• Crises de panique

     

    «  De son plein gré, Solomon menait une vie solitaire, paisible et d'une banalité absolue, mais une existence sur laquelle il exerçait un contrôle absolu.

     

    Il n'avait pas pris cette décision à la légère. Avant de s'enfermer définitivement à la maison, il avait longtemps lutté contre la terreur que lui inspirait le monde extérieur. Mais un jour, comme s'il ne pouvait tout simplement pas en supporter davantage, il avait ôté ses vêtements puis, ne gardant que son caleçon, s'était assis au bord de la fontaine du collège. Là, sous les yeux de ses professeurs et de ses camarades, ébloui par le soleil matinal, il avait basculé lentement en arrière et disparu dans les eaux froides du bassin.

     

    (…)

     

    Sa première attaque de panique l'avait frappé alors qu'il n'avait que onze ans. Au cours des deux années suivantes, les crises s'étaient multipliées, passant d'une tous les trois ou quatre mois à une par mois, puis deux, puis... Au moment où il avait plongé délibérément dans la fontaine, il en comptait trois par jour. En clair, il vivait l'enfer.

     

    Après cet épisode, les choses étaient devenues beaucoup plus limpides : pour se soustraire à ces crises affreuses, il lui suffisait de ne pas entrer en contact avec ce qui les provoquait, à savoir le monde extérieur dans son intégralité. Depuis, il n'avait cessé de se demander pourquoi ses parents avaient tant de mal à comprendre sa décision. Ils refusaient d'admettre qu'il avait trouvé le remède à son mal et insistaient pour qu'il se confronte à toutes ces choses qui le terrorisaient. C'était comme exiger d'un patient atteint d'une grave maladie qu'il se prive de son traitement. » (p.10-11)

     

    Crises de panique

     

    «  Même s'il avait passé un bon moment, tout ce bavardage, tous ces efforts accomplis pour trouver des choses à dire et des questions à poser lui avaient flanqué la migraine.

     

    Dès qu'il eut fermé la porte derrière Lisa, il commença à manquer de souffle. Il prit appui contre un mur et essaya d'inspirer, espérant repousser l'horreur qui s'annonçait. En vain. En état d'hyperventilation, il s'engagea dans le couloir en titubant, regagna sa chambre et se jeta sur le lit. Il disparut sous la couette puis, en position foetale, ferma les yeux jusqu'à s'en faire mal aux paupières.

     

    La crise de panique fut brève mais intense. Immobile, Solomon écouta sa respiration reprendre peu à peu sa cadence normale. Comme la plupart de ceux qui souffraient de semblables attaques, il croyait chaque fois être victime d'un infarctus et avait la conviction que son cœur allait exploser. Parfois, il se surprenait à penser que ç'aurait été préférable. » (p.77-78)

     

     

     

    «  Solomon connaissait des bons et des mauvais jours, mais les premiers étaient plus nombreux que les seconds depuis qu'il connaissait Clark et Lisa. Cependant, certains jours, ils le trouvaient épuisé, vidé de toute énergie, et avaient l'impression qu'il se déplaçait au ralenti. C'était l'effet qu'avaient sur lui certaines crises. Elles l'anéantissaient, quelles que soient leur cause et leur durée. C'était un mal sournois et implacable qui, tel un virus ou un cancer, savait se faire discret pour tromper sa victime et frapper au moment où elle s'y attendait le moins.

     

    Seul lien commun entre ces crises, elles intervenaient lorsque des pensées obsessionnelles tournaient en boucle dans son esprit. Des images qui se répétaient, qu'il ne pouvait ni contrôler ni mettre sur pause. » (p.183)

     

     

     

    « Il y avait longtemps qu'il ne s'en était pas pris à lui-même. Un an, peut-être.

     

    La première fois, c'était le jour où il s'était laissé glisser dans l'eau de la fontaine, devant le collège. De retour à la maison, alors que ses parents tâchaient de l'apaiser du mieux qu'ils pouvaient, il s'était senti complètement perdu, tapant des pieds sur le carrelage du salon avant de se flanquer un coup de poing à la pommette. Alors, confus et rongé par la culpabilité, conscient de ce qu'il venait de faire subir à ses proches, il avait fondu en larmes.

     

    Ces épisodes de violence arrivaient sans prévenir. Son corps se mettait à trembler, comme pour chasser le tourbillon de pensées obsessionnelles qui le hantait, relâcher l'air accumulé dans ses poumons paralysés et dompter les trépidations de ce cœur affolé qui faisait battre le sang à ses temps. Chose étrange, se faire du mal lui apportait un soulagement immédiat. » (p.264-265)

     

    (Phobie douce de John Corey WHALEY)

    « CavalerieGymnastique »
    Partager via GmailGoogle Bookmarks Blogmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :