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Par La Célestine le 24 Mai 2018 à 15:21
« - Tu es juif ?
Ses cils battent plus vite.
- Non, attends, moi, je m'en fous. Mais le grand mec qui t'a amené, Vitali, tu vois ? Lui, il n'aime pas les Juifs. Et ce n'est pas bon quand Vitali ne t'aime pas. Donc si on te pose la question, tu dis que non, tu n'es pas juif. Tu es... Aaron, ça peut être quoi d'autre ? Hein ? Hé ! Je te parle ! Aaron, c'est forcément juif ? Ça ne peut pas être catholique ou orthodoxe, oui...
- Moi, je suis juif.
- Oui, non, mais d'accord, si tu veux, mais ici, tu ne l'es plus, c'est meilleur pour ta santé, tu comprends ? De toute façon, on s'en fout, personne ne pratique sa religion, dans le camp.
- Ce n'est pas seulement religieux.
- De... quoi ?
- La judéité. Ce n'est pas que religieux. Je ne peux pas arrêter d'être juif.
- Tu es con, toi, en fait. Je croyais que tu étais malin, mais tu es très, très con. Tu peux être ce que tu veux, tu piges ? Je te conseille juste de le garder pour toi.
- Si on me demande si je suis juif, je dis, oui, je suis juif. Je ne vais pas mentir là-dessus.
- On t'a prévenu que le camp, ce n'est pas exactement une colonie de vacances ?
- Je suis juif.
- Rôlolololo ! D'accord, Aaron. D'accord. » (p.82-83)
« Je n'aime pas les groupes. Je n'aime pas les communautés et leur réconfort factice. Je n'aime pas la chaleur artificielle. Sa force morale, on doit la trouver en soi.
Aaron, c'est un cas qui m'intéresse, puisque les Juifs, c'est une communauté, mais que lui, au camp, est seul ; sa communauté, il l'a dans sa tête. Le groupe ne l'entoure pas, il est à l'intérieur de lui. Et puis son Dieu, évidemment. Mais qu'est-ce qui est le plus important pour un Juif ? Son Dieu, ou faire partie du groupe ? Il faudra que je le lui demande. C'est une question intéressante. » (p.95)
(J'irai au Pays des licornes de Jean-François CHABAS)
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Par La Célestine le 22 Mai 2018 à 15:25
« Péline panique quelques secondes. Qu'est-ce qu'elle va faire ? En parler à sa mère ? A Mme Berruche ? A Mme Gouic ? Elle se fait insulter sur ses cheveux, son poids. Ses amis n'ont pas l'air d'avoir saisi la violence des propos. » (p.26)
« - Ouais, je vais me la faire. J'adore les rousses.
- T'es sérieux, mec ? (Henrique est désarçonné.) T'es un comique, toi. Personne n'aime les rousses.
- Les roux puent, ponctue Brandon.
- Ouais, c'est chelou, les roux. » (p.34)
(Le collège des éplucheurs de citrouilles de Laure DESLANDES)
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Par La Célestine le 16 Mai 2018 à 15:31
« C’est d’autant plus facile que les trois tarés n’ont pas d’arguments : « En France, on est chrétiens et on n’aime pas les musulmans. » Nadir leur répond qu’il est chrétien et que c’est justement pour cela qu’il a dû fuir son pays. Et il ajoute poliment qu’ils devraient se renseigner sur l’autre avant de le condamner. Un raciste est vite déstabilisé quand on a des idées. Ils le regardent avec un air de carpe d’étang avant d’ajouter, fiers de leur trouvaille : « On n’aime pas les chrétiens arabes, alors ! » Nadir leur demande s’ils se sentent capables d’aimer quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes. » (p.13-14)
« Au début, ça n’a pas été facile pour lui. Quand les profs ont demandé aux élèves de l’aider à s’adapter au groupe, certains ont répondu que c’étaient les étrangers qui devaient faire un effort d’adaptation, pas les Français. » (p.17-18)
« Tant de personnes ne supportent pas la liberté de l’autre : les trois skinheads en étaient la preuve. » (p.27)
« Jean-Vincent et Philippe sont ses deux cas de conscience, cette année. Sans cesse à rejeter ce qui ne leur ressemble pas et à proférer des jugements rapides et peu nuancés. Comment recevront-ils pareil roman ? L’histoire d’un Syrien (« Qu’ils restent chez eux ! Leur guerre n’est pas la nôtre. ») victime de gamins qui leur ressemblent tant (« On n’a pas le droit de penser ce qu’on veut, Madame ? On ne vit pas dans un pays libre ? La démocratie, elle est pour les Arabes, pas pour les Français ? »). » (p.27-28)
« Depuis son arrivée dans le pays, il fait tout pour demeurer discret, voire transparent, mais pour certains, cela ne suffit pas. Le simple fait d'être étranger le rend déjà trop voyant. » (p.91)
(Un sale livre de Franck ANDRIAT)
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Par La Célestine le 14 Mai 2018 à 15:33
« Grâce à la magie maléfique d'internet, et quasiment du jour au lendemain, je suis devenu un support de conversation pour un petit groupe de personnes que je ne connaissais pas, un gars sur qui avoir une opinion, un objet de détestation ou de délectation, bref un type à juger. » (p.18)
« T'es obligé de composer quand t'es à plusieurs, à réagir d'une façon qui n'est pas la tienne. Comme si t'étais sur une scène de théâtre à présenter la meilleure version de toi-même - pas nécessairement la meilleure d'ailleurs, mais celle qui correspond le plus précisément à ce que les autres réclament de toi, celle grâce à laquelle tu évolueras parmi tes condisciples sans déclencher de vagues.
Au collège, la platitude est la règle de survie numéro un. Éviter de se faire remarquer permet d’être peinard. Coller à la conformité ambiante est un code à suivre pour une scolarité sans accrocs.
Nous, on a décidé d’assumer le plaisir de notre compagnie respective en refusant de se joindre à la masse. Aucun courage derrière cet acte de rébellion irresponsable, plutôt la fainéantise d’avoir à feindre d’être quelqu’un que nous n’étions pas. Sauf que ça dérange quand tu t’exclus de toi-même du groupe, quand tu vis ta vie sans avoir besoin du regard de tes camarades. A croire que la liberté de choix des uns éclaire la lâcheté ordinaire des autres. » (p.24-25)
(Trouver les mots de Gilles ABIER)
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Par La Célestine le 4 Mai 2018 à 15:46
« Il a songé aux bandes de Daech et il s’est dit que ce n’étaient pas des musulmans qui avaient commis de tels actes, c’étaient simplement des sauvages privés de tout Dieu. Fallait-il en conclure que Dieu ne peut rien contre les barbares qui se revendiquent de Lui ? Les chrétiens, les musulmans et les juifs n’ont-ils pas, chacun, dans leur histoire des exemples terribles qui en attestent ? » (p.32)
« « Aime tes ennemis comme toi-même ! » Le message de Jésus avait tant fait rêver Nadir quand il était petit. Mohamed riait lorsqu’il citait le Christ. « Tu sais que l’amour est aussi la clé de l’Islam, rétorquait-il. Vous, les chrétiens, vous n’avez pas le monopole de la lumière. » Cela posait question à Nadir : pourquoi existe-t-il plusieurs religions si toutes les religions affirment la même chose ? Qu’on ait donc le même dieu pour tous, cela créera moins de conflits et on cessera de se tuer pour montrer que son dieu a raison plutôt que celui du voisin ! Sa mère trouvait toujours des réponses apaisantes à ses questions d’enfant curieux. C’est elle qui lui a appris l’importance des différences et le respect dû à la culture de l’autre et à sa religion. » (p.64)
"Liberté de penser = liberté de choquer ?" (p.132)
(Un sale livre de Franck ANDRIAT)
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Par La Célestine le 30 Avril 2018 à 17:03
« - Nous autres, les gitans, on nous traite de romanos, de manouches, de tziganes. Au moindre vol, on nous montre du doigt :
- C’est un coup des gitans !
Angelo bouillonnait. Il m’a rejointe après un dernier tour de skate, et sa voix s’est radoucie pour me dire :
- Autrefois, nous étions emprisonnés, exécutés, reconduits aux frontières. Nous sommes devenus nomades. On n’avait pas le choix.
J’ai repensé à ce que m’avait expliqué mon père. Que les gitans campent dans les villes sur des terrains inoccupés. Un jour, on les informe qu’ils n’ont plus le droit de rester. Alors ils reprennent la route. » (p.27)
(Couleur choco de Laure OZON-GRISEZ)
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Par La Célestine le 24 Avril 2018 à 17:10
« Comment se fait-il que la moitié du genre humain, constitué par le monde féminin, soit toujours subordonnée à l'arbitraire d'un masculin outrancier et violent ? » (p.8-9)
« Autrement dit, l'humanité, probablement sous l'effet de l'insécurité psychique et de l'angoisse, n'a pas compris que convivialité et solidarité valaient beaucoup mieux que division, compétitivité et accaparement sans limite, générant une sorte d'anthropophagie structurelle, où l'excès de la minorité génère l'insuffisance et la précarité de la majorité. » (p.35)
« Nous voici donc investis d'une vision différente de la vie. Et nous nous apercevons que la planète et la vie sous toutes ses formes doivent être préservées. Pour ce faire, il faut placer le féminin au cœur du changement pour stopper une oppression tellement ancrée dans les mœurs qu'elle n'apparaît même pas comme l'exaction qu'elle est. » (p.61)
(La part du colibri de Pierre RABBHI)
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Par La Célestine le 22 Avril 2018 à 17:12
Prudence
(d'après « Les oreilles du Lièvre, V 4 »)
Adieu me dit mon ami Jacques
Je quitte à jamais ce pays
Je n'en peux plus vois-tu, je craque
Voici le printemps je m'enfuis
Voyons quelle mouche te pique
Et que vient faire le printemps
Dans cette subite panique
Quel est ce péril inquiétant {x2}
Il dit rappelle-toi la Fable
Qui nous a fait rire parfois
Où un lion d'humeur redoutable
Bannit à jamais de ses bois
Béliers chevreuils vaches et chèvres
