• planches extraites de l'Encyclopédie internationale Focus en 5 volumes (Bordas - 1968)

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    « Tout nous pousse à nous déterminer. À le faire haut et fort. Décliner son identité. Je suis indéterminée, mon corps est un compromis. Je ne suis plus celui de ma carte d'identité, et Lauren n'existe pas officiellement. Si je ne me définis pas, suis-je vraiment ? »

     

     

     

    « Tout ce qui compte pour moi aujourd'hui, c'est d'être celle que je suis.

     

    Tu ne peux pas t'imaginer la force qu'il me faut.

     

    Je veux te montrer qu'il faut être soi-même, malgré les épreuves, malgré l'incompréhension. »

     

     

     

    « Le chemin est long, Laurent. Mais tu le parcours, et tu y es. Maintenant, tu fais face. Mathilda s'impose à toi. Et, crois-moi, tant que tu ne lui feras pas la place qu'elle mérite, elle ne te lâchera pas. Alors, ne fuis pas, et traverse ce qui doit l'être. Je suis à tes côtés. Je n'ai jamais douté que, un jour, tu seras celle que tu es. »

     

     

     

    « Je suis dans une impasse. Comment réunir ma peau d'homme avec la femme que je suis à l'intérieur, ses formes, son esprit, ses désirs ? [...] Combien de temps faut-il pour être soi-même ? Et je voudrais demander cela à tous ceux qui n'ont pas à changer de sexe. Combien d'années, de décennies, pour être en adéquation ? Adéquation de corps, adéquation de rêves, adéquation de pensées, avec ce que nous sommes profondément, cette matière brute dont il reste quelques traces avant qu'elle ne soit façonnée, lissée, rapiécée par la société, les autres et leurs regards, nos illusions et nos blessures. » (p.96)

     

    Un décalage très profond

     

    « C'est comme ça depuis que je suis tout petit, quelque chose qui n'allait pas, qui clochait dans ce que j'étais. Et aujourd'hui encore. J'ai mis du temps à savoir quoi. C'est un mal-être, un décalage très profond entre celui que je vois dans la glace et moi-même.

     

    (…)

     

    Je ne peux pas vous expliquer le désespoir, la misère que c'est de ne pas être celui qu'on voit. Chaque jour je me suis interrogé, sans jamais pouvoir en parler.

     

    (…)

     

    Le foot, je n'ai jamais aimé ça, je ne me sentais pas à ma place, mais je n'avais pas le choix, j'étais incapable de l'avouer à mes parents. Ça remettait trop de choses en question.

     

    (…)

     

    Il n'y a pas de raison de ne pas vous le dire. J'ai lutté. Je lutte encore pour croire que je suis l'homme que vous voyez. Mais ça résiste dedans, ça résiste tellement que ça sort parfois. » (p.101-102)

     

     

     

    « Tout débute maintenant pour Laurent. Cynthia va d'abord le mettre en contact avec le seul psychiatre en ville qui les entend et les soutient. Il enverra Laurent chez l'endocrinologue pour que l'hormonothérapie puisse commencer. C'est un réseau discret et solide de personnes qui comprennent, ne cèdent pas à la panique ni aux préjugés, sur le chemin tortueux du changement de sexe. » (p.124)

     

     

     

    « Névrose obsessionnelle ! Tu te rends compte, Cynthia ? Ça m'a sauté à la gorge. Comment peut-on réduire quelqu'un à deux mots ? C'est là que j'ai réalisé que tout le monde croyait que j'étais malade. Pas juste une tournure de phrase, mais vraiment malade. On va te soigner dès qu'on aura mis un nom sur ta maladie. C'est tellement simple : une maladie, un médicament ! » (p.125)

     

     

     

    (Point cardinal de Léonor DE RECONDO)

     

     

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  • planches extraites du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)

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    « En sixième, je n'avais pas de copains, en cinquième non plus. Quand j'ai redoublé, les nouveaux sont arrivés. Pour faire pareil, s'attaquer à moi parce que je me laissais tout le temps faire. Je ne répondais pas. Ils se regroupaient entre eux. Ils me cherchaient sur le physique, les fringues, les filles aussi. Moi, je n'avais pas de copine, alors j'étais encore plus un con pour eux. Dans ma tête, je les traitais de grands cons. Mais ça ne sortait pas. J'espérais tellement qu'ils m'oublient, me lâchent pour de bon.

