•  

    "Dans l'histoire des sourds, une vieille querelle existe entre oralistes et signants.

    Au dix-huitième, l'abbé de l'Epée a créé la première école pour sourds et fait connaître la langue des signes. Mais en 1880, au congrès de Milan, des spécialistes ont jugé incompatibles les gestes et la parole. l'oralisme fut imposé.

    Les élèves sourds apprenaient à lire sur les lèvres des maîtres. A l'époque, ils étaient tous barbus ! ça compliquait la tâche !

    La langue des signes était appelée langue de singes. Et les sourds avaient les mains attachées dans le dos.

    Mais dans les années 1970-1980, la communauté des sourds a revendiqué la reconnaissance de la langue des signes : c'est "le réveil sourd". Le droit au bilinguisme a été reconnu en 1991.

     

    Depuis 2005, l'enseignement de la langue des signes française est inscrit dans le code de l'Education.

    Le droit au bilinguisme

     

    Moi, l'oralisme, c'est non. Pourquoi un appareil ? Pour m'aider un peu à entendre ? J'ai le droit d'être sourd. C'est mon identité.

    Quand on connaît la langue des signes, on ne peut plus s'en passer. C'est très visuel, très vivant.

    (...)

    Chacun a sa façon de signer. C'est très diversifié." (p.84-85)

     

    "Bien sûr qu'on fait partie d'une communauté ! Avec une langue, un mode de vie. 

    La plupart des sourds sont fiers d'être sourds. Ils ne souhaitent pas forcément devenir entendants. Ils aimeraient même avoir des enfants sourds.

    Ce n'est pas un handicap. 

    C'est la société qui impose le handicap avec des comportements, des barrières." (p.89)

     

    ("Histoires sans paroles" par Solenn SUGIER et Alexandre KHA)

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  • La faute à Eve

     

     

     

    « "D'abord elle a goûté la pomme,

     

    Même que ce n'était pas bon.

     

    Y'avait rien d'autre, alors en somme

     

    Elle a eu raison, eh bien, non?

     

    Ça l'a pourtant arrangé, l'homme,

     

    C'était pas lui qui l'avait fait.

     

    N'empêche, il l'a bouffée, la pomme,

     

    Jusqu'au trognon et vite fait.

     

    Oui, mais c'est la faute à Eve.

     

    Il n'a rien fait, lui, Adam.

     

    Il n'a pas dit "Femme, je crève,

     

    Rien à se mettre sous la dent.

     

    D'ailleurs, c'était pas terrible,

     

    Même pas assaisonné.

     

    C'est bien écrit dans la bible :

     

    Adam, il est mal tombé.

     

     

     

    Après ça, quand Dieu en colère

     

    Leur dit avec des hurlements :

     

    "Manque une pomme à l'inventaire !

     

    Qui l'a volée ? C'est toi, Adam ?"

     

    Eve s'avança, fanfaronne, et dit

     

    "Mais non, papa, c'est moi,

     

    Mais, d'ailleurs, elle était pas bonne,

     

    Faudra laisser mûrir, je crois."

     

    Alors c'est la faute à Eve

     

    S'Il les a chassés d'en haut,

     

    Et puis Adam a pris la crève :

     

    Il avait rien sur le dos.

     

    Eve a dit : "Attends, je cueille

     

    Des fleurs". C'était trop petit.

     

    Fallait une grande feuille

     

    Pour lui cacher le zizi.

     

     

    La faute à Eve

     

    Après ça, quelle triste affaire.

     

    Dieu leur a dit : "Faut travailler."

     

    Mais qu'est-ce qu'on pourrait bien faire ?

     

    Eve alors a dit : "J'ai trouvé."

     

    Elle s'arrangea, la salope,

     

    Pour faire et porter les enfants.

     

    Lui poursuivait les antilopes

     

    Et les lapins pendant ce temps.

     

    C'est vraiment la faute à Eve

     

    Si Adam rentrait crevé.