Tout ce qui a cornes au front
Il y était question d'un lièvre
Parti pour plus de précautions. {x2}
Quel rapport avec tes oreilles
Il se fait malheureusement
Que si peu que je m'ensoleille
Je bronze abominablement
Il suffit qu'un jour de déveine
Je croise des crânes rasés
Ils me jetteront dans la Seine
Et moi je ne sais pas nager {x2} »
Anne SYLVESTRE chante... au bord de La Fontaine (1997)
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Par La Célestine le 4 Avril 2018 à 15:19
« Il ne comprend pas qu'on se laisse aller, qu'on se néglige et qu'on s'empâte. Il estime que c'est le minimum de respect qu'on doit à soi-même. Sur ce sujet, il est sans appel : le corps, la silhouette, le maintien, c'est de la maîtrise, du contrôle et du travail. Plusieurs fois je me suis accroché avec lui sur ce sujet, surtout quand je l'entends faire des commentaires immondes sur tel ou tel ami qu'il n'a pas vue depuis longtemps « Putain, qu'est-ce qu'il s'est pris ! T'as vu ça ? Au moins huit kilos... » ou bien si on lui parle de quelqu'un qu'il ne connaît pas très bien, il peut jeter comme ça « Ah, oui, la grosse... ». ça me dégoûte qu'il parle comme ça, on peut pas réduire quelqu'un à son poids. Ça n'a aucun sens. Juger sur l'apparence, c'est tellement facile. Tellement nul.
Un jour, j'ai voulu qu'on échange sur ce sujet avec mon père. Je lui ai parlé de Beth Ditto, la chanteuse américaine du groupe Gossip. Elle est obèse, créative et lumineuse. Je suis fan. On a même regardé ensemble le clip de sa chanson « Move in the right direction ». Il a fait une drôle de tête au début mais il a admis que c'était pas mal.
Je veux qu'il sache que je ne pense pas comme lui, non, non, tous les gros ne sont pas des gens sans volonté, sans motivation ou sans but dans la vie. Et pour moi, si mon père devenait gros, ça ne changerait rien. Rien du tout. J'ai des copains qui sont un peu ronds et d'autres qui ne le sont pas, c'est mes copains, c'est tout. Je suis pas dans leur tête ni dans leur corps, et ça me va bien comme ça. Et questions filles, je les trouve belles quand elles ont des courbes là où il faut, des fesses, des cuisses et des seins... » (p.69-70)
(à quoi tu ressembles ? de Magali WIENER)
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Par La Célestine le 2 Avril 2018 à 15:01
"Après mon accident... lors de ma première sortie en ville... J'ai réalisé que... le monde n'était plus tel que je l'avais connu autrefois.
Ce monde-là m'était devenu hostile.
Je devais m'accrocher... devenir fort.. m'habituer à affronter le monde seul." (p.4)
"Je suis bien avec toi. Ta présence est même devenue le cœur de ma vie. Mais à mesure que ce bonheur grandit, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer toutes ces choses que j'aurais pu faire avec toi, sur mes deux jambes. Tous ces endroits qu'on aurait pu visiter... Et ça me fait mal de me sentir entravé, et de t'obliger à avoir une vie... tronquée.
J'aimerais tant pouvoir remarcher un jour..." (p.36)
"Là-bas, j'ai vu des gens plus jeunes que moi... qui souffraient de handicaps plus lourds.
"Vous n'êtes pas le seul à être invalide.
Tout le monde ici apprend à vivre avec son handicap et vous, vous préférez vous morfondre dans votre coin ?
Tant que vous êtes en vie... vous vous devez de vous battre et d'affronter les difficultés.. d'accord ?"
Elle m'a ouvert les yeux sur le monde qui était le mien désormais... à sa manière, à la manière d'une infirmière." (p.82)
"- Vous êtes... architecte ?
- Vous en faites une tête... ça vous semble ridicule ?
- Euh... non... mais...
- Pas besoin d'avoir des jambes pour tracer un plan !
J'ai eu un accident à 30 ans. Blessé au même endroit que vous. J'ai dû renoncer à des tas de choses... pourtant, mon handicap est devenu ma force et aujourd'hui, avec toutes les mises aux normes pour l'accessibilité, je suis plus occupé qu'à l'époque où je pouvais marcher.
- Mais... et sur le terrain ? Comment vous...
- Tout le monde m'aide ! Les charpentiers sont des gars costauds ! Ha ha !
- Alors même en fauteuil... on peut devenir architecte ?
- Oui, aucune loi n'interdit aux handicapés l'accès à ce métier !
- Tu dois t'accrocher Itsuki, pour ton avenir comme pour le reste. Et même si quelqu'un te dénigre... toi, en revanche, ne te rabaisse jamais." (p.85-87)
(Perfect World, tome 2 de Rie ARUGA)
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