagnée par un homme de sa famille. Et si elle circule seule, elle peut être interrogée, voire arrêtée par la police religieuse. Les femmes sont torturées, violées dans les commissariats. Et comme en Iran, elles ne peuvent ni sortir sans être voilées des pieds à la tête, ni faire du sport, ni exercer la médecine, la musique, la biologie, l’architecture et que sais-je encore. Les islamistes ont condamné les femmes au silence, à rester enfermées chez elles, à s’occuper des gosses et de leur mari ! Jamais je ne permettrai à ces terroristes de m’imposer une vie pareille. » (p.31-32)

      

    « Non ! Il n’est pas question

     de nous enfermer.

     C’est la rue qu’on veut nous interdire,

     Sous le soleil qu’on veut nous cacher

     Et sous le ciel qu’on veut nous voiler.

     Il faut que nous disions à ces assassins que,

     Quoi qu’ils fassent, nous ne baisserons

     pas les bras.

     Nous triompherons ! 

     (…)

     Les Algériennes ne sont pas asservies.

     Elles n’acceptent pas la défaite

     Et continuent la lutte

     Jusqu’à la victoire !» (p.39-40)

       

    « Encore une fois, les femmes vont manifester pour dénoncer le terrorisme, se mobiliser contre la barbarie intégriste et son horrible vision des femmes.

     Les intégristes veulent faire des Algériennes des esclaves qui les servent. Selon eux, un homme est, quoi qu’il arrive, toujours supérieur à une femme, et il a le pouvoir sur elle. Si bien que cet homme peut avoir quatre épouses et parfois plus.

     Beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants, opposés à leur conception des choses sont torturés, mutilés et tués. » (p.46)

       

    « Si l’on veut que les choses changent en Algérie, personne, tu m’entends ma chérie, personne ne les changera à notre place, nous les Algériennes et les Algériens. C’est pourquoi j’ai choisi de rester et de me battre. » (p.47)

      

    (Dakia, fille d’Alger de DAKIA)

     

     

     

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