     

    Elle avait une vie de rêve,

     

    Elle s'occupait des bébés,

     

    Défrichait un peu la terre,

     

    Semait quelques grains de blé,

     

    Pétrissait bols et soupières,

     

    Faisait rien de la journée.

     

     

     

    Pour les enfants, ça se complique.

     

    Au premier fils il est content,

     

    Mais quand le deuxième rapplique,

     

    Il devient un peu impatient.

     

    Le temps passe. Adam fait la gueule :

     

    Il s'aperçoit que sa nana

     

    Va se retrouver toute seule

     

    Avec trois bonshommes à la fois.

     

    Là, c'est bien la faute à Eve :

     

    Elle n'a fait que des garçons

     

    Et le pauvre Adam qui rêve

     

    De changer un peu d'horizon,

     

    Lui faudra encore attendre

     

    De devenir grand papa

     

    Pour tâter de la chair tendre

     

    Si même il va jusque là.

     

     

     

    En plus, pour faire bonne mesure,

     

    Elle nous a collé un péché

     

    Qu'on se repasse et puis qui dure.

     

    Elle a vraiment tout fait rater.

     

    Nous, les filles, on est dégueulasses,

     

    Paraît que ça nous est naturel,

     

    Et les garçons, comme ça passe

     

    Par chez nous, ça devient pareil.

     

    Mais si c'est la faute à Eve,

     

    Comme le bon Dieu l'a dit,

     

    Moi, je vais me mettre en grève,

     

    J'irai pas au paradis.

     

    Non, mais qu'est-ce qu'Il s'imagine ?

     

    J'irai en enfer tout droit.

     

    Le bon Dieu est misogyne,

     

    Mais le diable, il ne l'est pas, ah !"

     

     

     

    Anne SYLVESTRE – J'ai de bonnes nouvelles (1978)

     

     

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  •  

    « Je les observe, un peu à l'écart, comme du temps où nous étions en primaire, et sens leurs regards posés sur moi comme sur une bête curieuse.

     

    Ah, me voilà redevenue l'intruse, me dis-je distraitement.

     

    Je repense au sort de Shiraha, poussé à la démission. Suis-je la prochaine sur la liste ?

     

    Dans ce monde régit par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. Tout être non conforme doit être écarté.

     

    Voilà pourquoi je dois guérir. Autrement, je serai éliminée par les personnes normales.

     

    J'ai enfin compris pourquoi mes parents désespéraient tellement de trouver une solution. »

     

    (p.66-67)

     



     

    « - Ce monde ne tolère pas les anomalies. J'ai toujours eu à en souffrir, déclare Shiraha en sirotant un thé au jasmin.

     

    (…)

     

    On n'a pas le droit à la différence. Pourquoi n'as-tu toujours qu'un petit boulot, à trente-cinq ans passés ? Pourquoi n'as-tu jamais eu de relation amoureuse ? On ne cesse de te demander si tu as eu des expériences sexuelles. (…) Moi, je ne dérange personne, mais parce que je fais partie de la minorité, tout le monde se permet de violer ma vie privée.» (p.71)

     



     

    « J'aimerais que tu me caches aux yeux du monde. Tu peux parler de moi autant que tu veux, te servir de moi pour enjoliver ton quotidien. Mais je resterai dissimulé ici. J'en ai assez des interventions de parfaits étrangers. (…)

     

    Si je sors, ma vie sera encore violée. Un homme, ça doit travailler, se marier, puis une fois ce cap passé, gagner encore plus d'argent et faire des enfants. Il est l'esclave de la communauté. Condamné à une vie de travail.