     

    Dans la classe, pendant les cours, ça allait encore. Mais c'était à la récréation. Je voyais arriver les grands du collège, ceux de troisième. Souvent, je restais dans les couloirs ou dans une cage d'escalier, pour me cacher, j'attendais que ça passe. Les professeurs, eux, voulaient m'obliger à quitter mes cachettes.

     

    - Il faut aller dans la cour de récréation, il faut aller jouer... allez !

     

    Mais moi, je ne jouais pas dans cette cour, je me faisais frapper. Je répondais aux professeurs :

     

    - J'aime bien rester seul. Je réfléchis.

     

    Je n'ai jamais dit qu'ils m'embêtaient. Les grands m'avaient prévenu de me taire :

     

    - Sinon, demain, on va te faire encore plus mal.

     

    - On va te tabasser, on va te tuer...

     

    Ils se croyaient plus forts que tout le monde.

    Dans la cour

     

    L'année de quatrième a été pire que les autres. A la fin de ma deuxième cinquième, mes parents avaient décidé de me changer d'école. Ils m'ont mis au collège Saint-Pierre, à Lille, un établissement privé avec une classe de quatrième beaucoup plus ralentie. J'avais le même programme que les autres quatrièmes, mais en plus lent. Ça me convenait mieux, ma moyenne était bien meilleure. Malheureusement, les élèves étaient aussi embêtants avec moi. Pas ceux de ma classe, mais les élèves des autres classes de quatrième, les classes pas aménagées. Ils m'attaquaient dans la cour. C'était un collège-lycée, et les lycéens s'en prenaient aux collégiens. Ils faisaient un mur autour de moi. Ils se mettaient devant et de chaque côté, pour que je ne puisse pas m'échapper. Ils me traitaient de bon à rien. Ils disaient :

     

    - Bon à rien, tu sers à rien... T'as rien à foutre là, ça sert à rien, pour toi, d'être sur Terre... faut te barrer...

     

    Un jour, ils m'ont coincé contre le mur et m'ont cogné la tête. Un prof est intervenu mais les autres ont dit que j'étais tombé tout seul.

     

    - Non, c'est pas nous, c'est lui, il s'est fait mal tout seul, on n'y est pour rien.

     

    Moi j'ai dit que c'étaient eux qui m'avaient tapé. Mais il ne m'a pas cru. Il a cru les autres parce qu'ils étaient quatre ou cinq. Le prof, lui, était tout seul et, peut-être, il ne voulait pas d'ennuis. Les profs ont souvent peur qu'on leur crève un pneu. Après, pour eux, c'est trop de problèmes, alors ils laissent tomber. C'est pour ça aussi qu'on ne dit rien.

     

    Parce que ça ne sert à rien. » (p.39-41)

     

     

     

    (Condamné à me tuer de Jonathan DESTIN)

     

     

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    « Je rêve d'une éducation égalitaire entre filles et garçons. Qu'on arrête de se pâmer d'admiration devant un garçon qui embrasse deux filles d'affilée dans une soirée, alors qu'on traitera systématiquement de salope celle qui osera embrasser deux garçons.

    Je rêve...

     

    Je rêve d'une grande école humaniste où la première valeur enseignée serait le respect de l'individu qu'il soit homme, femme, riche, pauvre, intelligent ou pas. Une école où le désir des garçons ne serait pas plus valorisé que celui des filles, une école de l'entraide plutôt que du jugement, de la solidarité plutôt que de la domination. Et qu'on arrête de nous faire croire que les êtres humains sont des animaux sauvages qui ne peuvent pas vivre sans tuer, violenter, jalouser, asservir, violer et tout bousiller sur leur passage ! » (p.88-89)

     

     

     

    (Une fille de... de Jo WITEK)

     

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  • planche extraite du Nouveau Petit Larousse illustré (1938)

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  • extrait de :

    Une identité virtuelle

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  • planche extraite du Larousse 3 volumes en couleurs (1966)

    Chaussure et cordonnier

    planche extraite du Nouveau Larousse Universel en 2 volumes (1948)