     

    (…)

     

    Tout ce que je veux, c'est continuer de respirer, jusqu'à ma mort, sans intervention extérieure. C'est tout ce que je souhaite. » (p.85)

     



     

    « - Furukura, tu es une chanceuse. Tu as beau cumuler un triple handicap, vierge, célibataire et travailleuse à mi-temps, grâce à moi tu vas pouvoir entrer dans la société des gens mariés, les gens te croiront sexuellement active, et rien ne te distinguera plus de ton prochain. Tu seras la meilleure version de toi aux yeux des autres. Hourra ! » (p.108)

     



     

    (Konbini de Sayaka MURATA)

     

     

     

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  • "ça gêne certains clients, bien sûr. je suis handicapé, je ne vais pas le nier. C'est d'ailleurs ce qui m'a poussé à participer à cet appel à projets. le fait que j'ai sans cesse besoin d'assistance... peu de gens me font confiance, du coup.

     

    Alors je veux prouver au monde que je suis capable de mener ma barque seul, ou presque." (p.22)

     

     

     

    "Depuis son hospitalisation... on se voit souvent, lui et moi. (...) Sortir avec lui m'a fait prendre conscience des regards et attitudes gênés des gens. Je devais me comporter comme ça moi aussi, avant... Quel fardeau ça doit être pour lui..." (p.55)

     

    Le regard des autres

     

    "- La vache, le choc... quand je l'ai vu en fauteuil !

     

    - Tu m'étonnes ! Je savais pas comment réagir.

     

    - Oui, ils sont en train de discuter. Ils vont se remettre ensemble, tu crois ?

     

    - Franchement, il a beau être handicapé... il reste super beau !

     

    - Tu travailles bien avec lui, Kawana ? Depuis quand il est dans cet état ?

     

    -... C'est quoi, tous ces ragots dès qu'il a le dos tourné ?

     

    Si vous avez des questions, posez-les-lui directement !" (p.68)

     

     

     

    "Tout le monde croit que c'est moi qui l'ai quitté... alors qu'en réalité, c'est lui qui a rompu. Il m'a libérée... non pas de lui-même mais... du regard des autres.

     

    Juste après l'accident, Itsuki est devenu insupportable mais j'ai tenu bon, je voulais tellement qu'on reste ensemble...

     

    Hélas, ma famille n'était pas d'accord. La situation est vite devenue intenable.

     

    Ces regards sur nous, je ne les oublierai jamais. ce mélange de pitié et de dégoût... Tu n'imagines pas..." (p.73-74)

     

     

     

    "Haruto, moi non plus... je n'ai toujours pas accepté mon handicap. (...)

     

    ça m'agace, qu'on me répète sans cesse d'accepter mon handicap. Accepter ne changera rien à ce que je ressens. Mon but, dans la vie, ce n'est pas d'être handicapé ! J'espère remarcher un jour, si un moyen existe.

     

    J'ai beau avoir appris beaucoup, depuis que je suis en fauteuil... ça ne signifie pas que cette situation me satisfait.

     

    J'aurais préféré ne jamais avoir eu d'accident. J'y pense tous les jours. Tu vois, je ne suis pas mieux que toi."

     

     

     

    (Perfect World, tome 1 de Rie ARUGA)

     

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  •  

    « - Maman n'a jamais pris une décision sans t'en parler. Toujours elle a dit « je vais d'abord voir avec ta tante », toujours, même que des fois je me demandais pourquoi elle avait toujours besoin de ton avis me concernant, comme si elle n'était pas capable de se débrouiller toute seule. Jamais je ne l'ai entendue dire du mal de toi, au contraire. Pour moi, vous étiez deux sœurs, même si j'ai eu quelques doutes sur votre relation tellement...

     

    - Fusionnelle ?

     

    - Même si on n'habite pas ensemble, tu es toujours là, tu as les clés, comme nous nous avons les tiennes. Au lieu d'avoir un seul grand appartement, nous en avons deux moyens, c'est tout. J'ai un pote, ses parents n'habitent plus ensemble, mais en même temps ils sont ensemble. Chacun se débrouille comme il peut. On s'en fout des modèles. Ça ne veut rien dire, c'est bidon. J'ai toujours été très heureux entre vous deux, ça faisait un équilibre entre ma mère un peu rigide et toi plus cool. Je n'ai jamais souhaité autre chose, si tu veux savoir. » (p.133)

     

    On s'en fout des modèles

     

    « J'avais l'impression d'être au cœur d'un équilibre parfait, avec deux parents qui se tirent dans les pattes, comme dans les familles normales. Je comprenais la souffrance de Gazou, dans le rôle de la bonne poire qui sacrifie sa vie par amour. Quant au côté « pas très clair » de ma mère, je le connaissais. Elle avait toujours eu du mal à dire les choses en face.

     

    Au fond, j'étais simplement l'enfant de ces deux femmes. » (p.134)

     

     

     

    (Le temps des râteaux d'Hervé MESTRON)

     

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  •  « L'expression « coming out » est une abréviation de « coming out of the closet », et signifie « sortir du placard ». Dans ce contexte, le « placard (= closet) représente « un lieu dans lequel on se cache ».

      

    Très fréquemment, dans la société, l'homosexualité est stigmatisée comme quelque chose de honteux, et cela aujourd'hui encore. A cause de cela, pour éviter de subir des discriminations, ou parce qu'à force de se l'entendre dire par la société, ils se sentent vraiment honteux de ce qu'ils sont, certains gays peuvent choisir de « se cacher dans ce placard » Le coming out consiste à vouloir sortir de ce placard obscur et – plutôt que de rester cloîtré en se sentant honteux et en ayant peur des discriminations – à se montrer fièrement et s'assumer sans réserve en société. Si certaines personnes pensent que le terme coming out signifie simplement « avouer / dévoiler son secret », sachez que la nuance est sensiblement différente.

     

    Le « coming out »

     (…) Le terme « annoncer » semble plus proche de la signification complète mais (…) de mon point de vue, si on se met au niveau du quotidien, je trouve que le plus approprié est « ne pas se cacher ». » (p.127-128)

     

     « Avouer à quelques personnes un secret qu'on cache... et être prêt à penser que ce n'est pas la peine de le cacher... ce sont deux choses bien différentes. » (p.167)

     

    (Le mari de mon frère, tome 2 de Gengoroh TAGAME)

     

     

     

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  •  

    « Pourquoi avais-je écrit ces choses sur elle ? Je ne la détestais pas. Vraiment. En fait, je ne la connaissais pas assez bien pour avoir une opinion à son sujet. Alors pourquoi avais-je fait ça ? Probablement pour faire rire Amber. La honte me brûlait comme de l'acide et je baissai les yeux.

     

    - Alors pourquoi ? demanda-t-elle.

     

    Je levai les yeux et vis sa lèvre inférieure trembler.

     

    - Qu'est-ce que je t'ai fait ? insista-t-elle.

     

    Ma bouche s'ouvrit, puis se referma. Les mots ne venaient pas. Aucun mot n'aurait pu expliquer pourquoi j'avais dit ces choses terribles. » (p.99)

     

     

     

    « Je suivis du bout des doigts les mots DELANEY HICKLER EST UNE SALE PUTE. Les années, sinon les décennies, avaient délavé les couleurs, mais comme un fantôme, la colère émanant de chaque lettre refusait de mourir. Tant de fois, j'avais été aux toilettes, entourée de ces mots pleins de haine, et je n'y avais jamais prêté la moindre attention. Mais à présent que j'avais mon propre graffiti, je ne pus pas m'empêcher de me demander si Delaney Hickler s'était déjà assise dans cette cabine et avait lu ces mots. Avait-elle ressenti cette brûlure dans sa poitrine, comme moi ? Avait-elle pleuré, comme moi ? Et à présent qu'elle avait quitté cet endroit depuis des années, y repensait-elle encore parfois ? Le temps avait-il cicatrisé les plaies ? » (p.164)

     

    Les mots blessent

     