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    « C'est en CM2 qu'ils ont commencé à m'embêter. Ils me « traitaient » du matin au soir. Au début, c'étaient des moqueries, sur mon nom de famille, Destin. Ils trouvaient toujours des mots qui allaient avec. Ils disaient : « C'est ton destin. » C'est ton destin d'être nul... ton destin d'être gros. A force de l'entendre, ça me faisait mal. T'es un con... T'es gros... J'étais assez enrobé. A onze ans, je devais faire dans les soixante-dix kilos. On m'embêtait surtout dans la piscine. Dès qu'ils me voyaient nager, ils balançaient des insultes sur mon compte. Évidemment, mes bourrelets, ils se voyaient bien dans l'eau. Je mangeais très mal cette année-là, parce que je grignotais entre les repas, beaucoup, j'avais toujours faim. Je pense que c'était une compensation. Plus les autres me traitaient de gros, plus je mangeais. La nourriture me réconfortait un peu, surtout le sucré comme les tartines de Nutella ou les biscuits. Ma mère me disait bien de faire attention. Mais moi, plus j'entendais les moqueries, plus j'entendais les insultes - « T'es gros... Gros porc... » - et plus je mangeais. Les garçons et les filles m'embêtaient comme ça tout le temps. C'était plus dur encore quand c'étaient les filles. Je ne disais rien, je ne répondais rien, je me taisais, j'avais peur d'eux. Le matin, je n'osais pas aller à l'école. Mes parents voyaient bien, quand j'avais des contrôles, que ça n'allait pas au niveau de mes notes. Je pense qu'ils savaient que je me faisais embêter. Une fois, ma mère a eu des doutes. Elle m'a suivi sur le chemin de l'école. Elle était loin derrière moi. A un moment, elle a vu des jeunes qui se mettaient à me jeter des cailloux. Ils étaient cachés derrière des voitures. Elle les a reconnus. Ils venaient d'une autre école. Je suis arrivé en classe en pleurant. Ma mère, elle, est allée voir le directeur de cette école et lui a désigné les fautifs :

     

    - Ces trois jeunes-là ont jeté des cailloux à mon fils.

     

    Le directeur les a tout de suite punis et ils n'ont pas recommencé. Mais les autres, ceux de mon école, eux, ont continué. Ils me bousculaient tout le temps. C'étaient des insultes sans arrêt. Un groupe de quatre garçons s'en prenait toujours à moi. Parmi eux, il y en avait un qui, au début, était plutôt gentil avec moi. Du moins, c'était ce que je pensais. On avait le même âge. Et puis un jour, il a commencé à me frapper, parce qu'il m'avait « traité » et que je lui avais répondu. Il s'est mis à me cogner. Et tous ses copains sont venus le rejoindre et ils m'ont tapé tous en même temps. Ils me frappaient sur la tête, dans les jambes, avec leurs mains, leurs pieds. Ils avaient dit du mal sur ma mère :

     

    - Ta mère, c'est une grosse comme toi !

     

    Je n'ai pas supporté ça. Sur moi, je pouvais encore supporter et me taire, mais pas sur elle. J'ai répondu :

     

    - Non, c'est pas vrai, ma mère est pas grosse. De toute façon, vous ne la connaissez pas !

     

    Et ils m'ont frappé juste parce que j'avais répondu. J'ai eu des bleus partout sur les jambes tellement j'avais reçu de coups de pied. Ils étaient quatre, ils s'amusaient. J'ai pleuré. Je suis même parti en courant voir mon professeur principal. Il m'a dit :

     

    - C'est pas grave, ils ne font que s'amuser avec toi.

    Personne ne voyait ce qui se passait

     

    Il ne les avait pas vus me frapper. Il pensait qu'on jouait ensemble. Il s'en fichait. Après, je les évitais, ces garçons. A la récré, je demandais si je pouvais rester dans la classe pour réviser. Je ne voulais pas sortir. J'essayais de les éviter pour tout. Au début, j'allais à la cantine de temps en temps, quand je ne pouvais pas retourner à midi chez moi, mais je n'aimais pas du tout. On me jetait de l'eau. Ils se foutaient de moi parce que je mangeais trop. Ils me mettaient des coups de pied sous la table, ils rigolaient et me tapaient parce que j'étais gros. Ils me regardaient manger en se moquant de moi. Ils me faisaient des grimaces. Du coup, je n'osais pas toucher à mon assiette. J'essayais d'aller à une autre table, mais la plupart du temps ils me rejoignaient. Il n'y avait pas de surveillants, seulement les cuisiniers et les professeurs. Personne ne voyait ce qui se passait parce qu'ils me donnaient des coups de pied sous la table. Je n'allais pas me plaindre au professeur, j'avais peur de lui, et de ce qu'il m'avait répondu le premier jour. « Ils s'amusent avec toi. » S'il préférait les croire, et ne pas voir, alors j'étais seul. Complètement seul. » (p.25-28)

     

     

     

    (Condamné à me tuer de Jonathan DESTIN)

     

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