    « Il y a ce jeu auquel il faut jouer si tu veux être populaire. Le score est calculé en SMS, statuts Facebook, graffitis dans les toilettes et larmes. Plus on inflige de douleur, plus on avance. Le tout, c'est d'avoir toujours un coup d'avance sur les adversaires. Mais il y a une chose que je n'ai pas comprise avant qu'il soit trop tard: on peut jouer à ce jeu pendant des mois, des années même, et ne jamais gagner. Parce que tous les joueurs sont automatiquement perdants. Je ne veux plus jouer. Et je suis désolé d'avoir entamé une partie. » (p.256-257)

     

     

     

    « - Ces murs, ce sont nos coeur. Dès que quelqu'un fait un commentaire, celui-ci s'inscrit en nous de manière permanente. Les mots gentils, les mots méchants. Bien sûr on peut rayer les mots ou essayer de repeindre par-dessus mais sous les couches d'encre et de peintures, ils sont toujours là, gravés au plus profond de nous comme des initiales gravées dans le tronc d'un arbre. Alors, on se balade avec ces cicatrices, mais personne ne les voit personne ne sait à quel point elles font mal. Et pendant ce temps, les gens continuent à dire et à écrire de nouvelles choses, jusqu'à ce que le moindre centimètres carré de nos coeurs soit couvert d'un venin si noir que nous même ne sommes plus capable de voir le bon en nous. Alors nous commençons à ajouter nos propres mots, et ils sont plus sombres que tout le reste et les cicatrices s'inscrivent plus profondément encore que les autres.

     

    (…)

     

    J'ai fait ma part de médisance. Je me suis rendu compte trop tard de tous les dégâts qu'avaient causés les mots que j'avais écrits et prononcés. Tout comme ces graffitis sur les murs, ces mots seront inscrits pour toujours dans le cœur de certaines personnes. Elles vivront le reste de leur vie avec des cicatrices que je leur ai infligées. Non seulement je voulais présenter mes excuses aux personnes que j'ai blessées mais je voulais aussi empêcher les autres d'infliger les mêmes peines. Les murs ne sont qu'un symbole, mais j'ai l'espoir que remplacer les mots empoisonnés dans nos cœurs par des preuves d'amour pourra peut-être effacer certaines de nos cicatrices. » (p.326-327)

     

     

     

    (Blacklistée de Cole GIBSEN)

     

     

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  •  

    « Je ne m'explique toujours pas d'avoir tu à ma famille l'isolement scolaire dont j'étais victime. (…)

     

    Personne ne doit aller à l'école la boule au ventre. Le corps enseignant comme les proches doivent être vigilants et attentifs à tous ces signaux extérieurs de mal-être. Tous les milieux sont concernés, sans exception. Et surtout, les enfants doivent oser parler, pour que le cauchemar cesse. C'est la seule issue. » (témoignage de Mélissa THEURIAU en préface)

     

     

     

    « Le harcèlement réunit trois critères : la volonté de nuire, la répétition et enfin un rapport de force dominant / dominé.

     

    Un enfant peut subir différentes situations de harcèlement au cours d'une même journée, dans différents espaces scolaires (la salle de classe quand l'enseignant(e) a le dos tourné, la cour de récréation, les couloirs, les escaliers, les toilettes, la cantine, le bus...). Une fois que les attaques s'installent, le harcèlement peut durer tant que « la loi du silence » n'a pas été brisée.

     

    Quand on est victime de harcèlement, on est très souvent isolé face à un groupe. On peut se retrouver seul face à un groupe de deux ou trois élèves ou face à un groupe « classe », à savoir toute une classe qui s'acharne sur la ou le même élève.

     

    Au bout d'un moment, certains élèves finissent même par être désignés « victimes » par tout le monde et subissent des faits de violences répétées de la part d'enfants d'autres classes, d'autres niveaux. » (postface par Noémya GROHAN)

     

    Pour que le cauchemar cesse

     

    « Si tu es victime de harcèlement

     

     

     

    A l'école, si tu réalises que tu subis des méchancetés répétées, des claques dans la tête, un isolement dans la cour de récréation ou à la cantine, si tu es victime de vol d'affaires personnelles ou de dégradations, si tu reçois des messages blessants ou si tu es victime de toute autre situation qui fait mal, intérieurement ou physiquement, il ne faut surtout pas garder le silence. Il faut réagir tout de suite et alerter les adultes de l'école, ta famille ou tout autre adulte de confiance. Il ne faut pas te renfermer sur toi-même. Le harcèlement, c'est grave.

     

    Si tu n'arrives pas à le dire, tu peux l'écrire, parfois c'est plus facile !

     

    Si tu ne te sens pas à l'aise pour en parler à quelqu'un de ton école ou de ta famille, tu peux contacter le numéro vert « NON AU HARCELEMENT » : 3020. Des professionnels seront là pour t'écouter, répondre à tes questions, te conseiller, t'aider à sortir de cette situation.

     

     

     

    Si tu es témoin de harcèlement

     

     

     

    Si dans ta classe ou dans l'école, tu vois un élève subir régulièrement des moqueries, être insulté, appelé avec un surnom dévalorisant, être racketté, isolé, bousculé sans aucune raison, ou victime de toute autre situation injuste, il faut tout de suite réagir ! Il est important de soutenir l'élève victime, et de faire comprendre au harceleur qu'il fait quelque chose de mal. Il ne faut surtout pas rigoler, pour ne pas valoriser les méchancetés. Il faut aussi en parler aux adultes pour trouver de l'aide et des solutions. » (postface par Noémya GROHAN)

     

     

     

    « Le harcèlement peut se retrouver en milieu scolaire, mais il peut aussi se retrouver partout ailleurs : dans les clubs de sport, sur le temps périscolaire, en accueil de loisirs le mercredi ou pendant les vacances... Dans tous les cas, il est important de ne pas laisser faire et de se confier le plus rapidement possible aux adultes vers lesquels on se sent le plus en confiance. Le harcèlement, plus tôt on en parle, mieux c'est ! Il y aura toujours une personne qui sera là pour réagir et vous soutenir. » (postface par Noémya GROHAN)

     

     

     

    (Seule à la récré d'ANA & BLOZ)

     

     

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  • « Mon histoire

     

     

     

    A huit ans, je me retrouvais face

     

    A ce grand bâtiment

     

    Prête à entrer

     

    Je me sentais vivante

     

    Mais je ne savais pas

     

    Qu'être écolière

     

    Serait un combat

     

     

     

    A neuf ans, j'essayais

     

    De choisir mes fringues

     

    Pour mon plaisir

     

    D'écrire

     

    Pour me sentir libre

     

    Mais ils m'ont attaquée

     

    Juste pour avoir voulu

     

    Être moi

     

     

     

    A dix ans, j'ai fait plein d'efforts

     

    Parce que ça avait été l'enfer

     

    Je me suis habillée comme eux

     

    Pour faire partie de leurs jeux

     

    Sauf que dans ma tête

     

    J'étais toujours moi

     

    Bien différente d'eux

     

     

     

    (…)

     

    A douze ans,

     

    Je voulais être

     

    Une fille populaire

     

    Je rêvais de tourner des films

     

    De me glisser dans d'autres peaux

     

    Sans jamais revenir

     

    Dans ma première vie

     

    Mais on m'a dit

     

    Tu seras toujours notre victime

     

     

    (…)

     

    A treize ans,

     

    Je sentais les ténèbres

     

    Qui gagnaient mes rêves

     

    J'ai eu peur de me noyer

     

    Dans leurs regards de haine

     

    Leurs paroles abominables

     

    Critiquaient mon corps

     

    Je courais pour fuir le noir

     

    Qui rampait

     

    Juste derrière moi

     

     

     

    (…)

     

    C'est l'écriture qui m'a sauvée

     

    Des mots contre les tyrans

     

    Des mots sur le suicide

     

    Je ne voulais pas mourir

     

    Juste crier

     

    Que ma souffrance ne me quittait pas

     

    Je la combattais comme je pouvais

     

    Je n'aimais plus manger

     

    Quand je me regardais

     

    Mon corps était couvert

     

    Des mots tracés par mes bourreaux

     

    « Grosse », « Immonde », « Repoussante »

     

    ça me remplissait

     

    Les oreilles et les yeux

     

    Je ne riais plus jamais » (p.13-18)

     

     

     

    (Guide de survie pour ados et autres conseils pour résister au harcèlement d'Aija MAYROCK)

     

     

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    «J'ai fini par réaliser que le "handicap" ne voulait pas dire grand chose au fond. Qu'il n'était pas synonyme de défaillance, ou de déficience comme on le suppose à tort. Ce n'est rien de plus qu'un repère, une pancarte administrative ouvrant potentiellement des droits qui, en l'espèce, pourraient contribuer à me rendre la vie un peu plus facile, et ce, sans la moindre incidence sur qui je suis depuis toujours ou sur la manière dont je prends soin de ma famille et de mon enfant. » (p.7)

     

     

     

    « Mettre des mots sur des différences, sur des souffrances est capital pour s'accepter et pour connaître ses limites. Cela ne signifie pas qu'il faille se retrancher derrière elles, mais tout l'enjeu consiste à les définir pour mieux les repousser. Le but est d'avoir pleinement conscience de qui l'on est pour aller plus loin, pour avancer d'une manière plus porteuse et qui nous corresponde. » (p.81)

     

     

     

    « Ce fut un apaisement d'être clémente face à ces dizaines de choses que je me suis reproché tout au long de ma vie. Je m'en voulais ainsi parfois de toutes mes forces d'être incapable de faire simple, ou d'être trop marginale, pas assez démonstrative, trop compliquée, pas assez mondaine, trop gaffeuse, pas assez amène, trop sensible, pas assez diplomate, trop obsessionnelle, pas assez souple, trop extrême dans mes prises de position, pas assez méfiante, trop bavarde, pas assez chaleureuse, trop fuyante, pas assez dynamique, trop brutale. Tous ces trop ceci ou pas assez cela me défendaient d'être à la bonne place au bon moment. » (p.83)

     

    Avoir pleinement conscience de qui l'on est

     

    « Il me' semble que nous serions tous tellement plus libres si les gens cessaient de chercher à régenter la vie de leurs voisins ! » (p.90)

     

     

     

    « Preuve en est la révélation marquante, sinon choquante, des adultes qui comprennent inopinément, à la faveur d'un témoignage ou d'un reportage, qu'ils sont sans doute aspies. On relève une similitude chez toutes ces personnes en dépit de leur grande diversité : elles sont depuis toujours perçues comme atypiques par leurs proches, par les enseignants qui les ont croisées, par les médecins qui les ont approchées. Hors cadre par bien des aspects de leur vie, par des conduites quotidiennes qui intriguent, par une fatigue aussi inexplicable que présumée exagérée, par des contrastes sensoriels : en tout état de cause, ce qui ressort de la plupart de ces cas est qu'ils n'ont en réalité jamais été considérés comme conformes à la norme. » (p.141)

     

     

     

    « Témoigner sert aussi à cela : clamer haut et fort son droit à être à la fois singulière et ordinaire ; combattre la mésinformation pour rectifier le tir. » (p.145)

     

     

     

    « S'il y a autant d'autismes que d'autistes, être aspie n'est pas être meilleur ou moins bon, c'est tout juste être autrement. Pourquoi devrait-on avoir à taire cette diversité ? Évoluer dans ce monde selon mes modalités est un droit. » (p.154)

     

     

     

    (Asperger et fière de l'être d'Alexandra REYNAUD)

     

     

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